Nous allons vous parler aujourd’hui des jeux vidéo, et tout particulièrement de la star des consoles du début des années 80 : L’ATARI 2600. Ou plutôt d’un de ses jeux représentatifs : E.T. !

Nous avions très envie dans un premier temps de vous présenter le croisement de 2 légendes du début des 80’s : E.T. et la console ATARI.

Même si depuis le milieu des années 80, quasiment toutes les grosses productions hollywoodiennes ont été adaptées sur nos machines magiques (les Goonies, Ghostbusters, Retour vers le Futur ….), en 1982, rares étaient les films que l’on osait adapter sur les consoles. Il faut reconnaître que les limites techniques des machines freinaient sacrément les ardeurs des programmeurs, et ce n’est pas avec un Magnavox Odyssee ou un Phillips Videopac qu’on allait retrouver les sensations de Star Wars ou de Rollerball 😉

Ceci dit, le 7ème art fut bouleversé à jamais par cette gentille bestiole qui, aussitôt arrivée parmi nous, voulait déjà repartir (faut le dire si ça pue, chez nous !) : E.T. !!

Plus grand succès de l’Histoire du Cinéma durant de nombreuses années, ET s’est vu décliné à toutes les sauces : livres, disques, jouets, peluches … il était donc normal (et certainement plus que rentable) de lui donner vie sur des supports modernes.

ça tombe bien, l’objet vidéoludique incontournable de l’époque, c’était bien entendu l’ATARI 2600 VCS. Cette console a révolutionné le monde vidéoludique, a permis de jouer à autre chose que les Pong améliorés, et surtout a déclenché la 1ère guerre des consoles, avec la Mattel Intellivision et la CBS Colecovision.

L’ATARI 2600 a exercé un règne sans partage dans le monde du jeu vidéo de la fin des années 70 et du début des années 80. Les jeux les plus légendaires ont été développés sur cette machine (Astéroids, Pac Man, ou Space Invaders), et malgré les millions de jeux et de consoles vendus, l’offre a du mal à contenter la demande.

Il apparait donc tout naturel de décliner les aventures d’ET sur ATARI, et dès 1982, suite au fulgurant succès du film, les négociations sévères sont entamées entre Spielberg et ATARI. Trop sévères, peut-être. Car l’appât des gros sous aidant, les deux parties ne lâchent rien, et les discussions s’éternisent pour décider quelle part du gâteau attribuer à chacun. Le léger problème, c’est qu’il faut bien battre le fer tant qu’il est chaud, et le jeu DOIT sortir dans le commerce pour Noël 1982, et doit donc être finalisé en septembre. Quand les discussions arrivent enfin à terme, l’équipe n’a que 5 semaines pour concevoir le jeu de A à Z ! Oui, vous avez bien lu, 5 semaines, alors qu’habituellement, un jeu sérieux et réussi prend plusieurs mois de développement, et surtout d’études de marché et de jouabilité, de tests de consommateurs, puis de promotion.

Qu’importe ! C’est ET, cette bestiole grise se vend sous toutes les formes, alors qu’importe le jeu, ça ne peut que marcher ! La conception est confiée à Howard Scott Warshaw, notamment connu pour avoir développé un des plus beau jeux sur Atari, Yar’s Revenge. Atari choisit littérallement d’isoler pendant toute la création du jeu le brillant programmeur, et ne l’en fait ressortir que lorsque le code est prêt.

Tant bien que mal, le jeu est disponible en temps et en heure; les cartouches fabriquées illico, et zou ! Direction les bacs des magasins !

LE JEU : Voyons comment se présente le jeu : une pochette soignée avec une belle illustration où on voit nos sympathiques héros ET et Eliott et quelques symboles du film. La notice est plutôt bien faite, détaillée et explicative, et la cartouche suit l’ensemble.

Allez, hop ! Glissons frénétiquement la cartouche dans la console ! Un écran d’accueil très sympathique apparait, avec un joli graphisme et la musique du film pour nous plonger directement dans l’ambiance du film. Puis les options de jeux apparaissent, et c’est partit !!! Aidons ET à rentrer chez lui !

Car c’est bien le but du jeu. Nous contrôlons ET dans une suite de décors (forêt, plateforme d’atterrissage, base d’appel des martiens …). Nous devons le guider pour collecter différentes pièces qui permettront à notre ami de jouer au McGyver de l’espace et de construire un téléphone interplanétaire pour rameuter ses potes, histoire de se barrer de cette planète de nazes, où les bicyclettes ne sont même pas foutues de voler et où les Dictées Magiques ne peuvent même pas servir de téléphone pour maison.

