Bien que je n’ai pas la prétention de faire une anthologie complète du foot français des 80’s, la boucle ne serait bouclée que si je vous parlais des origines de cette équipe de France … et de sa conclusion. La belle époque du foot français puise ses sources en 1976 (décidément, quelle belle année !!!). A cette époque, le seul moment de gloire du football hexagonal remonte à 1958, l’époque de Just Fontaine, Roger Piantoni et de Raymond Kopa, qui ont terminé 3èmes de la Coupe du Monde en Suède. Depuis … bah c’est le désert. Les Bleus ont été incapables de briller sur la scène internationale, et mise à part une participation au dernier carré de l’Euro 1960 et une “figuration” au Mondial anglais en 1966, ils n’ont pris part à aucune compétition internationale. Au milieu des années 70, l’impatience se fait clairement sentir.L’arbre stéphanois de 1976 et sa finale perdue contre Munich ne parviennent pas à cacher la forêt : le football français est au plus mal. Il est donc temps d’agir, et rapidement si possible. On dit bye bye aux entraineurs en place, et on pousse à la retraite plusieurs joueurs certes bons, mais incapable de hisser leurs coéquipiers vers le haut.
On fait ainsi confiance à de nombreux jeunes joueurs qui n’en veulent, et même si les résultats sont tout d’abord poussifs, la hargne est là, et la maîtrise technique des p’tits gars est prometteuse.
Ces petits jeunes, mon flair me dit qu’ils vous sont familiers. Ils ont pour nom Dominique Rocheteau, Didier Six, Michel Platini et Maxime Bossis. Ils viennent épauler les valeurs sûres que sont Marius Trésor, Bernard Lacombe et Henri Michel, et remplacent efficacement les anciens cadres Dominique Baratelli, Jean-Michel Larqué et Hervé Revelli.
Pour encadrer ce sang neuf et fougueux, on va avoir l’idée de génie de placer un sélectionneur qui fleure bon la sérénité, adepte du beau jeu offensif : Michel Hidalgo. Le football français des années 80 n’aurait pas été le même sans lui. Il était la personne idéale pour ce challenge, et a su faire fructifier tous ces talents bruts. Il reste d’ailleurs le sélectionneur le plus populaire de l’histoire du foot français.
En 1976, il prend donc en main une Equipe de France manquant totalement de confiance en elle, et parvient au fil des matchs à la magnifier de belle manière, si bien que les Bleus se qualifient pour le Mundial Argentin de 1978.
Petite parenthèse fort à propos : vous connaissez certainement la plus belle envolée verbale de Thierry Roland envers un arbitre … et bien sachez qu’elle date de cette période. Lors du premier match des éliminatoires, les bleus tiennent un excellent match nul en Bulgarie, qui lui permettent de bien débuter leur campagne … Mais après une partie entachée d’erreurs d’arbitrage, l’homme en noir siffle un pénalty totalement imaginaire à quelques minutes de la fin, ce qui a le don d’irriter notre Thierry national qui ne se gêne pas pour dire tout haut ce que des millions de Français beuglent aussi tout haut devant leur écran … je vous laisse vous délecter de la suite !!
Les français parviennent donc à se qualifier pour la Coupe du Monde en Argentine, la première fois depuis 12 ans ! Inutile de vous dire que l’engouement populaire et médiatique est fortement marqué, pour preuve ces sympathiques objets à la gloire des Bleus. On a même quelques pépites ultimes en matière de 45 tours, je pense notamment au célèbre Max Meynier qui vient pousser la chansonnette avec ses routiers bien sympas !
Malheureusement, cela ne suffira pas, l’Equipe de France étant éliminée au premier tour de la compétition, par manque d’expérience. 3 p’tits matchs et puis s’en vont : défaite 2-1 contre l’Italie, défaite 2-1 contre l’Argentine, et victoire 3-1 contre la Hongrie. Pour l’anecdote, les Bleus ont exceptionnellement joué ce dernier match en …vert et blanc !
