Les expressions oubliées des Années 80 !

Depuis les années 80, beaucoup de choses ont changé : la technologie, la culture, la société … Et aussi le langage. On ne s’en rend pas compte, mais beaucoup d’éléments de notre vocabulaire quotidien ont disparu, ou sont en passe de disparaître de notre langue française.

Voici quelques exemples non exhaustifs des expressions typiques de notre jeunesse, qui petit à petit ont déserté notre vocabulaire, pour devenir des expressions presque oubliées. On compte sur vous, il ne faut pas qu’elles tombent aux oubliettes !!

 

« Ça va couper, je n’ai plus de pièce ! »

 

cabine téléphonique années 80Dans les années 80, pas facile de papoter secrètement avec son amoureux(se) ou ses potes sans se faire capter par ses parents. D’autant plus qu’il n’y avait qu’un téléphone dans la maison, qu’il se trouvait au milieu du salon. Et on ne pouvait pas s’enfermer dans sa chambre car un satané fil reliait ce téléphone à la prise téléphonique, elle aussi au milieu du salon.

Pour avoir quelques instants d’intimité, et partager ses secrets, l’astuce était de mettre de côté toutes les pièces trouvées dans la rue, ou la monnaie des courses, et le jour venu, utiliser ces piécettes à la cabine téléphonique du quartier, quand l’urgence le nécessitait.

Principal inconvénient, il arrivait :

– soit que la conversation s’éternise, et qu’on n’ait pas prévu assez de monnaie pour la machine gloutonne ;

– soit que l’interlocuteur soit en fin de compte un gros lourdaud, et qu’on ait envie d’abréger la conversation pour ne pas gaspiller son argent (et sa patience).

La phrase était usuelle : “ça va couper, j’ai plus de pièce !”

cabine téléphonique pièces années 80

La sentence était irrémédiable, la conversation allait se terminer incessamment sous peu. Et le lourdaud ne pouvait même pas rappeler la cabine, puisque la présentation du numéro est une invention bizarre datant de la fin des années 90.

Equivalent années 90 : “ça va couper, j’ai plus d’unités sur ma carte téléphonique !” suivi invariablement de “Oui, OK, je te la mets de côté pour ta collection”, le sport national des 90’s étant la collection de cartes téléphoniques.

Equivalent 21ème siècle : “ça va couper, j’ai pu de forfait”. Variante pour ceux possédant un forfait illimité : « ça va couper, j’ai pu de batterie ». En attendant l’invention de la batterie qui ne se décharge pas …

 

“Le plein, s’il vous plait !”

 

Dans les années 80, les voitures roulaient déjà à l’essence. Sauf que ça ne s’appelait pas Sans Plomb 95 et Sans Plomb 98, mais simplement Super ou Ordinaire. Les 2CV avait droit à l’ordinaire, alors que les 504 tournaient au Super. Y a que le nom qui change … ah oui, le prix aussi, qui a allègrement doublé entre temps. Ça doit coûter cher, un changement de nom … 

Station service années 80

Pompiste années 80

Mais là n’est pas le sujet. Une coutume fort répandue était d’usage, absolument impensable de nos jours. Figurez-vous qu’à peine arrivé devant la pompe à essence, une personne vous accueillait, et remplissait elle-même votre réservoir. On l’appelait pompiste. Bien souvent, il s’agissait du garagiste du village, qui était équipé de pompes à essence. Encore plus souvent, c’était la femme du taulier qui s’en occupait lorsque Monsieur était trop occupé à décalaminer la Renault 12 de Jacky Kivavitte.

Pour solliciter les services du ou de la pompiste, il suffisait de demander, une fois sorti de la voiture, “Le plein, s’il vous plait”, pour que votre voiture ait sa dose de pétrole. 200 francs plus tard, vous repartiez joyeux, sans odeur d’essence sur les mains. La classe, non ?

De nos jours, vous remplissez vous-même le réservoir de votre auto. Ces personnes serviables ont été remplacées par … rien du tout ! Ah si, par un distributeur de gants en plastique et de serviettes en papier … vides 9 fois sur 10.

