Il était une fois un trentenaire, plein de passion et de nostalgie, qui décida un jour de ravir ses petits camarades en leur proposant des livres débordants de souvenirs et d’émotion …
Telle pourrait être le début de notre histoire avec Sébastien Carletti, que vous connaissez sous le pseudo de Sale_Gosse sur notre forum. Depuis 2007, nous avons la chance de le connaître, et nous nous souvenons avec émotion de son premier appel passé sur le forum. Pour un projet un peu fou : un livre sur les jouets de notre enfance, où nos souvenirs et nos photos de gamins tiendraient une place privilégiée.
D’un challenge lancé aux communautés nostalgiques du web, les deux auteurs se sont retrouvés avec de multiples témoignages de notre jeunesse, qui seront autant d’illustrations pour l’ouvrage “Nos Jouets 70/80”, sorti en 2008 (3 ans déjà !). Une véritable bible pour tous les amoureux des joujoux de notre enfance, désireux de retrouver les sensations que leur procuraient les jouets des années 70 et 80 …
Pour la rentrée 2011, Sébastien Carletti nous est revenu avec Jean-Marc Lainé, co-auteur, avec un nouvel ouvrage, traitant d’un autre univers, celui de la bédé “à l’américaine”. Les adaptations françaises des Comics et Super-Héros ont à leur tour leur livre hommage : “Nos Années Strange”, un superbe travail où la “patte de l’auteur” est déjà bien reconnaissable. En route pour une rencontre avec notre Sale Gosse préféré !
Après nous avoir fait voyager dans l’univers de “Nos Jouets 70/80”, tu reviens avec “Nos Années Strange”, un livre dédié aux Comics des années 70 à 90 sortis en France, tels que Marvel, Spidey et bien sûr Strange. on te savait amoureux des jouets de notre enfance, mais pas des Super-Héros !!
En fait je suis un gros fan de tout ce qui touche à « l’imaginaire », en particulier celui de mon enfance. Pour tout dire, j’ai réclamé à ma maman un apprentissage à la lecture après avoir feuilleté un Strange chez le marchand de journaux. Véridique. Et je suis loin d’être le seul dans ce cas.
Et puis mon premier film vu au cinéma, devinez lequel était-ce ? Superman II, of course ! Nous étions arrivés en retard, le film avait commencé, mon premier contact avec le personnage en action a été la séquence où il vole vers Paris. Un choc visuel, une « révélation » . Ma mère a eu le malheur de me lâcher la main, je suis resté debout dans l’allée pour ne rien rater.
Je consommais du « Strange » et consorts aussi souvent que possible (je n’étais pas abonné). J’ai ralenti en 5ème (1989), pour mieux recommencer en 2nde (1992). Et je me suis mis à la VO vers 1994, grâce à « Magic Planet » à Marseille.
Les membres de notre communauté te connaissent bien, puisque tu participes depuis plusieurs années à entretenir la mémoire collective des années 80. Peux-tu nous présenter Jean-Marc Lainé, co-auteur de “Nos années Strange” ?
Jean-Marc est passionné de BD et de BD américaine plus particulièrement. Sa passion remonte à loin et a fait de lui un spécialiste. Il a même travaillé chez SEMIC (éditeur ayant repris LUG en 1989). Il a été éditeur, il est scénariste (il dessine aussi), et il a écrit de très nombreux ouvrages sur la BD. Notamment des monographies chez “Les Moutons Electriques”. On peut retrouver la plupart des ses ouvrages ICI.
Quelle a été la répartition de vos tâches ?
Jean-Marc a une grande expérience. Il est méthodique, organisé, rigoureux, ouvert à la discussion. Pour ma part l’expérience de « Nos jouets 70-80 » a été suffisamment riche pour me donner un petit bagage. Après avoir été mis en contact par un ami commun, très vite les contours du bouquin se sont dessinés. Et finalement, il est vite apparu que Jean-Marc allait assumer une grosse partie du rédactionnel. C’est son métier à plein temps, il a une vraie « plume ». Mais je tenais à ce qu’il y ait un véritable équilibre au niveau du travail à fournir. Alors, si Jean-Marc allait s’assurer de la qualité du fond, j’allais superviser celle de la forme.
Après m’être attelé à la rédaction des parties qui m’incombaient (j’ai dépensé beaucoup d’énergie à vérifier où trouver des informations, notamment pour la partie TV / Cinéma, car je tenais à indiquer les infos les plus exactes possibles), je me suis chargé de faire un croquis Photoshop de chaque double-page afin de faciliter le travail du maquettiste.
Au préalable, j’avais organisé la base iconographique, comme pour « Nos jouets 70-80 ». Cette base icono a été constituée principalement à partir de nos collections respectives, mais il y a heureusement eu de sympathiques contributeurs.