A cause d’une erreur de l’intendant qui est venu avec les maillots blancs au lieu de bleus, les blancs français se retrouvent face à des hongrois … blanc aussi ! Oups, la boulette ! A la va-vite, on est allé dénicher les maillots verts rayés d’une équipe du quartier (le Kimberley Football Club), et la France a pu honorer ce qui sera son dernier match de la compétition.
Pour le reste, l’Argentine s’est imposée en ses terres, offrant une première Coupe du Monde à un pays vibrant pour le foot, et à sa star de l’époque, Mario Kempes. Le contexte houleux du aux circonstances politiques (la dictature du Général Videla fait rage en Argentine à la fin des 70’s) laissera quelques suspicions d’arrangements entre nations.
De plus, le meilleur joueur du monde, Johann Cruyff, refusera de jouer pour les Pays-Bas, officiellement pour “boycotter” cette dictature. Le virtuose avouera 30 ans plus tard que cette absence était due à une tentative d’enlèvement dont il a été l’objet à quelques mois du Mondial, le pauvre se retrouvant ligoté, une arme pointée sur lui devant sa famille … Triste football !
Les Pays-Bas auront du mal à se remettre de cette absence, et échouèrent en finale face à l’Argentine (1-3), dans un match aussi marqué par les intimidations subies par les Oranges (le match fut retardé de 40 minutes, laissant les néerlandais face au public hostile et déchainé de Buenos Aires).
Je n’ai aucun souvenir de cette compétition (j’avais un an et demi, et même avec la meilleure volonté du monde, j’aurais eu du mal à chanter “Allez les Bleus” ). Mais ce que j’en retiens, c’est l’apparition d’un objet qui m’a accompagné toute ma jeunesse sur les terrains de foot : le ballon Adidas Tango, spécialement créé pour l’Argentina 78.
Faisons à présent un bond dans le temps … et retrouvons nous fin 1986.
Entre temps, les bleus n’ont pu se qualifier pour l’Euro 80, mais ont brillé au Mondial 82, à l’Euro 84 et au Mondial 86, point quasi-final à leur aventure des années 80. Car à l’issue du Mondial mexicain, la plupart choisirent de mettre fin à leur carrière internationale : Michel Platini tout d’abord, qui jouera son dernier match en 1987, Alain Giresse, Jean Tigana, Max Bossis, Patrick Battiston, Dominique Rocheteau … bref, la brillante génération prise en main par Hidalgo 10 ans plus tôt va prendre un repos bien mérité.
De nouveaux jeunes plein de promesses peuvent prendre le relai : Jean-Pierre Papin, Eric Cantona, Jean-Marc Ferreri, Basile Boli viennent épauler les stars confirmées que sont Manu Amoros, Luis Fernandez et Yannick Stopyra. A priori, rien à craindre, la relève est assurée.
Mais là où Michel Hidalgo avait parfaitement réussi à prendre en main une nouvelle génération de joueurs, Henri Michel (le sélectionneur remplaçant Hidalgo) sera absolument incapable de coacher efficacement ces nouveaux éléments, pourtant prometteurs. Après un départ catastrophique lors des éliminatoires (nul face aux faibles islandais et la RDA, défaite à domicile contre l’URSS), la France est bien mal partie pour se qualifier pour l’Euro 88. En 1987, Platoche raccroche définitivement, et la suite est encore plus pitoyable : défaites en Norvège et surtout à domicile contre la RDA, nul en URSS … Adieu l’Euro 1988, et très gros coup de massue pour les supporters français, qui n’étaient plus habitués à de telles humiliations.
Pour ma part, je me régalais depuis mon plus jeune âge avec une équipe de France conquérante et attrayante, ne gagnant pas toujours mais se battant constamment avec courage. En 87, je ne comprenais pas que ce panache soit disparu aussi subitement. Pour moi, la France, c’était le match contre le Portugal en 84, ou contre l’Italie en 86, et pas cette équipe méconnaissable, poussive, sans génie.
Cruelle désillusion, donc, et l’Euro 88 sera remporté par les Pays-Bas et leur fabuleux duo d’attaquants Gullit et Van Basten.
