Parmi les courants musicaux majeurs des années 80, le hard-rock tient une place non négligeable, au même titre que la New Wave ou la House. La France n’a jamais vraiment été la terre de prédilection de cette musique, mais dans le reste de l’Europe et aux USA, quand on parle de rock péchu, le hard est aux 80’s ce que le punk était aux 70’s, ou le grunge aux 90’s.
Et vous savez quoi ? Chez Eighties, les admins (qui sont aussi rédacteurs à leurs heures perdues) sont grands fans de cette zique. Et bizarrement, jamais nous n’avions osé mettre à l’honneur l’un de ses représentants. Lacune que nous souhaitons corriger dès aujourd’hui, ça nous permettra en plus de nous faire plaisir !
En fonction de nos humeurs (et de votre enthousiasme), on vous fera découvrir divers groupes marquants de la décennie. Bon, on commence par qui ? J’ai bien pensé vous parler de Sépultura ou Cannibal Corpse, mais après en avoir parlé à la rédac’chef, apparemment, cépapotib’
Alors place à nos chouchous, un groupe emblématique des années 80, qui est toujours en activité : Mötley Crüe !!
Motlécrou ? Kézaco ?
Mötley Crüe est un groupe qui résume à lui seul tout le fun et l’insouciance qui se sont emparés des années 80. Par sa musique, ses excès, ses scandales, et malheureusement ses drames, il est l’archétype du groupe qui multiplie les frasques, fascine les fans et fait peur aux mémés. L’expression “Sex, Drugs and Rock’n’Roll” semble avoir été créée pour eux !
Mötley Crüe, c’est avant tout 4 membres : Nikki Sixx à la basse, Mick Mars à la gratte, Vince Neil au chant et Tommy Lee à la batterie. Ces 4 gamins (ils avaient une vingtaine d’années) se sont rencontrés à la sortie du lycée. ça se passait en 1981 à Los Angeles, une ville qui plus tard verra éclore des dizaines de groupes du genre, tels que Wasp, Ratt, Poison ou les Guns N Roses. L’influence de la première vague de hard/glam rock des années 70 est évidente : Alice Cooper et Kiss pour la mise en scène choquante et spectaculaire des concerts, et Sweet, T-Rex et les New York Dolls pour les paillettes, le maquillage et les looks hermaphrodites. Saupoudré d’un soupçon de punk pour l’insolence. Mais avant tout, une petite présentation des membres.
Nikki Sixx, le bassiste.
C’est l’âme du groupe, sans lesquels Mötley Crüe n’aurait pas cette tonalité si fun, si “californienne”. Depuis sa rencontre avec Tommy, il a toujours fait partie du groupe, et n’a jamais quitté le navire même pendant les tempêtes. C’est à lui que l’on doit la plupart des compositions et des paroles. C’est aussi, à ce qu’il parait, le beau gosse du groupe, celui qui avait le plus de succès auprès de groupies. Détail qui a son importance 😉
Mick Mars, le guitariste.
Plus âgé que les autres (il a 30 ans lors de la fondation de Mötley Crüe), c’est aussi le plus discret, le plus effacé, et le plus mâture. Il a su traverser les décennie sans trop faire parler de lui, si ce n’est par sa spondylarthrite ankylosante, une maladie rare détectée à ses 17 ans, qui l’oblige à rester statique en concert depuis plusieurs années, et à adopter cette posture quasiment cadavérique. Dans les années 80, période bénie des guitar-heroes, il fut régulièrement moqué pour son jeu de guitare simpliste et sa technique limitée. Mais ce que ses détracteurs taisent, c’est sa capacité à nous trouver des riffs qui tuent à la pelle, et de composer des mélodies de guitares terribles de simplicité, mais hyper efficaces.
Vince Neil, le chanteur
Le blondinet de la bande, il est immanquablement reconnaissable au milieu de tous ces bruns ! Adepte de la péroxydation capillaire, il sera le plus “victime de la mode” tant ses maquillages et ses frusques sont poussés à l’extrême !
Sa voix est aussi très reconnaissable dès lors qu’on a écouté quelques albums. C’est peut-être pas le meilleur chanteur du monde (sa voix est parfois assimilée à celle d’un canard :p), mais que voulez-vous, Mötley Crüe, c’est cette voix et aucune autre.