Et puis au regard de la richesse iconographique que nous avions en tête, ce qui est génial c’est que Jean-Marc a su déterminer le nombre de signes par double-pages. Du coup, nous pouvions « réguler » nos flots d’écriture. Et il n’y a eu aucune coupe (alors que pour ma première expérience, la moitié du textuel est parti à la poubelle).
Vraiment, même si il y a eu un peu de « stop and go », notamment au moment de la prémaquette, le travail a été régulier, sans panique, sans retard, sans heurt. Le top, vraiment.
Alexandre Astier apporte même sa petite touche à votre ouvrage en préfaçant le livre. Comment s’est passé cette rencontre, et pourquoi avoir choisi cette personnalité ?
En fait il n’y a eu rencontre « IRL » qu’après parution du livre. Le fait d’avoir un préfacier est lié au fait que nous nous sommes appuyés sur le « Nos années » qui a précédé le nôtre (« Nos années Salut les Copains », de C. Quillien). Nous avions sélectionné deux personnalités, et c’est Alexandre qui a répondu le premier. Je lui ai envoyé mon premier bouquin, avec une petite lettre évoquant le prochain et faisant part de notre envie de le voir en rédiger la préface. Son retour s’est fait par mail quelques semaines après.
Je me rappelle encore l’emballement de mon petit cœur en découvrant dans ma boîte un mail dont l’expéditeur était un certain « Alexandre Astier », et dont le contenu débutait par « Carrément, je le fais ! ». Il était en plein tournage de Philibert, et proposais de commencer la rédaction derechef, pensant la chose « urgente ». Mais il allait s’écouler de nombreux mois avant que le projet n’aboutisse…
“Nos Jouets 70/80” a immédiatement rencontré un grand succès au sein de notre communauté. “Nos années Strange” peut-il également captiver notre petite troupe de nostalgiques ? De quelle manière ?
Alors, contrairement au précédent, « Nos années Strange » c’est vraiment pour les chromosomes XY. Donc voilà, déjà, une grande partie de la communauté ne sera pas « captivée », même si c’est peut-être une idée cadeau pour leur moitié, un cousin, etc. Navré, je retire ma veste de commercial. 😉
Je dirais que « Nos années Strange » est avant tout une rétrospective sur l’arrivée du genre super-héroïque dans l’Hexagone. J’irais plus loin en disant que le côté nostalgique est une conséquence de l’ensemble une fois assemblé, mais pas le but premier recherché. Nous voulions rendre hommage aux premiers fans, qui devaient souvent « défendre » leur goût pour ce genre face à d’autres univers plus « nobles », et aussi aux professionnels qui les premiers ont cru en ces univers et leurs personnages.
T’intéressais-tu aux autres BDs de notre enfance ? Pif Gadget, Picsou Magazine, le Journal de Mickey, Spirou …
J’ai une grande affection pour toutes les BD de notre enfance, mais je ne suis pas un spécialiste. Et en fait je suis très « Super Héros ». Dans PIF, je craquais pour Super Matou, dans Picsou Magazine, j’étais aux anges quand il y avait du Fantomiald, ou du Super-Dingo… J’aimais le super-héros sous toutes ses formes, même la parodie. C’est ce qui fait que j’ai voulu faire une double-page « les Super Rigolos » dans « Nos années Strange ».
Ton livre faisant la part belle aux séries, dessins animés et produits dérivés liés aux Super-Héros, quel était ton personnage préféré ? Ton DA ou ta série favorite ?
Je fais partie de la « génération télé », comme nous tous. « Nos jouets 70-80 » déjà traitait à 50% de nos séries et dessins-animés, par le prisme de leurs produits dérivés. Et mon premier contact avec les super-héros US s’est fait par le dessin-animé Spider-Man / l’Araignée de 1967. Dans le titre « Nos années Strange », le « Nos années » a autant d’importance que ce qui suit. Pour moi il était impensable de faire un bouquin uniquement sur le support « papier » de ces univers. Donc 20% du contenu traite de ce que l’on retrouvait sur nos écrans, petits ou grands.
Je n’ai pas vraiment de personnage préféré. J’en ai eu enfant. Aujourd’hui, au gré de mes humeurs, mes intérêts changent. Enfant, mon super-héros préféré à la télé était l’Araignée. Pour la série TV Hulk, je me souviens que l’on m’avait prévenu qu’il était possible que j’ai peur. J’ai été un peu impressionné, mais plutôt dans le bon sens 😉 .
En cassette vidéo, je regardais des épisodes du Superman des Fleischer (1941). Plus vieux (bon, j’avais 10/11 ans), j’ai adoré Superminds. C’était génial, le mélange « super pouvoirs » et « cool attitude ». Et pour ce que je considère comme « culte », je retiendrais la série Batman de 1992, dont la diffusion a débuté chez nous sur Canal +. Les créateurs ont juste tout pigé.