Place aux éliminatoires pour le Mondiale 1990 italien. Qui ne seront guère plus glorieux. Un premier match gagné de justesse contre les norvégiens (1-0, but sur pénalty dans les dernières minutes), puis un second où la France touche le fond : match nul (aux deux sens du terme) contre l’équipe de Chypre, une équipe qu’habituellement, tout le monde bat par 4 ou 5 buts à 0. Dans la foulée, une défaite à contre la Yougoslavie (2-3). Mais bordel, ils sont où les bleus qu’on aimait, réveillez-vous bang sang !!! L’impatience gronde, les journaux sortent les gros titres ravageurs, et ce début d’éliminatoire est la défaite de trop pour Henri Michel qui se voit remercié par la FFF, et remplacé par … Michel Platini !
Moins de 2 ans après sa retraite, Platoche reprend donc du service en tant que sélectionneur. Il sait d’ors-et-déjà qu’une qualification en Italie tiendrait du miracle. Il en profite donc pour lancer de nouveaux joueurs (Eric Di Méco, Laurent Blanc, Didier Deschamps), rappeler d’ex-tauliers (Tigana, Battiston), et faire des tests pour modeler enfin une équipe qui tient la route. Et tout ceci semble fonctionner. Après quelques errements début 89, la France reprend des couleurs en battant la Suède 4-2, l’Ecosse 3-0 et Chypre 2-0. On revoit enfin du beau football en bleu … mais malheureusement cela ne suffira pas. Comme prévu, la France rate (de peu) la qualification en Italie. Dommage …
Le Mondial italien sera inintéressant au possible … Non pas parce que la France n’y figure pas, mais parce que la page du foot des années 80 est tournée, et on assiste à l’émergence des équipes qui joueront non pas pour gagner, mais pour ne pas perdre. Résultat : un festival de petits scores (ce Mondial possède encore la plus faible moyenne de buts par match), et surtout peu de spectacle. Les équipes jouent la montre pour finir dans les trois premiers, et attendent les tirs aux buts pour se qualifier aléatoirement.
Seules deux équipes sauvent la compétition d’un ennui total : l’Italie et son buteur surprise Toto schillaci , qui auraient mérité de remporter leur coupe du monde, et le Cameroun, emmené par le vieux Roger Milla (38 ans), qui bat d’entrée la championne du monde argentine, puis qui atteint les quarts de finale où il se fait sortir en héros par l’Angleterre après prolongations.
Sinon, on s’ennuie. Le Brésil est méconnaissable, l’Allemagne joue comme … l’Allemagne, quoi ! Et l’Argentine de Maradona parvient de manière inespérée en finale en finissant 3ème de son groupe, en éliminant le Brésil (avec au passage des rumeurs comme quoi des bouteilles d’eaugavées de somnifères auraient été distribuées aux brésiliens pendant le match), et en sortant la Yougoslavie et l’Italie aux tirs au but.
Comme en 1986, la finale oppose l’Allemagne à l’Argentine. Cette fois-ci, c’est l’Allemagne qui remporte la compétition, après deux finales perdues en Espagne et au Mexique. Ce qui vaudra une des plus belles définitions du football de la part de Gary Lineker, l’attaquant anglais : “Le football est un jeu simple qui se joue à 11 contre 11 et à la fin, les Allemands gagnent toujours”.
Bref, le soulagement l’emporte car personne ne voulait voir soulever le trophée une équipe d’Argentine devenue impopulaire, et un Maradona constamment sifflé par le public milanais et romain (rappelons qu’il jouait chez l’ennemi napolitain).
Reste qu’on s’est copieusement ennuyé durant ce Mondial, ce qui a eu pour effet de faire bouger quelques points de règlements et de privilégier le jeu offensif.
Pendant ce temps, l’équipe de France, sous l’impulsion de Michel Platini, est redevenue brillante, et a débuté la plus belle série sans défaite de son histoire (de 1990 à 1992). Ce qui laisse des regrets, car elle aurait pu faire très bonne figure en Italie … Restait à se rattraper pour l’Euro 92 en Suède, mais là n’est plus le sujet !
