The Breakfast Club, les grands débuts du Brat Pack !

“M. The Breakfast Club Brat Pack années 80Vernon, nous acceptons d’avoir à sacrifier tout un samedi en retenue puisque vous pensez que nous avons fait quelque chose de mal. Mais nous trouvons absurde le sujet de dissertation que vous nous avez donné : “Qui pensez-vous être ?”. Qu’est-ce que ça peut vous faire ? Vous nous voyez comme vous voulez bien nous voir. Parce que c’est plus simple, et parce que ça vous arrange … Vous nous définissez comme un surdoué, un athlète, une détraquée, une fille à papa, et un délinquant. Vrai ou Faux ?”

Ainsi commence le film qui a marqué une génération de jeunes américains. Cette introduction inhabituelle est le fil conducteur d’un long-métrage qui posa les bases de ce qu’on appellera les teen-movies. C’est-à-dire les films où des ados parlent aux ados, que ce soit de manière drôle, sérieuse, émouvante, ou dramatique.

The Breakfast Club est un film incontournable aux USA. Lors de sa sortie début 1985, bon nombre de teenagers se sont en effet identifiés à ses protagonistes, jusqu’à en faire un mini-phénomène de société. Réputation un peu exagérée pour un film qui n’avait certainement pas la prétention de bouleverser autant de monde, mais il faut reconnaître que son succès est bien mérité.

The Breakfast Club Emilio Estevez Molly Ringwald années 80

Porté par des acteurs aussi jeunes que talentueux, The Breakfast Club lance la carrière de comédiens prometteurs qui formeront le fameux Brat Pack, un groupe d’acteurs qui dans les années 80 nous offriront un paquet d’excellents films tels que “St Elmo’s Fire”, “une Créature de rêve” ou “Rose bonbon”.

L’histoire se passe dans un lycée de l’Illinois, un samedi de 1984, jour où habituellement les lycéens n’ont pas cours. Sauf que 5 ados se retrouvent collés pour différents motifs, et sont donc forcés de cohabiter dans une salle de classe, sous la surveillance  étroite d’un professeur tyrannique. Jusque là, rien de super original, et surtout rien qui s’annonce palpitant.

The Breakfast Club Ally Sheedy Molly Ringwald années 80

D’autant plus que pour les besoins du film, les personnages sont clichesques : 5 adolescents totalement stéréotypés, représentatifs de la jeunesse américaine de l’époque. Aux antipodes les uns des autres, rien ne laisse penser qu’ils puissent passer du temps ensemble, et plus encore, se trouver des affinités.

The Breakfast Club Anthony Michael Hall Emilio Estevez Molly Ringwald années 80

Passons-les en revue, je vous prie :

L’intello freluquet : classique dans tous les lycées, l’intello est le gars peu sûr de lui, moqué par les élèves branchés, à la vie sentimentale inexistante. Fréquentant le club d’échecs, les ateliers de science et autres hauts lieux palpitants, il consacre sa jeunesse à ses études, la prépa de son université et son avenir professionnel qui s’annonce brillant. En général, c’est le gars qu’on a un peu honte de côtoyer. Dans le film, il s’appelle Brian, et est interprété par Anthony Michael Hall.

The Breakfast Club Anthony Michael Hall années 80

L’athlète : changement d’ambiance. Ici on a le beau mec, le sportif, celui qui fait craquer les minettes avec sa veste Teddy flanquée de son gros S majuscule. Il est soit basketteur, soit footballeur, ou hockeyeur si le film se déroule chez les caribous. Dans le Breakfast Club, c’est champion de lutte. Confiant et populaire, il s’appelle Andrew et est interprété par Emilio Estevez. Il est pas mauvais élève, mais ses résultats scolaires ne sont rien en comparaison de ses performances sportives.

The Breakfast Club Emilio Estevez années 80

Le délinquant : il fallait un cancre, le voilà ! John est bien plus qu’un mauvais élève. C’est le cas désespéré du lycée. Collé en permanence, et se foutant royalement de ses études et de son avenir déjà bouché, il vit au jour le jour, sans but ni objectif, au grand dam de ses profs qui le considèrent comme une cause perdue. Solitaire, misanthrope et désabusé, il cogne d’abord et discute ensuite, et méprise profondément tous ces ados qui rentrent dans le rang. Il est interprété par le bôôôôôoo Judd Nelson.