Revenons sur ton premier livre “Nos Jouets 70/80”. Avec le recul, comment perçois-tu cette aventure ? Quelle expérience t’a-t-elle apportée ?
Ça a été une expérience. Je me suis suffisamment exprimé sur le sujet, j’en ai eu besoin à un moment. Désormais, je fais plus confiance à mon instinct, dans le sens ou je prête attention à ce qui n’est pas exprimé verbalement lorsque je m’entretiens avec quelqu’un sur un projet quelconque.
C’est assez dingue, mais cette « aventure », qui s’est prolongée bien après parution du livre, m’a profondément changé. J’ai gagné en lucidité et en pragmatisme. Mais je ne voulais par rester sur cette expérience. Je voulais en avoir une autre. C’est chose faite.
As-tu des anecdotes à nous raconter, suite à la parution de l’ouvrage ? Et si tu devais y changer quelque chose, ce serait quoi ?
Un « faiseur » passionné par son sujet voudrait toujours plus de pages ! Et comme je ne peux rien changer, je n’y pense pas trop. En revanche je « prends note » pour le futur.
Des anecdotes suite à parution de « Nos années Strange » ? Oui, peut-être le fait d’avoir appelé un journaliste de “20 Minutes” afin qu’il ne mentionne pas mon nom dans son article. Normalement, ou pourrait penser que les auteurs font le contraire 😉. Pour ma part, ma première aventure éditoriale n’a pas été bien vécue dans mon boulot (j’ai démissionné depuis). J’ai mal géré la chose de toute façon.
Donc pour « Nos années Strange », je n’en avais pas parlé. C’est du domaine du privé, comme faire du sport ou jouer d’un instrument de musique. Bref, le lendemain de sa sortie, le bouquin a eu droit a une mention dans la Une de “20 Minutes”, avec un chouette article, et au boulot j’ai eu droit à une remarque du genre « T’as vu, y a un article sur un bouquin traitant des comics dans “20 minutes”». Ouf, pas de lien avec moi, pas d’énergie à dépenser en explications. Quelques semaines plus tard, je démissionnais sans avoir trop communiqué sur ce bouquin… en même temps, qu’est-ce qui m’y obligeait me direz-vous ?
On te sait grand collectionneur des jouets de notre enfance. Quelle est ta vision des années 80 ? En es-tu nostalgique ?
Les années 80 ont été très riches pour les enfants et préadolescents qui ont grandi durant ces années là. Nous avons été la première vraie génération de « petits consommateurs ». Les nouveautés arrivaient avec régularité, mais duraient.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, je ne suis pas un grand nostalgique. Je fais juste en sorte d’évoquer notre passé de manière festive/ludique mais avec le souci de la précision.
En collectionnant je joue plus les conservateurs que les collectionneurs. En écoutant du son rétro, je me nourris juste d’un positivisme je crois déjà un peu forcé à l’époque… mais ne dit-on pas que c’est l’intention qui compte ?
Quels sont tes jouets de prédilection ? Les jouets qui provoquent chez toi le plus d’émotion ? Et si tu ne devais conserver que 3 objets de cet univers ?
Arf, je vais pas reparler du Capitaine Flam de Bandai / Popy 😉. Depuis quelques temps j’ai un faible pour les jouets de ma petite enfance. La maison des Bidibules. Les Little People de Fisher Price. Le Kiki avec ses premières tenues (Salopette ou tenue “collégien américain”). Et les petites « merdouilles » comme la Pieuvre Magique (Wacky Wallwalker). Aujourd’hui ce sont ces objets qui me touchent le plus.
Conserver 3 objets à emmener sur une île déserte ? Dur. Mon Kiki « salopette », mon Capitaine Flam Popy et mon Big Jim Agent Secret peut-être?
Pour terminer, un petit mot pour notre communauté ? As-tu d’autres projets à nous dévoiler (un futur livre …) ?
Les copains de Eighties, je suis moins là, mais toujours là quand même. Je suis content de voir qu’il reste de la cohésion après toutes ces années, et que des projets sont pensés puis élaborés. Merci encore pour votre soutien et votre participation en 2007/2008. Je n’ai rien oublié. Pour de futurs projets c’est encore trop tôt… mais ce qui est sûr c’est que je vais certainement encore avoir besoin d’un petit bout de chacun. Parce que ce sont NOS années… à bientôt donc ! 😉
Un grand merci pour cette très belle interview mon cher Seb mais également pour ta participation sur Eighties depuis plusieurs années ! Nous te souhaitons beaucoup de succès avec ce nouvel ouvrage ! Pour vous le procurer, n’hésitez pas à cliquer ICI !
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