Dans les années 80, je suis tombé amoureux d’une chanteuse allemande aux yeux de rêve et à la voix envoutante.
Épris de la jolie demoiselle, j’avais inscrit son prénom sur mon sac US et, mon walkman sur les oreilles, j’écoutais inlassablement ses chansons pop-rock enregistrées sur cassette audio.
Nena, car c’est de elle qu’il s’agit, a ainsi “partagé” ma vie d’adolescent pendant quelques années. Croyez moi d’ailleurs si je vous dit aujourd’hui, à l’aube de l’année 2010, que sa beauté ne me laisse toujours pas indifférent et que des frissons parcourent encore mon corps à l’écoute de ses chansons cultes.
Gabrièle Suzanne Kerner, plus connue sous le nom de Nena (car ses parents l’appelait Niña lorsqu’elle était enfant), est donc une chanteuse allemande née à Hagen le 24 mars 1960.
Après un début de carrière assez confidentiel, elle créée son propre groupe en 1981 avec son compagnon du moment, Rolf Brendel. Du premier album aux accents post-punk issu de cette collaboration vont sortir deux singles durant l’année 1983 : “Lechtturm” et “99 Luftballons”.
Très rapidement, ce dernier titre devient numéro un des ventes en Allemagne mais également dans de nombreux autres pays comme l’Angleterre, les Etats-Unis (primé disque d’or pour la version anglaise), la France etc…
“99 Luftballons” est une chanson dont la musique a été composée par Uwe Fahrenkrog-Petersen, le pianiste du groupe et dont les paroles ont été écrites par le guitarise, Carlo Karges. Morceau emblématique de toute une génération éprise de liberté dans un monde cloisonné par les tensions politiques, ce titre a acquis musicalement pour toujours ses lettres de noblesse.
Souvenons nous qu’en 1983 la guerre froide régnait depuis presque 40 ans sur le monde…
Les Etats Unis et l’Union Soviétique étendaient respectivement leur idéologie culturelle, politique et militaire sur tous les pays.
Dans un souci frénétique de domination, la course aux armements entre les deux camps était une priorité absolue et la menace nucléaire une épée de Damoclès sur les différents protagonistes.
C’est ainsi que dans l’Allemagne meurtrie, des missiles ont été installés des deux cotés du mur de Berlin : Des SS-20 de moyenne portée soviétiques ont été déployés sur le territoire de la RDA prêts à détruire, en une seule frappe, les principales villes d’Europe de l’Ouest alors que des missiles Pershing II ont eux été implantés en RFA pour prévenir toute action inconsidérée diligentée de l’autre coté du rideau de fer.
C’est dans ce contexte que “99 Luftballons” raconte l’histoire de 99 ballons de baudruche flottant dans le ciel qui, parce qu’ils sont identifiés comme dangereux par les forces militaires d’un pays, vont être abattus par 99 avions de chasse.
Se croyant menacés les autres pays ripostent et c’est le début de 99 années de guerre qui n’entrainent que ruine et désolation dans le monde.
La chanson ne fait donc que dénoncer les absurdités des guerres qui, pour des pécadilles, peuvent entrainer la planète vers un avenir apocalyptique dont personne ne saurait sortir vainqueur.
Moi, en 1983, j’étais loin de ces préoccupations d’adultes. C’est avec curiosité que j’ai d’abord apprécié musicalement ce titre pop-rock d’outre-Rhin entendu pour la première fois sur les ondes des radios FM. Quel bonheur d’écouter à fond la caisse les irresistibles gimmicks du refrain. Quelle intensité dans l’incomparable voix de Nena s’envolant vers les cieux accompagnée des sons raides et acerbes de la guitare électrique, du synthé et de la batterie.
Après l’achat de l’album, j’ai longtemps écouté en boucle “99 Luftballons” en m’agitant frénétiquement sur le rythme endiablé du morceau et en baragouinant les paroles sur un micro fictif. En fait ne parlant pas un mot de la langue de Goethe, les mots n’avaient alors aucune signification pour moi et, finalement, je ne faisais que chanter la première phrase du refrain (“neun und neunzig luftballons” ). Le reste n’était qu’un charabia totalement incompréhensif mais tellement entraînant et si prenant.
C’est bien plus tard, durant mes études universitaires, que je me suis réellement intéressé au sens de la chanson après avoir rencontré une autre jolie allemande. Ce n’était pas Nena mais Anke. Nous avons partagé beaucoup de belles choses ensemble et, à de multiples égards, elle me fit découvrir, à moi Rémy, la culture germanique dont faisait partie Nena. Elle me traduisit tout naturellement à ma demande les paroles de la chanson qui alors prirent toute leur dimension symbolique. Un hymne pacifiste dans une musique rock.
Quel choix judicieux d’avoir mis en scène de simples ballons de baudruche, innocents jouets d’enfants, en comparaison de l’agressivité des combats initiés par la cupidité et la soif de pouvoir des hommes.
Au regard de son succès planétaire, la chanson a bien sûr fait musicalement l’objet de nombreuses reprises, comme avec le groupe américain Goldfinger.
Le cinéma se l’est aussi appropriée puisqu’on peut l’entendre dans de nombreux films (par exemple Sex Academy en 2001, La 
Beuze de Michael Young en 2003 ou Le dernier gang d’Ariel Zeitoun en 2007), dans la série télévisée Scrubs ainsi que dans un épisode des Simpsons où Homer est contraint de chanter le refrain devant des touristes allemands.
Et puis que dire de ce téléspectateur qui, en 2006 après le désastre de l’ouragan Katherina, donna, dans le cadre d’une oeuvre caritative organisée par une chaine cablée américaine, 35000 dollars pour que cette dernière diffuse en continu la chanson pendant une heure dans ses versions allemandes et anglaises.
Dans la foulée du succès acquis grâce à ce morceau d’anthologie, Nena sort en 1984 l’album Fragezeichen avec les excellents titres “Rette Mich” et “Irgendwie, Irgendwo, Irgendwann” qui connaitront également une belle carrière.
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Malheureusement, le groupe se sépare en 1986 et Nena entame alors une carrière solo avant de l’interrompre ensuite pour donner naissance à cinq enfants (Christopher Daniel qui décédera à l’âge de 11 mois, les jumeaux Larissa Marie et Sakias Manuel puis Samuel Vincent et Simeon Joel).
Elle a fait son grand retour sur la scène musicale en 2002 avec la sortie d’un nouvel album dont le titre phare, “Liebe ist…”, a atteint la première place des ventes dans son pays. Elle a également participé à d’autres actions en prêtant par exemple sa voix à la princesse Selenia dans la version allemande d’Arthur et les minimoys ainsi qu’à la dragronne Saphira dans le film Eragon.
Durant l’été 2009, la chaine franco-allemande Arte demanda à Nena de réenregistrer la chanson “99 Luftballons” dans le cadre de la campagne “Summer 80’s”. J’ai pu ainsi redécouvrir avec plaisir ce titre, d’une part grâce à de nouveaux arrangements musicaux et, d’autre part, du fait de l’interprétation somptueuse de deux couplets en français. Quel immense bonheur de revoir la toujours très séduisante chanteuse allemande.
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Que dire de plus sinon que j’ai eu plaisir à vous parler de Nena, une de mes idoles d’adolescent. Elle a eu, et garde encore à bien des égards, une place particulière dans mon coeur. Danke Nena !
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