The Breakfast Club Judd Nelson années 80

La fille à papa : c’est la victime de la mode. Gosse de riche, elle mise tout dans le paraître, se fringue dernier cri, porte des bijoux pas du tout en toc et se maquille comme un carré d’as. Mais sous ses airs de gourgandine reine du bal de promo que tous les mecs semblent s’arracher, c’est une petite Sainte-Nitouche restée dans le rôle de la princesse à son papa, papa qui possède un train de vie suffisamment confortable pour la gâter au premier caprice. Dans le film, elle s’appelle Claire, et est interprétée par la ravissante Molly Ringwald.

The Breakfast Club Molly Ringwald années 80

La foldingue : pour compléter notre équipe, voici l’artiste ! Enfin, artiste, façon de dire poliment qu’elle est complètement barrée, et que sa réputation fait plutôt d’elle une détraquée, que beaucoup verraient plus à l’asile que dans un lycée. Imprévisible, ultra sensible, elle peut être d’un calme olympien pendant des heures, concentrée dans ses dessins ou ses sculptures, et d’un seul coup partir en vrille en hurlant et en cassant tout sur son passage. On a tous connu des originaux de ce genre dans notre jeunesse. Ici, elle s’appelle Alison, et c’est Ally Sheedy qui tient le rôle.

The Breakfast Club Ally Sheedy années 80

Voila pour notre joli Club du Petit-Déjeuner. Comme je vous avais dit, les personnages sont stéréotypés, et respectent à la lettre les codes et les règles qui incombent à leur rang ou leur statut social. Au premier abord, on peut se dire que ce cocktail de clichés va nous amener à des situations convenues, des gags burlesques, voire des séquences un peu lourdingues. Et bien que nenni, chers lecteurs. Plutôt que de se faire la guerre, nos cinq ados opposés vont dialoguer, se rapprocher, et l’espace de quelques heures, devenir totalement complices.

The Breakfast Club années 80

En fait, ces heures de colle ne seront pas mises à profit pour plancher sur la dissert de 1000 mots imposée par le prof : “Qui croyez-vous être ?”, mais sans s’en rendre compte, nos 5 ados vont approfondir la question bien plus qu’ils ne l’imaginaient. Bien sûr, rien ne sera simple. Les engueulades vont s’enchaîner, les réflexions vexantes vont fuser, et les larmes vont couler chez les filles comme chez les mecs. Mais au fil du film, on se rend compte que nos 5 protagonistes ne sont pas si différents que ça, et qu’ils obéissent chacun, qu’ils le veuillent ou non, à une pression sociale qui les “empêche” d’être amis.

The Breakfast Club années 80

Une jolie minette un peu pimbêche ne doit en effet pas côtoyer un mec craignos. A l’inverse, un mec rebelle s’interdira de sortir avec une fille à papa, un champion de sport ne voudra jamais traîner avec des potes trop intellectuels, etc …

Pourquoi ? Parce que le regard des autres, le “qu’en dira-t-on ?”, la vision qu’on porte sur soi-même et l’image qu’on veut donner de notre petite personne … Tout cela nous empêche de nous ouvrir à qui n’est pas comme nous, et nous fait passer à côté de belles amitiés. Tous les ados ont malheureusement le point commun d’obéir à une classification dictée par les adultes, les profs, les parents, et tout ce qui peut symboliser l’autorité.

The Breakfast Club années 80Ainsi John, le rebelle, se fait régulièrement cogner par son père, et entend à l’envi c’est un bon à rien. Comment voulez-vous qu’à force, il n’en soit pas lui-même persuadé ? Idem pour Andrew, le sportif, qui se rend compte qu’il joue au gros costaud juste pour plaire à son père, qui a horreur des mauviettes, et qui veut absolument un fils à son image.

Nos 5 amis se rendent vite compte qu’ils ont été façonnés depuis l’enfance comme le souhaitaient les adultes, au mépris de leur originalité, leur créativité, leur libre arbitre. “Tu seras un gros dur champion de foot”, “Tu seras ma princesse pourrie gâtée”, “Tu seras un génial scientifique”, “Tu seras une artiste totalement incomprise”, “Tu ne seras jamais qu’un bon à rien !”.

Telles sont les phrases entendues pendant des années, et qui ont forcément influencé la manière d’être de nos adolescents. Même la raison pour laquelle ils se retrouvent collés est représentative de leur personnalité !

