La série “Les petits génies” !

Le Club des 5 des années 80

 

Il n’y a guère de doutes, quand on regarde les productions cinématographiques et télévisées  de l’époque, l’avènement de l’informatique dans la vie quotidienne représente un des plus grands fantasmes du début des années 80 (je mets bien entendu de côté la playmate du samedi soir, hein …).

L’année 1983 s’avèrera particulièrement riche dans ce domaine, puisque deux programmes illustreront à merveille cette tendance, et combleront de joie les informaticiens en herbe : le film Wargames de John Badham, et bien entendu le sujet du jour, la série “Les Petits Génies”, que les américains connaîtront sous le nom “Whiz Kids”.

Alors que Wargames, avec le jeune Matthew Broderick en vedette, se fait l’écho de la paranoïa reaganienne et imagine une guerre nucléaire totale entre les USA et l’URSS sur fond de piratage informatique par un lycéen (qui ne cherchait à l’origine qu’à modifier ses notes), les Petits Génies reprendront le thème de l’informatique à domicile, sur un ton bien moins grave.

Mieux que ça, cette série annonçait ce qui allait devenir notre quotidien : un ordinateur (au moins !) dans chaque maison, et la possibilité de se connecter à des bases de données et des multitudes de services à distance. A l’époque, ça ne s’appelait pas encore Internet. En France, on tentait d’appeler ça le Minitel, mais en fait, ça n’avait rien à voir 😉

Mais les Petits Génies ne sont pas un feuilleton de science-fiction ni d’anticipation : il s’agit bien d’une série TV policière, avec en vedette un groupe d’adolescents qui vont nous refaire le coup du Club des Cinq en version US et résolument 80’s, le chien étant remplacé par un ordinateur géant. La grande originalité de la série est que ce sont les technologies informatiques, mises à profit par le jeune héros surdoué qui tient le premier rôle, qui vont fortement contribuer à résoudre les enquêtes.

Ce jeune héros, c’est Richie Adler. Il est interprété par Matthew Laborteaux, que l’on a vu, revu et re-re-revu jusqu’à l’écœurement dans le rôle d’Albert Ingalls dans “La petite maison dans la prairie”. Juste après l’arrêt de la saga campagnarde, le jeune Laborteaux est engagé pour devenir un génial bidouilleur d’ordinateurs. Ce qui représente une belle promotion, vous en conviendrez, lui qui jusqu’alors ne faisait que couper du bois et traire les vaches chez les bouseux du Minnesota.

Revenons à nos pixels … Richie Adler est un adolescent qui vit avec sa mère et sa soeur. Aussi surdoué que binoclard, passionné d’informatique, il est l’archétype du jeune nerd des années 80 (surtout ne lui faites pas l’affront de dire que c’est un geek … au début des 80’s, on disait nerd). Fils de parents divorcés, son père (que l’on ne voit jamais) est ingénieur en télécommunications.

Métier trèèèèès utile, car Richie s’est bricolé un ordinateur surpuissant avec les dizaines de pièces détachées que son père lui envoie de son boulot. Tellement surpuissant que cette bécane possède une connexion vers le monde extérieur, une synthèse vocale, une reconnaissance faciale, et mille autres gadgets tout simplement impensables à l’époque. Richie l’a prénommé Ralf, car c’est plus qu’un engin en ferraille plein de boutons, c’est surtout un précieux copain.

Richie traine souvent avec les mêmes amis, qui sont au nombre de trois. Ham, le beau gosse, plus sportif que cérébral, Jeremy, le beau parleur et fonceur de la bande, et Alice, la jolie minette qui a bien sûr son mot à dire dans cet univers de p’tits mectons. Quand il n’y a aucun truand dans le coin, leurs loisirs sont ceux d’une bande de kids classiques : balades en bicross, jeux vidéo, sport, ainsi que (moins classique) la mise au point par Richie de robots domestiques ou de programmes plus ou moins utiles.

Richie a des copains de son âge, mais aussi des amis adultes, et c’est là que ça va devenir intéressant. Il est tout d’abord ami avec le reporter de la gazette de la ville, Lew Farley, et avec un policier, le Lieutenant Neil Quinn. De par leur métier, ces deux protagonistes ont souvent fort à faire avec la canaille locale, l’un menant l’enquête contre les méchants, l’autre cherchant le scoop.

Pour mener à bien leurs enquêtes, le journaliste, ou le flic, ou même les deux, font régulièrement appel à Richie et à ses compétences. Ou alors, ce sont nos jeunes gens qui, pris dans une galère avec des vilains bandits, demanderont l’aide de Quinn et Farley pour les tirer d’affaire. Le point commun à ces histoires sera l’utilisation des ordinateurs et des “nouvelles” technologies pour faire avancer les enquêtes, et mettre les voyous sous les verrous.