Equivalent 21ème siècle : “Veuillez insérer votre carte …. Vous avez sélectionné du Gasoil pour moteurs Diesel, veuillez valider.”

 

“36 15 TA VIE !”

 

Dans les années 80, il arrivait que certaines personnes au collège racontent inlassablement toutes les péripéties de leur quotidien : ce qu’ils avaient fait la veille, ce que leur grand frère avait acheté au Codec, comment était décoré leur chambre, etc … Ce genre de détails n’avait pour effet que de nous exaspérer, tant ils étaient insignifiants. Quand la coupe était pleine, on ne pouvait s’empêcher de répliquer sévèrement “36 15 TA VIE, on s’en fout de ce que tu nous racontes !”.

Minitel eightiesCette phrase fait bien sûr référence au Minitel, cet objet médiéval ressemblant étrangement à un mini-ordinateur. Il faut savoir qu’à une époque, cet appareil était utilisé par de nombreux foyers pour accéder à certaines informations pratiques telles que l’annuaire électronique, les inscriptions à la Roue de la Fortune, ou pour dialoguer avec Irina, qui promettait moults frissons sibériens chez une dénommée ULLA.

36 15 était le préfixe utilisé pour accéder à ces services, à une période où “www” ou “http” ne représentaient encore que des fautes de frappe. “36 15 TA VIE !” était donc asséné pour faire comprendre à son interlocuteur qu’il avait tendance à étaler sa vie de manière un peu trop publique. Et qu’en fin de compte, on s’en cognait comme de notre premier Picorette.

Equivalent 21ème siècle : “Je m’en fiche de ce que tu me dis, tu nous l’as déjà floodé sur ton Facebook !”

Petit détail ironique : ce sont souvent les enfants qui utilisaient à outrance l’expression “36 15 Ta vie !” qui nous font aujourd’hui profiter de tous les détails de leur existence sur leur page Facebook.

 

« Tu as pensé à prendre la carte routière ? »

 

Cartes routières années 80Dans les années 80, les automobilistes préparaient les longs trajets en voiture au moyen d’immenses morceaux de papier, tellement fin qu’après 48 pliages, ils arrivaient à rentrer dans une boîte à gant, entre le rouleau de papier toilette et la cassette des meilleurs slows de l’été 85. Ces grandes feuilles s’appelaient des cartes routières. Dessus étaient imprimés des hiéroglyphes qui de nos jours font penser à la vue en plan de Google Earth, mais sans les noms de rue. Elles servaient à se repérer en milieu hostile, par exemple au milieu de la France profonde, pour savoir s’il faut passer par Orgères en Beauce pour rejoindre Chateaudun, ou par Bazoche en Dunois.

Ces cartes routières étaient extrêmement courantes à l’intérieur des voitures. Nous ne possédons pas de témoignage qui permet de l’affirmer avec certitude, mais il parait que les gens arrivaient vraiment à retrouver leur chemin avec ces objets dépliés.

Cartes routières années 80Nous avons en revanche des témoignages fiables et nombreux qui nous indiquent que la lecture de cartes routière entraînait systématiquement des disputes conjugales au sein des deux places avant de la R18 familiale, à base de “Mais t’es même pas foutue de lire une carte correctement, bordel de merde !”, après que l’homme se soit aperçu qu’il roulait dans la mauvaise direction depuis 86 km. Ou bien “Non mais c’est quand même pas compliqué de faire la différence entre une départementale pourrie et une nationale, ça fait 3 heures qu’on se fait chier à 60 à l’heure derrière cette caravane hollandaise !!!”, sur la route des vacances en Charente Maritime. Bonjour l’ambiance en arrivant au « Camping des Primevères Déracinées ».

Equivalent 2000 : “T’as pensé à faire un Mappy ?”

Equivalent 21ème siècle : “T’as bien Waze sur ton Iphone ?” (C’est dingue, même le GPS est devenu démodé à une vitesse folle …)

 

« T’as reçu ma carte postale des vacances ? »

 

carte postale années 80Dans les années 80, pour faire baver ses camarades qui n’avaient pas la chance de partir à la mer, y avait pas 36 moyens. Y avait la cabine téléphonique du camping, mais quand on était à 500 km de la maison, les pièces défilaient à toute allure, et l’argent de poche s’évaporait bien vite.