The Breakfast Club Judd Nelson Anthony Michael Hall Brat Pack

Plutôt que de surfer sur les clichés mis en place au début du film, les acteurs et le réalisateur John Hughes s’en sont nourris pour rendre l’histoire palpitante, entre réflexions existentielles, voire philosophiques, et purs moments de délires entre jeunes. Il y a certes un peu de moments potaches, comme dans de nombreux teen-movies. La scène de pétage de plomb où les 5 jeunes dansent et se lâchent dans la salle de retenue est notamment un peu longue.

Mais dans l’ensemble, on se prend d’affection pour ces 5 jeunes qui, l’espace d’une journée, perdent leurs repères, oublient leur préjugés et se laissent aller à des confessions, des amitiés, et une solidarité qu’eux-mêmes n’auraient jamais soupçonné posséder … avant vraisemblablement de retourner dans leur vie “préformatée” dès le lendemain.

The Breakfast Club Brat Pack

Bien entendu, aujourd’hui, pour les adultes que nous sommes, l’histoire de ces cinq jeunes gens se regarde avec amusement. Mais à l’époque, on comprend parfaitement l’effet d’un tel film sur les ados américains, et l’engouement qu’il a pu déclencher sur des teenagers enfants de baby-boomer, une génération X un peu à côté de ses pompes. Car à la fin du film, le spectateur est pris au piège, et ne peut s’empêcher de se remettre en question : “Qui croyez-vous être ?”

Le sommet du film est la dernière scène, un grand moment de cinéma 80’s. Épilogue d’une journée qui a vu 5 ados parler, pleurer, crier, se confier avec leurs tripes, la dissertation est rendue au nom du Breakfast Club, avec pour bande son le superbe « Don’t you forget about me ? » des Simple Minds. De quoi filer des frissons !

The Breakfast Club Brat Pack années 80Prions pour que The Breakfast Club ne subisse pas de remake à la sauce 21ème siècle. Jamais ça ne pourrait être crédible. Les jeunes de 1984, enfermés dans une salle de colle, n’avaient pas d’autre choix que de parler entre eux pour passer le temps. Aujourd’hui, les jeunes (et moins jeunes) préfèrent rester les yeux rivés sur leur smartphone plutôt que d’adresser la parole à quiconque ne s’apparente pas à leur cercle d’ami ou leur communautarisme. Alors vous êtes gentils, messieurs les scénaristes contemporains, mais soyez sympa : foutez au moins la paix à ce film.

The Breakfast Club, suivi de quelques mois par “St Elmo’s Fire”, que je vous conseille également de visionner, sont les films fondateurs de la saga du Brat Pack.

Grâce à ces deux films, Hollywood nous a offert une génération d’acteurs très doués : Antony Michael Hall, Emilio Estevez, Demi Moore, Judd Nelson, Moly Ringwald, Ally Sheedy, Rob Lowe, et d’autres encore. Pas forcément des superstars (à part Demi Moore), mais des valeurs sûres du box office, qui ont largement tiré leur épingle du jeu, et qui aujourd’hui encore sont régulièrement à l’affiche.

La saga du Brat Pack a vu d’autres acteurs comme Matthew Broderick, Matt Dillon ou Andrew McCarthy se greffer aux membres permanents. Au final, toute une génération de comédiens peut dire merci à cette vague de fraîcheur du cinéma américain du milieu des années 80.

The Breakfast Club Brat Pack années 80

The Breakfast Club est passé quasiment inaperçu en France, se forgeant une réputation de film culte sur le tard. Mais aux USA, le succès fut assez fulgurant, le film engrangeant plusieurs dizaines de millions de dollars, belle prouesse quand on sait qu’en 1985 la concurrence était rude au cinéma, avec Retour vers le Futur, Rambo 2, Rocky 4, les Goonies entre autre gros succès . Sa grande force a été de donner la pêche à un public pris par surprise, en le faisant entrer volontiers dans ce club à la fois ouvert et confidentiel, où chacun s’est forcément identifié à un des protagonistes.

Et finalement, chacun se rend compte que la réponse se trouve dans la dissertation rendue par nos 5 membres du Breakfast Club : “Nous, nous avons trouvé une définition très simple : chacun de nous est à la fois un surdoué, et un athlète, et une détraquée, et une fille à papa, et un délinquant. Ça vous va ? Signé : Breakfast Club”. Pas mal comme conclusion, non ?? 😉

 

 

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