Richie a en effet la faculté de tirer la substantifique moelle de n’importe quelle machine, maîtrise les langages de programmation, les logiciels, les matériels, et arrive à peu près à tout faire avec un clavier. ça permet entre autre de se connecter facilement à n’importe quel serveur distant, prendre les commandes du système informatique d’une entreprise ou d’une administration, accéder à des informations top-secret comme les mouvements bancaires, les registres administratifs ou les systèmes de sécurité les mieux gardés.

Les épisodes suivent régulièrement une même trame : des malfaiteurs s’apprêtent à effectuer un mauvais coup, et Richie et sa bande se retrouvent mêlés à l’embrouille, soit fortuitement, soit par l’intermédiaire de Quinn et/ou Farley. Bien souvent, nos jeunes amis se retrouvent en difficultés, mais le savoir-faire de Richie les sort de l’embarras. Enfermés quelque part par les méchants ? Hop, on tapote deux lignes de Basic sur un clavier et la porte automatique s’ouvre. Ou alors on prend les commandes de l’ordinateur central pour déclencher la panique en allumant à distance le signal d’alarme, en déréglant l’air conditionné ou en actionnant les robinets anti-incendie.

Ainsi, lors de chaque situation périlleuse, Richie trouve une parade, tel un McGyver de l’ère informatique. Et quand il n’y a pas de prise WRX45 dans les parages, le flic et/ou le reporter viennent à leur secours, avec un ton bien entendu paternaliste, voire moralisateur. “Ahhh, vous les gosses, je vous avais bien dit de ne pas vous mêler de cette affaire !”

Bref, ce qui est intéressant dans les intrigues, c’est que les enquêtes se résolvent le plus souvent avec la contribution des 3 parties : la Police (Quinn), les médias (Farley) et la science informatique (Richie et sa bande). Ces trois parties sont complémentaires, et font ensemble un super boulot qui permettra de mettre un bon paquet de méchants hors d’état de nuire.

Côté distribution, on a du joli nom. Outre le rôle principal interprété par Matthew Laborteaux, dont je vous ai parlé un peu plus haut, on retrouve A. Martinez qui joue le Lieutenant Quinn. A. Martinez est le flic de choc (Cruz Castillo) qu’on verra dès 1984 dans Santa Barbara. A croire que cet acteur n’a joué que des rôles de policiers !

On retrouve aussi la jolie Andrea Elson (Alice dans la série), que nous aurons plaisir à suivre dans la série ALF dès 1986, et Todd Porter (Ham), qui n’a percé nulle part ailleurs, mais qui s’est taillé une belle réputation de playboy grâce à la série. Enfin, Farley le reporter est joué par Max Gail, une valeur sûre des seconds rôles depuis une quarantaine d’années.

Un des souvenirs les plus marquants au sujet de cette série est certainement le générique, avec cette musique entêtante, une réécriture du Concerto pour Piano 21 de Mozart :

Voici ce qu’on peut dire des dix-huit épisodes constituant la seule et unique saison des “Whiz Kids”. C’est peu, hein ? Bah oui, et encore, nos amis américains ont eu de la chance, car en France, seuls 13 épisodes ont été doublés, et diffusés. Pourquoi ? Bonne question, toujours sans réponse …

La série a été diffusée pour la première fois aux USA en octobre 1983. Les audiences ont-elles été bonnes ? Il faut croire que non, puisqu’elle n’a pas été reconduite. Mais il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, CBS l’a programmée le samedi soir, une plage horaire où les adultes sont devant la télé. Or, il ne faut pas se méprendre. Les Petits Génies, même si c’est une série policière, est avant tout destinée aux enfants et aux ados. Penser que les adultes allaient adorer, c’était quand même se fourrer le doigt dans l’oeil. Une case d’après-midi, avec d’autres programmes pour la jeunesse aurait été bien plus appropriée.

Mais surtout, la série a bizarrement déclenché une avalanche de critiques négatives de la part de la presse, reprochant notamment au feuilleton de faire l’apologie du piratage informatique, et d’inciter à se mettre hors la loi en hackant toutes sortes de données confidentielles. Si à cela on ajoute que dans le pilote de la série, les enfants sont surpris en train de profaner une tombe pour vérifier si le cadavre est bien à l’intérieur, ça fait un peu beaucoup pour la bien-pensance américaine. Ce sera pourtant le seul moment glauque, les scénaristes ayant adouci l’écriture à partir du second épisode pour moins mettre nos jeunes aventuriers dans l’illégalité.