Alors le plus souvent, on optait pour la solution économique : la carte postale. Ce petit morceau de carton était vendu dans tous les magasins de souvenirs et bureaux de tabac.

Côté Pile, il représentait une jolie vue de la région, ou une image humoristique. Côté face, il permettait d’écrire un petit mot sympathique résumant le séjour, tel que « Amical souvenir de la Tranche sur Mer, bons baisers à la famille », ou dans un autre registre « On pense à toi pendant les apéros, t’aurais du être là hier soir, Bébert a encore gerbé dans la R16 à la sortie du Macumba Night Tropic Club. » Là, je vous l’accorde, on est loin du petit écolier en colonie qui veut donner d’innocentes nouvelles à sa grand-mère …

Timbre années 80Une carte postale coûtait quelques francs. Accompagnée d’un timbre-poste à 2,20 francs, elle permettait d’envoyer une petite pensée à ses proches sans se ruiner. Les personnes pudiques envoyaient leurs cartes postales dans une enveloppe, ce qui empêchait les postiers de la lire (comme s’ils n’avaient que ça à faire).

Mais il faut reconnaître que la carte postale fait de la résistance, et que de nombreuses personnes (dont vous faîtes peut-être partie) continuent d’en envoyer de nos jours, honteusement bloquées dans une époque révolue, alors que tant d’outils virtuels existent, tous plus conviviaux les uns que les autres (toute trace d’ironie dans ce paragraphe est bien sûr fortuite ^^ )

Equivalent 2000 : “T’as reçu mon MMS ? Steph et moi on était devant la plage à Narbonne ?”

Equivalent 2012 : ” CC, dsl jé pa donné de news pendant mes vacs, j’étais OQP. Mais jé mi pl1 de tofs sur mon FB, vazy et lache tes com”

 

“Tu me passes ta cassette de Bros pour la copier ?”

 

Poste radio années 80 sound machineDans les années 80, et même avant d’ailleurs, les jeunes écoutaient leur musique au moyen d’objets étranges qu’on appelait les cassettes audio. Ces objets volumineux (au moins 5 centimètres sur 12), contenaient plusieurs mètres de fines bandelettes sur lesquelles étaient “gravée” la précieuse musique. Ces cassettes s’inséraient dans des lecteurs spéciaux qu’on appelait baladeurs, magnétophones ou SoundMachineGhettoBlasterTroifoisdiwatts.

Ainsi, les petits loubards (qu’on appelle depuis sauvageons, voire racaille), sans doute par manque de liquidités ou par esprit de rébellion, copiaient illégalement le contenu des cassettes musicales sur d’autres cassettes vides, appelées “cassettes vierges”, grâce à leur chaîne HI-FI ou leur poste Stéréo. Bouh, les vilains.

cassette ausio années 80Pour ce faire, un étrange rituel s’opérait : la cassette pleine dans le lecteur gauche, la cassette vierge dans le droit, puis un appui simultané sur les touches “REC” et “PLAY” des lecteurs, et zou ! Le larcin virtuel était effectué, en toute impunité, sans même une Loi Dopi pour vous pincer. Mais pour arriver à ses fins, il fallait qu’un ami possède cette même cassette, originale (c’est à dire acquise au moins 49 francs au Suma), ou déjà copiée par ce même procédé.

Equivalent 2000 : “J’ai bien envie de graver ton CD de Boyzone, tu me le prêtes ?”

Equivalent 21ème siècle : “Tu pourras m’uploader des MP3 de Just’une Bibine sur mon FTP ? Oh et puis non, laisse tomber, je les téléchargerai”

Voila pour ce premier volet des expressions qui, malheureusement, deviennent bien démodées de nos jours. Si vous avez en tête d’autres phrases ou expressions de ce genre, que vous aimeriez mettre à l’honneur, n’hésitez pas à nous en faire part, je serai ravi de les ajouter au dossier ! 😉

 

Le volume 2 est par ICI !!

Et pour le volume 3, c’est par là !!

 

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