Tommy Lee, le batteur
Plus connu en France pour avoir été Monsieur Pamela Anderson que pour avoir été le batteur d’un des plus grands groupes de hard, Tommy Lee cultive les excès en tout genre depuis les débuts du groupe, avec à la clé quelques passages par la case Prison. Niveau batterie, en revanche, on a affaire à un sacré monstre de technique. Son originalité est de nous avoir à quelques reprises gratifiés de solos de batterie en centrifugeuse, c’est-à-dire dans un manège géant qui tourne à 360° au dessus de la scène. Sensationnel ! Et petit détail dont vous vous foutrez comme de votre premier fûtal en léopard, mais le pseudo de votre serviteur, brillant rédacteur de cet article, nous vient tout droit de Monsieur Tommy Lee himself, et qu’il en est particulièrement fier (votre serviteur, pas la rockstar, voyons !)
En 1981, nos 4 compères de Mötley Crüe (signifiant littéralement “l’équipage bariolé”, ce qui leur convient plutôt bien) ne chôment pas et enregistrent un premier album “Too Fast for Love”, tout d’abord autoproduit à quelques milliers d’exemplaires, puis relayé par un label qui distribue leur galette en vinyle à grande échelle. La mayonnaise prend aussitôt à Los Angeles, puis aux États-Unis. Après une première tournée en Amérique du Nord où le groupe s’illustre déjà par ses frasques et ses excès (les chambres d’hôtel s’en souviennent encore), en 1983 parait le second album, qui sera un coup de maître : “Shoot at the Devil”.
Cet album possède non seulement un son très heavy, qui lui vaudra le respect des amateurs de hard rock plus brutal, mais le Crüe met également le paquet sur l’imagerie “pseudo sataniste”, et se pare en concert et dans ses clips de cuir, de clous, de chaînes, dans une ambiance “Tout feu tout flamme”. Bon, des satanistes qui abusent de mascara et de gloss, ça fait un peu marrer, mais le groupe possède un temps d’avance sur les autres groupes de L.A. et ne se gène pas pour récolter le succès qui va bien.
Voici le clip le plus représentatif et le plus hilarant de l’album … Clip que l’on pourrait sous-titrer “4 drag-queens contre les ninjas”. Je vous rassure, il est à prendre au second degré ! 😉 Cette chanson doit parler aux adeptes du jeu vidéo GTA !
“Too young to fall in love”
La critique applaudit, MTV s’acoquine avec le groupe et le diffuse jour et nuit, le public européen succombe à son tour. Au bout de deux albums, Mötley passe du statut de groupe à bar miteux à superstar confirmée qui remplit des grandes salles partout où il passe. Les dollars pleuvent comme des petits pains (tiens, c’est mignon cette expression, j’me la garde :D), les fans se multiplient, et les filles font la queue par dizaines dans les coulisses pour une séance de brouette tonkinoise. Revers de la célébrité, l’alcool et la drogue s’incrustent par valises entières dans le quotidien de nos 4 rockstars qui, du haut de leur 22 ans, sont incapables de résister à la tentation.
Un premier drame survient malheureusement une nuit de décembre 1984, lors d’une fête organisée par Vince Neil avec plusieurs membres du groupe Hanoï Rocks. En fin de soirée, complètement ivre, Vince décide de se rendre au magasin d’alcool à bord de sa voiture pour faire le plein (pas le plein d’essence, vous imaginez bien). Il perd le contrôle de sa voiture, percute une autre caisse venant en sens inverse, et le tout se finit dans un fracas de tôle froissée. Deux passagers sont gravement blessés, et surtout … Nicholas “Razzle” Dingley, le batteur de Hanoï Rocks meurt quelques heures plus tard à l’hôpital. Vince Neil s’en tire avec 30 jours de prison (ce qui est bien peu), 2,6 millions de dollars de dommages, et 5 ans de mise à l’épreuve. Tristes ravages de l’alcool au volant …
Le groupe, très affecté, se remet tout de même au boulot, et nous sort un troisième album en 1985, “Theatre of Pain”, dédié à Razzle. Cet album est musicalement inférieur à son prédécesseur. Quand vous réécoutez les disques originaux non remastérisés, le son a assez mal vieilli, et la production souffre un peu. Le côté heavy est également laissé de côté pour des sonorités bien plus glam. Mais cet album permet quand même de conquérir de nouveaux fans, notamment féminins, grâce à une superbe chanson, Home Sweet Home, considérée comme une des plus belles power ballades métalliques :
“Home Sweet Home”
Une tournée gigantesque s’ensuit (pour la première fois, Mötley se produira en tête d’affiche en Europe), et le groupe, loin d’être calmé par la mésaventure de son chanteur, abuse de plus belles de son statut de rock star et de ses travers inhérents.
