Le film P.R.O.F.S : retour au lycée des Années 80 ! !!

ANNEES 80, 80's, eighties, film profs, P.R.O.F.S, cinéma, ciné, movie, patrick bruel, humour, souvenirs, trentenairesCela faisait bien longtemps que je souhaitais prendre ma plume pour vous parler de ce qui est pour moi, l’une des meilleures comédies françaises. Une comédie pleine de (bon) sens, très drôle, avec un casting excellent : P.R.O.F.S. de 1985. 

A vrai dire, le terme de comédie est assez réducteur, car ce film ne vous fera pas rire aux éclats toutes les 30 secondes. Pas de gag hilarant (quoi que …), pas de grimaces ni de répliques ultra-cinglantes, non, juste le fait qu’on se sente bien dans ce film, que les personnages y sont attachants, et qu’on en ressort avec le sourire, tout en cogitant un peu sur le système éducatif français des années 80 (assez peu différent de l’actuel en somme).

P.R.O.F.S. est ce qu’on pourrait appeler une comédie lycéenne, à mi-chemin entre la franche rigolade et la critique un poil caricaturale. Le seul film qui peut s’y apparenter serait éventuellement “Les Sous-Doués” sorti 4 ans plus tôt. Mais même si j’aime ce film joué de main de maître par Daniel Auteuil, P.R.O.F.S. s’avère beaucoup plus subtile, moins burlesque. Le second degré y est très souvent requis, et la peinture offerte du corps enseignant fait régulièrement mouche.

 Voici l’histoire :

ANNEES 80, 80's, eighties, film profs, P.R.O.F.S, cinéma, ciné, movie, patrick bruel, humour, souvenirs, trentenairesFrédéric Game (interprété par Patrick Bruel) est un jeune prof de français fraîchement affecté à un lycée des plus anodins. Malgré son jeune âge, le bougre a déjà une idée bien arrêtée de ce que doit être l’enseignement. Désacralisation des profs, remise à plat des rapports de force (en quoi un professeur devrait-il avoir plus d’autorité qu’un étudiant ?), et respect, voire amitié envers les lycéens.

Cette façon de voir fait grincer des dents chez les professeurs de la vieille école, mais attire également la sympathie de 3 collègues, qui n’attendaient que cet élément “perturbateur” pour prendre la tangente. Ces trois compagnons sont Michel (Fabrice Lucchini), le prof d’Arts Plastiques, Francis (Christophe Bourseiller), l’aide-documentaliste, et Gérard (Laurent Gamelon), le prof de Sport.

ANNEES 80, 80's, eighties, film profs, P.R.O.F.S, cinéma, ciné, movie, patrick bruel, humour, souvenirs, trentenairesDès lors, la vie du lycée s’en trouve bouleversée : les plus indisciplinés ne sont plus les élèves, mais leurs professeurs, qui n’hésitent pas à jouer au poker au CDI ou à organiser des courses poursuite dans les couloirs sous le regard médusés des lycéens.

De même, les cours de nos 4 compères dérangent autant qu’ils surprennent. Frédéric donne des cours de français depuis sa barque par vidéo interposée, Michel entreprend d’enseigner la peinture corporelle en classe, et Gérard donne des cours de boomerang ou de planche à voile … sur le bitume de la cour du lycée ! En réaction, les professeurs “traditionnels” se font de plus en plus sévères et n’hésitent plus à s’accrocher verbalement avec les récalcitrants lors des conseils de classe.

ANNEES 80, 80's, eighties, film profs, P.R.O.F.S, cinéma, ciné, movie, patrick bruel, humour, souvenirs, trentenairesLa guerre étant déclarée sous l’autorité impuissante du censeur et de la principale, les 4 mousquetaires de l’Education Nationale mettent au point un stratagème infernal pour, en premier lieu, « éliminer tous les cons », puis faire de leur école idéale une réalité : et si l’école idéale, c’était une école sans prof ? Et pourquoi pas une école sans école tant qu’on y est ?

Je m’arrête ici dans la narration de l’histoire, car pour les rares personnes qui n’ont pas vu le film, raconter la suite serait gâcher un grand plaisir. Car c’est ici que commenceront les choses sérieuses …

Sachez simplement que l’intrigue connait peu de temps morts (sauf peut-être les scènes de rivalité entre Frédéric et un de ses élèves pour une histoire sentimentale, assez dispensable). Mais jusqu’à la fin on restera happé par les combines de Frédéric et ses amis, qui rivaliseront d’imagination, de répartie et de culot pour arriver à leurs fins. Avec en point d’orgue, proche de la fin du film, un dialogue bourrée de clichés, mais on ne peut plus sensé. Un mélange de réflexions sur le système éducatif et ses dérives, son évolution et ses perspectives, qui, tout film comique qu’il est, fait réfléchir un tantinet le spectateur sur la question. 