Mais le mal était fait, et les critiques n’ont pas aimé. De là à penser que les adultes aient voulu “préserver” leur progéniture en préférant leur faire regarder autre chose le samedi soir qu’un feuilleton qui leur donnerait de mauvaises idées, il n’y a qu’un pas. D’autant plus que Wargames était sorti au ciné quelques mois plus tôt, et avait remporté un joli succès, qui a pu rendre certains parents inquiets de voir leurs enfants plonger dans la délinquance à cause du Commodore du salon.

Et pourtant … quel dommage !! Whiz Kids, ou Les Petits Génies, était une série on ne peut plus inoffensive, pleine d’humour et de naïveté, qui aurait mérité quelques saisons de plus. A l’origine, Philip DeGuere, créateur de la série, avait envisagé de suivre nos ados jusqu’à la fac, et d’accompagner ainsi le développement des technologies. Il n’en aura pas eu le temps … Pourtant, il avait bichonné son projet depuis plusieurs années (bien avant la sortie de Wargames), et s’était entouré de nombreux spécialistes pour que les scénarios, bien qu’exagérés, restent tout de même crédibles.

Je me souviens de l’événement qu’a représenté l’arrivée de la série en France. C’était en avril 1984 sur Antenne 2. Plus grand monde s’en souvient à présent, mais la diffusion de la série a tout de même laissé un beau souvenir à plusieurs nostalgiques, à commencer par votre serviteur. Il n’est pas rare de croiser sur la toile des adultes qui se remémorent avec émotion les exploits de Richie et ses potes, exploits qui ont déclenché un nombre non négligeable de vocations.

J’ai immédiatement été happé par Les Petits Génies, fasciné par leurs enquêtes, et je me souviens que toute la petite bande de mon quartier, filles comme garçons, ne manquait aucun épisode.

Si je vous parle aujourd’hui de cette série, c’est parce qu’après une bonne trentaine d’années d’hibernation, elle retrouve enfin une actualité. Nous n’osions plus y croire, et pourtant c’est arrivé :

la sortie du coffret DVD !!! Depuis plusieurs années en effet, vous faisiez peut-être partie comme moi des personnes qui avaient réussi à récupérer les épisodes sur le net, dans une qualité absolument épouvantable, tirée d’une vieille VHS bouffée par les mites, ayant dormi dans une cave toute humide. Avec une frustration énoooooorme de devoir regarder cette si belle série dans de si mauvaises conditions.

Eh bien réjouissez-vous, les 13 épisodes diffusés en France sont désormais disponible en bonne qualité, avec en plus de beaux suppléments et une présentation soignée. Le mérite revient à de réels passionnés, au premier rang desquels notre ami Jean-François, alias SK2000, fan number ouane de la série. Tellement fan qu’il en a conçu un super blog : http://les-petits-genies.over-blog.com. Il n’a pas ménagé ses efforts pour que sorte enfin ce petit bijou. Bravo également à Elephant Films, qui a tenté le pari de sortir ce coffret, et qui régulièrement nous régale avec ses séries oubliées, enfin disponibles en DVD (Holmes et Yoyo, Punky Brewster, Tonnerre Mécanique …).

L’image est de bonne qualité … Bon, ne vous attendez pas à de la haute définition Blue Ray, mais au moins, vous pourrez visionner la série dans de bonnes conditions, sans sauts d’images ni grésillements. Le livret est soigné et agréable, et contient plusieurs interviews effectuées par SK2000. Il y a même quelques sympathiques suppléments, preuve que le travail n’a pas été bâclé.

Au rayon des déceptions, bien sûr, on peut déplorer que seuls les 13 épisodes doublés en français sont présentés, il ne s’agit donc pas de l’intégrale. On aurait aimé avoir les 5 autres épisodes, ne serait-ce qu’en VO sous-titrée. Mais visiblement, Universal, qui détient les droits aux USA, n’a pas jugé bon d’apporter une quelconque aide pour la conception de ce coffret, et il faut croire que les français sont bien plus nostalgiques des Petits Génies que les américains. Tant pis … espérons qu’un jour sorte une véritable intégrale, avec l’ensemble des épisodes.

Mais en attendant, si vous avez été marqué par les Whiz Kids, je vous conseillerai fortement de vous laisser tenter par ce coffret, ne serait-ce que pour soutenir les initiatives de cet éditeur méritant. Je vous assure que vous ne serez pas déçu !!! C’est un vrai plaisir de se replonger dans ces aventures, et d’accompagner Richie dans ces bidouillages qui nous paraissent tellement … préhistoriques !

Pour tout savoir sur Les Petits Génies : résumé et analyse des épisodes, interviews, documents inédits, une seule adresse : http://les-petits-genies.over-blog.com. Merci à SK2000 pour les images qu’il nous a fournies pour cet article.

Pour plus d’informations vers les publications de l’éditeur : http://www.elephantfilms.com/

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