En 1987, le summum est atteint, avec la sortie de l’album “Girls, Girls, Girls”. D’une part, l’album est excellent, contenant une belle quantité de tubes, parmi lesquelles “Girls, Girls, Girls”, “You’re all I need” ou “Wild Side”. Le son est plus rock, parfois bluesy comme en témoigne la reprise survitaminée de “Jailhouse Rock” d’Elvis. D’un autre côté, le groupe est plus que jamais en proie aux addictions, et tout particulièrement l’héroïne. Ce qui vaudra une overdose quasi-fatale à Nikki Sixx, retrouvé inanimé chez lui le 23 décembre 1987.
Déclaré mort pendant deux minutes, il ne doit sa miraculeuse réanimation qu’au médecin de l’ambulance, grand fan de Motley Crue, qui, dans un geste désespéré, lui injecta deux doses d’adrénaline dans le cœur, et parvint à le ramener à la vie.
Cette fois-ci, la leçon semble avoir été retenue. Une partie de la tournée est annulée (dont les dates prévues en Europe), et le groupe dans son ensemble entame un gros travail pour combattre les vieux démons. Oui, en gros, c’est cure de désintox pour tout le monde. Qui semble fonctionner, du moins temporairement. Les 4 rockeurs reviennent à peu près sobre pour l’enregistrement de leur cinquième album, qui deviendra un énorme blockbuster, encore plus gros que les précédents disques : “Dr Feelgood”. Ce disque marquera l’apogée du groupe. Un succès encore plus important pour ce disque, qui se vendra à plus de 6 millions d’exemplaire rien qu’aux USA !
Parmi les titres de l’album, de nombreux tubes, comme “Dr Feelgood”, “Without You”, une ballade écrite par Nikki Sixx en l’honneur de la romance entre Tommy Lee et Heather “Melrose Place” Locklear, “Don’t go away mad … Just go away”, et surtout “Kickstart my heart”, un hymne ultime, pur moment de rock n roll déchaîné, repris systématiquement par les fans en concert. Ce titre, comme son nom l’indique, a été composé par Nikki en souvenir du fameux redémarrage de son cœur à coup d’adrénaline !
“Kickstart my heart”
Nous sommes en 1990, la décennie 80 s’achève de manière idéale pour Mötley Crüe. Le groupe cartonne en concert et sur les ondes, la tournée mondiale est couronnée de succès, les 4 membres sont calmés (c’est relatif, hein, n’allez pas conclure qu’ils se sont mis au lait-grenadine et au canevas 😀), et Mötley apparaît comme une famille, 4 amis qui se sont serrés les coudes dans les moments durs, pour se sortir de leurs problèmes (dont ils sont les seuls responsables, bien sûr, pas question de les plaindre, hein ?).
Pour boucler la boucle, une compil atterrit dans les bacs des disquaires en 1991. Elle reprend tout ce que le groupe a fait depuis 10 ans, et s’appelle à juste titre “Decade of Decadence”. Ça permet aux nouveaux fans (glanés avec le méga succès Dr Feelgood) d’avoir un aperçu de la carrière du groupe. C’est le disque que je recommande à toute personne désireuse de s’initier au groupe.
Le groupe est d’attaque, et s’apprête à s’élancer dans une nouvelle décennie pleine de promesses. Mais malheureusement, la machine s’enraye. Début 1992, Vince Neil ne fait plus partie de Motley Crue. Est-il parti de son initiative ? A-t-il été viré ? On ne sait pas trop, les versions divergent.
Les avocats entrent en lice, la presse relaye leur gueguerre … elle est belle la famille, tiens … Vince se consacre aussitôt à quelques projets parallèles, tandis que Mötley Crüe sort un nouvel album en 1993 avec John Corabi au chant. Et on s’aperçoit qu’effectivement, le son est différent.
Il n’est plus question du Mötley Crüe des débuts, celui du fun californien, des plages, des filles et de la fête. Le son est plus sombre, cédant presque aux sirènes du grunge, dont les représentants (Nirvana, Pearl Jam, Alice in Chains) sont en pleine exposition. Mais ce n’est pas ce qu’attendent les fans. Malgré les qualités indéniables de l’album (en toute objectivité, Corabi chante mieux que Neil), le groupe se plante lamentablement, et le disque fait un joli bide. Vince Neil se pavane, et se retrouve réintégré au groupe en 1997, pour un nouvel album qui cette fois-ci a une sonorité electro-industrielle. On ne connait pas la proportion entre sincérité et opportunisme des 4 réunis, mais l’album ne marche pas beaucoup mieux que le précédent.