Les personnages :

Frédéric Game (P.Bruel) : le nouveau prof de Lettres, personnage central du film. Dès son arrivée, il ne laisse personne indifférent. Il sympathise avec 3 collègues partageant ses idéaux, mais s’attire les foudres des professeurs bien pensant et de la hiérarchie pointilleuse. Beau gosse et charmeur, il fait chavirer le cœur de certaines collègues, voire même de certaines élèves. Eternel rêveur et utopiste, il impose très rapidement sa conception des cours à ses élèves, qui se prêtent volontiers au jeu, tout heureux de cette bouffée d’oxygène dans leur scolarité trop calibrée. 

ANNEES 80, 80's, eighties, film profs, P.R.O.F.S, cinéma, ciné, movie, patrick bruel, humour, souvenirs, trentenairesMichel (Fabrice Lucchini) : le prof d’Arts Plastiques. Il rêve d’un monde où l’art prendrait le pouvoir, au détriment des sciences et de l’économie. Exubérant et original, il encourage ses élèves à sortir des sentiers battus et à laisser libre cours à leur créativité. Avec les retours de bâton que cela implique de la part de la hiérarchie.

Imaginez, une cour remplie de couches-culottes pour désacraliser la notion du désir charnel, ça peut surprendre, non ? Sûr de lui dans son métier, il n’en reste pas moins fragile dans sa vie de couple, sa relation avec son aimée connaissant des hauts et des bas au gré de ses changements d’humeur … 

ANNEES 80, 80's, eighties, film profs, P.R.O.F.S, cinéma, ciné, movie, patrick bruel, humour, souvenirs, trentenairesFrancis (Christophe Bourseiller) : l’aide-documentaliste, et homme-à-tout-réparer du lycée. Flemmard et nonchalant, il est partisan du moindre effort, et le fait bien comprendre à sa collègue Josyane, documentaliste “vétéran”, vieille fille râleuse, et procédurière.  

Gérard (Laurent Gamelon) : le prof de Sport. Lui, c’est le bourrin de la bande. Adepte du “Je tape d’abord et je m’explique après”, il est considéré comme le gars sans cervelle par ses pairs (excepté ses amis).

Regrettant le peu d’intérêt accordé à l’EPS par les élèves et les profs, il est prêt à tout pour redorer le blason de sa discipline, y compris le plus inattendu (des cours de boomerang, de planche à voile ou de golf dans la cour par exemple …) 

ANNEES 80, 80's, eighties, film profs, P.R.O.F.S, cinéma, ciné, movie, patrick bruel, humour, souvenirs, trentenairesVous l’aurez vu, entre le rêveur, l’artiste, le bourrin et le flemmard, nous avons une brochette, unie et complémentaire, qui n’hésitera pas à bousculer les codes et les idées reçues, histoire de mettre un bon coup de pied bien placé à un système éducatif rouillé et trop immuable.

Les autres professeurs : pour compléter le tableau, et donner la réplique, le lycée est peuplé de professeurs aux personnalités diverses, à qui nos 4 trublions mèneront la vie dure.

On a par exemple un prof de maths facho et réactionnaire (interprété par Guy Montagné), un autre d’Histoire-Géo au contraire gaucho au possible (je vous raconte pas l’ambiance), une midinette fleur bleue prof de Sciences Naturelles (Isabelle Mergault) qui s’amourache de Frédéric et laisse complètement ses émotions lui dicter sa manière d’enseigner, la prof de Sciences Physiques tyrannique qui colle de sacrées dérouillées aux élèves au moindre écart, ou Josyane, la documentaliste décrite un peu plus haut, brillamment jouée par Charlotte « Jamais ça n’a été si bon » Julian. 

Les autres : il s’agit principalement des élèves, de la jeune fille ravissante qui attire toutes les convoitises à la minette espiègle et rieuse qui joue l’entremetteuse, et du mec déconneur au rebelle au grand cœur qui ira même jusqu’à défier son prof de français pour le cœur d’une belle blonde …

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Enfin, la Hiérarchie est représentée par le censeur du lycée (Mr Bonnet, interprété par Etienne Draber), constamment dépassé par les évènements et qui se laissera embarquer dans une embrouille finale comme un lapin de deux semaines (une des scènes les plus drôles du film), et la Principale du lycée (Martine Sarcey), stricte mais juste et humaine.  