Pfiou !!! A y est ! La voila terminée notre rétrospective du football eighties ! Je vais pouvoir dormir tranquille à présent, Alzheimer peut arriver, c’est pas grave, tous mes souvenirs sont gravés ici-même . Des souvenirs qui me viennent encore par dizaines quand je repense à cette période …
J’ai commencé à regarder les matchs des Bleus dès 1983, j’avais 6 ans. Je n’ai ensuite plus manqué un seul match pendant très longtemps, en suivant en parallèle les aventures du club de mon enfance, le FC Tours, qui fit quelques apparitions en 1ère division entre 1981 et 1985. Je découpais les articles de foot dans les journaux, je dévorais les résumés de chaque journée de championnat, j’apprenais les noms des joueurs … Mais mon gros truc, c’était la bande à Platini.
Ces bleus (contrairement au FC Tours ) avaient un énorme pouvoir séducteur sur les mômes de ma génération. Je vibrais tellement grâce à eux que mes parents me permettaient de regarder les matchs tard le soir, même en semaine.
Le rituel était presque sacré : j’étais assis à gauche sur le canapé du salon, mon père était sur le fauteuil, et le plus souvent y’avait Nanard, notre voisin, assis à côté de moi. Leur canon était servi, mon ballon n’était pas loin, l’album Panini non plus.ça encourageait à chaque action chaude, ça s’indignait contre les vilaines fautes, ça s’extasiait à entendre Thierry et Jean-Mimi qui s’emballaient. Oui oui, la beaufitude à fond ! Mais que j’assume et même, que je regrette.
Car cette époque reste celle de la découverte d’un jeu (avant d’être un sport) qui va m’accompagner toute mon enfance. Ce jeu on ne peut plus élémentaire, qui se joue entre ami(e)s, avec un ballon et 4 poteaux sur un morceau d’herbe. Qui nous amusait à la récré, et qui nous fascinait devant la télé.
Depuis, comme beaucoup, j’ai largement perdu mon enthousiasme envers ce sport. Trop de fric, de caprices de stars, de haine, de violence, d’intolérance… trop de tout.
Mais quand je me dis que le football est en voie de pourrissement bien avancé, je me remets en tête les souvenirs de gosses, et ça me persuade à nouveau que le foot, à la base, c’est beau. C’est un simple jeu, pas plus bête que le cache-cache, le chat perché, le golf ou les échecs.
ça me fait donc bien rire quand certains intolérants catégorisent le football comme un “sport de cons”. Mais qui sont ces tristes hautains qui, sous prétexte de ne pas adhérer à ce jeu, se permettent de dire que ce sport a été fait (je cite) “par des cons et pour des cons” ? Quelques images de supporters idiots à la télé suffisent-ils à prendre un tel raccourci ?
Quand à 9 ans on voit un France-Brésil qui nous donne envie d’être footballeur, quand un spectacle sportif devient une œuvre d’art tellement c’en est beau, quand un match à l’intensité dramatique fait pleurer un gosse d’émotion, on a le droit de dire qu’on en fait trop, mais pas d’utiliser ces raccourcis.
Pour ceux qui ne pouvaient recevoir des jouets par dizaines ou des consoles flambant neuves, le foot était le moyen de passer des heures à s’amuser avec un vieux ballon tout pourri, deux pulls en boule pour faire des buts, et un champ de patates à peu près plat. A l’origine, c’est ça le foot, le vrai. Alors on ne va pas laisser le monopôle de ce sport à ces faux supporters violents et intolérants, ces financiers magouilleurs ou ces starlettes snobinardes en short et en crampons.
Voila ce qu’a été le foot pour moi à cette époque, et l’image que je garde de ces moments footballistiques. J’en suis à présent très détaché ; mes souvenirs me font parfois rêver à un retour à un engouement plus raisonnable vis-à-vis du ballon rond, sur le plan de la tolérance et du pognon … et à l’occasion, si on pouvait revenir aux cheveux longs, shorts moulants, moustaches rutilantes et sponsors improbables, je suis aussi preneur !!
Merci à tous de m’avoir suivi jusqu’ici. Vous avez bien mérité un p’tit jeu pour vous récompenser ! Il viendra d’ici quelques jours, avec quelques p’tits cadeaux Spécial Foot à gagner …
Laisser un commentaire