Le film Furyo !

Aujourd’hui, séance cinéma avec un grand film à l’affiche sorti en 1983, présenté au festival de Cannes, mais malheureusement absent du palmarès, Furyo (ou aussi connu sous le nom de «Merry Christmas, Mr. Lawrence») de Nagisa Oshima.

 Il y a des films qui vous marquent à vie. Pour moi, ce film fait parti de cette catégorie.

 Classé dans les films de guerre, il ne faut pas s’attendre à un film d’action à la Dolf Lungren ou à Sylvester Stallone.. non, c’est un film sur la psychologie humaine et sur le choc des cultures prenant place dans l’univers carcéral en temps de guerre. C’est vrai que c’est pas super joyeux présenté ainsi mais cela demeure un beau film.

 Nagisa Oshima, réalisateur japonais avait déjà défrayé la chronique avec son sulfureux «Empire des Sens » quelques années auparavant. Ici, il met en scène l’homosexualité dans un contexte masculin: l’armée.  Il réitèrera par ailleurs l’expérience quelques années plus tard avec Gohatto où il décrit l’homosexualité chez les samuraïs .

 Aucune femme ne figure dans ce film. Il s’est basé sur un roman autobiographique de Laurens van der Post,  auteur britannique d’origine sud africaine qui relate son expérience de prisonnier dans un camp japonais pendant 4 ans dans un de ses ouvrages The Seed and the Sower (1963).

 L’histoire :

 1942. Java, un camp japonais de prisonniers de guerre parmi d’autres. Le sergent Gengo Hara (Takeshi Kitano) dirige le camp sous les ordres du colonel Yonoï ((Ryuichi Sakamoto). Le major John Lawrence (Tom Conti), bien que prisonnier est le seul à bien connaître le Japon et ses codes et  comme il maitrise la langue japonaise, il joue les intermédiaire  entre les  Japonais et les Anglais.

 Yonoï, est membre d’une commission d’enquête qui doit statuer sur le sort du Major Jack Celliers (David Bowie) qui s’est rendu aux mains des japonais après avoir livré une âpre bataille avec les ennemis.

 Dès le premier regard de Yonoï sur Celliers, il se passe quelque chose..on sent le trouble chez l’officier japonais s’arrangeant à lui éviter la peine capitale et à le faire transférer dans son camp. De là, un jeu du chat et de la souris commence à voir le jour, dans un cadre régenté par des codes stricts de la pensée japonaise.

 Les personnages et les acteurs :

 John Lawrence / Tom Conti

 John Lawrence est véritablement le personnage central de l’histoire. Ayant vécu au Japon, il essaie d’initier ses camarades d’infortune au code moral des japonais.

 Le rôle est confié à Tom Conti, un acteur de théâtre qui a notamment joué dans Les Duellistes de Ridley Scott.

 Gengo Hara / Kitano Takeshi

 Gengo Hara est interprété par le célèbre Kitano Takeshi.  Seul le prénom Takeshi est au générique et à cette époque il est connu au Japon comme comique.

 Dans ce film, il est à la fois brutal, et attachant. Il ne comprend pas que les occidentaux  préfèrent être prisonniers plutôt que de se suicider, et les considèrent comme des lâches.

 On a parfois l’impression qu’il parvient à se livrer à ce « gaijin » (étranger) qu’est Lawrence, en lui parlant de choses assez personnelles (sa mobilisation à l’age de 17 ans par exemple).

 Ivre, le soir de Noël, il libère de son propre gré Lawrence et Celliers qui avaient été mis en cellule d’où la phrase symbolique du film « Merry Christmas, Mr Lawrence » qu’il prononce à plusieurs reprises.

 Colonel Yonoi / Ryuichi Sakamoto

 Colonel Yonoi, est un jeune  colonel, dans la lignée de ses ancêtres les samouraïs.  Beau, un peu maniéré, il a un profond respect pour son pays, et le code moral, se montrant parfois cruel et abusant de ses pouvoirs. L’arrivée de  Jack Celliers le déstabilise et il lutte à chaque instant pour ne pas perdre la face.

 Il est incarné par Ryuichi Sakamoto, acteur et surtout compositeur et musicien de génie , il signe d’ailleurs la musique de ce film.

  

Jack Celliers / David Bowie

 Provocateur et désobéissant, Jack Celliers est joué à la perfection par David Bowie.

 Il se lie d’amitié avec John Lawrence. Sous cet air frondeur, il cache un secret qui le ronge concernant son petit frère. D’où les différents flashbacks… Il comprend vite l’attirance que le colonel Yonoï à pour lui et n ‘hésite pas à l’affronter en essayant de lui faire plus ou moins perdre la face.

 Par exemple, il n’hésite pas à rompre le gyo (48 heures de jeûne, et de repos forcé) imposé par Yonoi en rapportant à l’ensemble des prisonniers des manju (petits pains) et  des fleurs rouges en souvenir d’un prisonnier décédé. Fleurs qu’il mangera devant un Yonoï interloqué! Ou cette scène culte où devant les prisonniers convoqués de force suite à un incident, il s’approche de lui, le prend dans les bras et l’étreint. Erreur fatale.

 La vie suit son cours dans le camp jusqu’à ce que le Japon perde la guerre, et les rôles s’inversent…Une fin très touchante.

 Comme parfois les images sont plus parlantes que des mots, voici le trailer qui, ma foi, résume bien l’ambiance du film.

 

 

La musique tient un grand rôle dans ce film. Bowie n’a pas souhaité participer à la musique du film pour rester concentrer sur son rôle alors Ryuichi Sakamoto, compositeur de renom, fondateur du groupe YMO signe la bande originale avec une mélodie qui reste bien en tête.

 Qui ne connait pas les premières notes?  Malheureusement, ce morceau est victime de son succès vu qu’il est constamment utilisé pour les reportages en Asie.

 Voici le morceau version chanté par David Sylvian qui est à mes yeux une pure merveille. Le nom de la chanson  «Forbidden Colors»  (禁色, Kinjiki) est le titre d’un roman de Mishima Yukio, écrivain controversé. Kinjiki est une métaphore pour désigner l’homosexualité.

 

 

Mieux vaut éviter de regarder ce film si on a le moral dans les chaussettes cependant cela reste un beau film, certes certaines scènes sont un peu difficiles à voir mais au niveau de l’Histoire, et du code moral du Japon de l’époque, il nous apprend pas mal de choses. En plus un David Bowie époustouflant dans ce rôle, une belle musique… ce serai dommage de passer à côté…

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