Le film et son contexte dans les années 80 : 

ANNEES 80, 80's, eighties, film profs, P.R.O.F.S, cinéma, ciné, movie, patrick bruel, humour, souvenirs, trentenairesComme toutes les comédies, et celles des années 80 ne font pas exception à la règle, P.R.O.F.S. a eu son lot de détracteurs, qui n’ont pas supporté le côté potache et ringard de ce film. Jugé bien moins drôle que les “Sous-Doués” (et pour cause, car le but n’a jamais été de faire rire aux éclats), le film a agacé par son côté “donneur de leçon” et “critique facile” du système éducatif.

Pour la défense de ce point de vue, il faut reconnaître que les personnages composent un échantillon représentatif de tous les comportements extrêmes qu’on peut trouver dans l’Education Nationale. Les professeurs “classiques” sont systématiquement représentés plein de défauts, cherchant à imposer leur vision personnelle, ou laissant leurs vices et leurs faiblesses prendre le dessus lors de la tenue des cours.

ANNEES 80, 80's, eighties, film profs, P.R.O.F.S, cinéma, ciné, movie, patrick bruel, humour, souvenirs, trentenairesDe plus, on observe de manière un peu trop répétée la présence de jeunes femmes dénudées, qui n’apportent strictement rien au film. Elles sont prétextes à des gags très moyens, et à des dialogues assez futiles sans rapport avec l’intrigue. 

En revanche, ce qui a plu chez beaucoup de cinéphiles, c’est le côté moins léger que “Les Sous-Doués”. On sent que (presque) toutes les scènes du film apportent leur pierre à l’édifice, servant un message global distillé par les interprètes. Certes, certains gags sont très “1er degré” : le prof de Maths bourré qui se trompe de classe et tripote les fesses de la nouvelle prof de Philo, le gaucho rasé de près sauf la ‘tite moustache pour le faire ressembler à Hitler, etc … Mais ces gags ne sont pas une succession de délires posés les uns à la suite des autres pour tenir 1h40. Ils sont avant tout un moyen (divertissant) d’arriver à la conclusion du film : que doit devenir l’école ? Une succession de cours subjectifs enseignés par des professeurs partiaux cherchant à imposer leurs idées, ou un système neutre, où chaque élève disposera de son libre arbitre pour se forger sa propre opinion sans influence externe ? D’où la question initiale, qui deviendra la question finale ? L’école idéale, serait-ce une école sans école ?

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Pour replacer le contexte, nous sommes au milieu des années 80. Le système éducatif connait une crise de confiance. Mai 68 est passé par là, et les conflits sont importants entre les partisans de la règle en bois et de la blouse d’écolier, et les adeptes plus libertaires du “Il est interdit d’interdire”. Il est à présent mal vu de donner une gifle à un élève, et la punition n’est alors plus considérée comme LA solution pour que « le programme rentre dans le crâne de ces lycéens”. 

ANNEES 80, 80's, eighties, film profs, P.R.O.F.S, cinéma, ciné, movie, patrick bruel, humour, souvenirs, trentenairesL’Ecole voyait également les ordinateurs envahir les salles de classe. Le “Plan Informatique pour Tous” était dans les tuyaux, et les MO5, Goupil ou TO7 avaient la prétention d’apprendre aux élèves. Depuis, nous savons qu’un ordinateur, aussi puissant soit-il, est incapable de remplacer un professeur, même médiocre.

 

Mais en 1985, la remise en question était grande, et le corps professoral se voyait de plus en plus remis en cause, persuadé qu’il était de se voir remplacer à moyen terme par des grosses machines pleines de boutons et de crayons optiques. Là encore, on distinguait les deux camps : les conservateurs d’un côté, les progressistes de l’autre. Avec toutes les frictions que cela pouvaient engendrer lors des conseils de classe et réunions pédagogiques. 

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Vous trouverez ci-dessous une compil des scènes les plus intéressantes. Tout particulièrement à environ 5 minutes du début, où vous écouterez ce dialogue dont je vous parlais un peu plus haut, qui peut faire sourire maintenant, mais qui résumait bien toute l’utopie de l’enseignement informatique à l’époque.