Pendant ce temps, au rayon people, Tommy Lee s’arrête à Malibu et épouse Pamela Anderson. Ils ont deux enfants, la vie est belle, mais rapidement, le mâle, y bout, et a tendance à confondre son épouse avec ses fûts de batteries. Il se retrouve en prison pendant 6 mois. Les 90’s tournent au cauchemar pour Mötley Crüe, qui en quelques années, passe de groupe superstar chouchou de MTV à has-been complets pathétiquement empêtrés dans les faits divers et les procès. La prison permettra à Tommy Lee de réfléchir sur ce qu’il veut vraiment faire, et en 2000, il décide de quitter Mötley pour se consacrer à ses projets solos, à base de rap, d’électro et de fusion. Methods of Mayhem que ça s’appelle. Malgré l’admiration que j’ai pour le bonhomme, inutile de dire que j’ai trouvé cette zique bien pourrave …
Au départ de Tommy, Mötley sort un nouvel album “New Tatoo”, avec Randy Castillo à la batterie. Le retour à la zique originale du groupe est opéré, et on retrouve ce son glam’n’roll typique au groupe. Mais les fans ont décidé que Mötley Crüe sans un des 4 membres originaux n’est pas Mötley Crüe, et boudent l’album. Dommage, car je le trouve vraiment bien fichu, très fun, très insouciant …
On croit bien à la dissolution de Motley Crue au début des années 2000 … en panne d’inspiration, sans line-up fixe, sans actualité, le groupe semble au point mort, condamné à ne plus avancer.
L’inespéré se produit en 2005, lorsque les 4 compères se réunissent, mettent leurs différents de côté et décident de lancer une tournée américaine de grande ampleur, qui s’avèrera être reçu 5/5 par le public. Retour à l’insouciance et aux concerts grandioses, et aux studios : l’album que l’on attendait plus “Saints of Los Angeles” arrive en 2008, et reçoit un accueil plus que convenable. Le groupe effectue plusieurs tournées mondiales, et donne même 3 concerts en 3 ans en France, alors qu’il n’était plus venu par chez nous depuis 1989. La famille semble reconstitué, et ça fait plaisir à voir !
Bon, cela dit, on va démystifier un peu, et reconnaître l’évidence. Ces tournées et ces disques récents restent le meilleur moyen pour les 4 trublions de payer les factures, ou de s’offrir la dernière voiture sportive. L’attrait financier est bien réel, et Mötley Crüe et son glorieux passé constituent une belle poule aux œufs d’or pour 4 quinquagénaires qui n’ont jamais réussi à cartonner en solo.
La famille Mötley Crüe, l’amitié “A la vie, à la mort” de nos 4 rockeurs, je n’y crois plus vraiment, et la grosse majorité des fans ne sont pas dupes. Mais ce qu’on ne peut leur enlever, c’est la claque reçue en concert. OK, c’est plus devenu un boulot que leur passion, mais le boulot est fait, et de manière irréprochable. Les concerts au Hellfest 2012 et au Zénith de Paris ont été superbement interprétés, le groupe a joué sans retenue, heureux d’être là, sortant l’artillerie lourde, les effets pyrotechniques, et gardant une complicité avec le public qui elle, n’est pas feinte.
Je n’ai pas connu la période dorée du Heavy Metal dans les années 80, ma dizaine d’années ne me permettait pas d’en profiter pleinement 🙂 C’est un peu plus tard, au début des 90’s, que j’ai découvert le hard, et cherché à combler mes lacunes. Et c’est avec la scène de Los Angeles qui j’ai eu la révélation : Guns N Roses, Wasp, Poison, Mötley Crüe … tous ces groupes étaient tellement funs, insouciants, et doués musicalement ! Tant pis s’ils étaient devenus démodés, c’est vraiment le son qu’il me fallait à l’époque. Et qui ne m’a plus jamais lâché.
Ce qui devait arriver arriva en 2015 : Motley raccroche. Tournée d’adieu, superbement nommée “Les mauvaises choses ont une fin”. Pas de nouvel album pour l’occasion, mais des concerts dantesques un peu partout dans le monde. Pour ma part, je suis allé jusqu’à Dusseldorf pour leur dire au revoir, les tourneurs n’ayant pas eu le cran de programmer une date française. Quelle claque, quelle émotion … Des adieux réussis, et un groupe qui sort comme il le mérite : par la grande porte. En attendant que peut-être, un jour, nos nouveaux sexagénaires veuillent reprendre du service …
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