  

Pour ma part, je ne me lasse pas de voir et revoir ce film, malgré les quelques défauts énoncés un peu plus haut. Je manque rarement ses diffusions télévisées. J’adore ce cocktail détonnant entre ces personnalités complémentaires, et je trouve que chacun y tire son épingle du jeu. Tout particulièrement Fabrice Lucchini qui, depuis que j’aime ce film, est un de mes acteurs favoris.

ANNEES 80, 80's, eighties, film profs, P.R.O.F.S, cinéma, ciné, movie, patrick bruel, humour, souvenirs, trentenairesCe que j’aime, c’est bien sûr le côté “inhabituel”, où pour une fois, ce sont les profs (influence soixante-huitarde sans aucun doute 😉 qui remettent en cause le système établi, et incitent les élèves à ne pas l’accepter aveuglément. 

Patrick Schulmann, le réalisateur et scénariste, a fait le choix de pousser les comportements des personnages à l’extrême afin d’éviter toute neutralité et de ne pas laisser indifférent. Même s’il est caricatural (on pourra bien aisément comprendre que certaines personnes n’apprécient pas que l’Education Nationale se voit moquée si ouvertement), ce choix s’avérait nécessaire pour donner au film ce ton acide et impertinent, et ne pas devenir une douce comédie dramatique au message gratuit.

Anecdotes et répliques du film: 

ANNEES 80, 80's, eighties, film profs, P.R.O.F.S, cinéma, ciné, movie, patrick bruel, humour, souvenirs, trentenairesLa première scène du film nous montre un cheval qui parle. La dernière scène aussi, histoire de boucler la boucle. C’est ce qu’on appelle une epanadiplose !

Lors d’une scène d’amour entre Frédéric et sa promise, on peut voir que la belle brune est douée de talents de contorsionnistes insoupçonnés : ses deux jambes rejoignant la tête de Frédéric, l’une d’elle se retrouve retournée par rapport à l’autre. De même, lors d’une étreinte érotique, ce n’est pas une, ni deux mains qui caressent son corps, mais 3 mains masculines !!! Alors, vraie boulette de tournage, ou second degré au message obscure ??

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L’acronyme P.R.O.F.S. est inspiré par le titre du film M.A.S.H., sorti en 1970. D’ailleurs, ce film raconte l’histoire de 3 médecins militaires officiant lors de la Guerre de Corée, remettant en cause la hiérarchie et l’ordre établi en mettant le bazar dans leur caserne … ça ne vous rappelle rien ?? Hasard, me dire-vous ? Dans ce cas, regardez la photo du film ci-dessus, on y voit Frédéric poser l’affiche de M.A.S.H. sur le panneau du Cinéclub ! 

ANNEES 80, 80's, eighties, film profs, P.R.O.F.S, cinéma, ciné, movie, patrick bruel, humour, souvenirs, trentenaires(Frédéric Game) « Crois moi, parvenir à intéresser même les cons, c’est ce qui demande le plus d’intelligence. »

« (Le censeur) : Qu’est ce qu’on peut faire pour celui là …Qu’est ce que je mets aux parents ?

(Le prof de Maths) : Oh pour celui là plus rien à faire. Vous avez qu’à dire aux parents d’en faire un autre. » 

« (Michel) : De toute façon toutes les femmes se valent.
(Frédéric) : Non, j’suis pas d’accord ! Certaines sont pires que d’autres. » 

(Michel, à sa fiancée) « Je sais pas pour qui t’es faite, mais je sais pour quoi : pour emmerder l’autre, pour le faire chier ! » 

(Un élève du Lycée) « Si c’est les profs qui déconnent, alors où on va ? »

(Michel, à son élève) : “Faire le con en espérant que celui qui regarde sera intelligent, c’est bon quand on est célèbre … pour vous c’est encore trop tôt”

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1 Commentaire

  1. Clairement un film qui aura marqué ma vie et le pire… tout est vrai…
    Les “profs” ont changés de fonction mais juste sur le papier (professeur des écoles et autres) mais rien n’a changé fondamentalement, il y a toujours autant de type de profs (les carriéristes, les bobo gauchistes et autres) et l’école va bien vers “l’informatique pour tous” (oui, y’a juste eu un bug de date de 25 ans :P)) avec tablette et cours à la maison via vidéo.

    Et Laurent Gamelon, que j’ai rencontré bien + tard, un rôle génial et IRL une personne très disponible (que j’ai réussi à faire sourire de fierté ce jour là mais c’est une autre histoire :P).

    Et ça n’a rien à voir avec PROFS et PROFS 2 + récents (vade retro kev Adams).

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