Au cours de sa quête, ET devra se méfier de plusieurs dangers, dont des vilains scientifiques qui souhaitent le capturer pour le disséquer, ou des agents du EffeBiAille qui veulent le mettre au tribunal (si ça, c’est pas du délit de sale gueule !). En revanche, il peut ramasser ces p’tits bonbons au beurre de cacahuète dont il est friand pour lui donner des forces. De même, son poto Eliot, toujours prêt à rendre service, peut accourir dès que ET l’appelle pour chasser les flics et les rats de labo. ça ne lui coutera que quelques bonbecs.

Quand les 3 précieux éléments sont rassemblés, à vos clés de 12 ! Il faut construire le téléphone et rejoindre la base d’appel pour appeler les copains. La partie prend fin lorsque la soucoupe apparait sur la base d’atterrissage, et que le p’tit gris ait grimpé dedans sans se faire capter par les vilains humains méchants.

CRITIQUE : Ce jeu s’annonçait comme une référence sur Atari 2600 tant on attendait la transcription des aventures d’ET sur console. Hélas !! Quel gâchis ! Mise à part la page d’accueil très sympathique, rythmée par une musique émouvante, l’illusion s’arrête aussitôt.

Les graphismes sont parmi les plus pauvres du catalogue de la console, les bruitages quasi-inexistants, et surtout le jeu est un ennui assez mortel ! Le concepteur du jeu n’a pas voulu faire un jeu du type Space Invaders ou Asteroids, mais a voulu en faire une aventure, une quête où on retrouverait toute l’émotion du film ! Mais alors que toute l’émotion reposait sur l’amitié entre un petit garçon et une sympathique créature de l’espace, Eliot n’apparait qu’à de brèves occasions pour faire fuir les méchants et récupérer les bonbons de ET. Quel dommage ! Au final, je crois que même un vulgaire Pong dégage plus d’émotion 😉

Au bout de quelques parties, on range la cartouche de dépit tellement c’est répétitif, et tellement les problèmes rencontrés sont les mêmes (les scientifiques qui nous font prisonniers, la difficultés de sortir des puits où se trouvent les objets à assembler …), ce qui fait que le verdict est malheureusement unanime : ET sur ATARI est une grande déception, et 100 fois moins captivants que des jeux pourtant plus simplistes qu’ont été PacMan ou Space Invaders.

Le challenge était peut-être trop ardu à relever tellement l’émotion du film est poignante, et l’attente du public trop grande. Mais surtout, le fait d’avoir lancé le jeu à la hâte, de l’avoir conçu en quelques semaines, puis de l’avoir lancé sans tests de jouabilité ou d’avis de futurs consommateurs s’est révélé suicidaire !

LES ANECDOTES : – Malgré la piètre qualité du jeu, reconnu même par la direction d’ATARI, E.T. représente la 8ème meilleure vente des jeux Atari. Le nom du jeu, le succès du film et la promotion y ont contribué pour beaucoup, puisque les publicités de l’époque associaient systématiquement la console au jeu, au détriment des autres grands classiques. Regardez donc les pubs ci-dessous pour vous en rendre compte !!

De même, de nos jours, quasiment toutes les rétrospectives d’anciennes machines ne peuvent s’empêcher de nous montrer des images de ce jeu, dès que la console est abordée.

– Vrai mauvais jeu ? Je penche plutôt pour une vraie grande déception … et c’est pour cela qu’E.T., the Extra-Terrestrial a été moults fois désignés comme le pire jeu vidéo de tous les temps. Il ne vaut pourtant pas moins que d’autres nanars vidéoludiques, Atariens ou non, mais la proportion entre le battage médiatique du film et de son adaptation, et la très médiocre jouabilité font que les consommateurs étaient en droit d’attendre une œuvre bien plus agréable …

– Atari avait fait le pari inouï de tabler sur des ventes phénoménales du jeu, et en a assemblé environ 4 millions d’exemplaires. Malheureusement, seuls 1,5 millions d’exemplaires ont trouvé preneur. L’échec cuisant du jeu (malgré le fait qu’il s’agisse d’une des meilleures ventes) fut en partie responsable des lourdes pertes d’Atari fin 1983, et a précipité sa lourde chute un an plus tard, la féroce concurrence de Mattel et CBS n’arrangeant pas la situation. Une légende tenace raconte même qu’Atari, ne sachant que faire des 2,5 millions d’exemplaires invendus, a purement et simplement procédé à l’enfouissement de ces cartouches invendables dans un sous-sol du Nouveau-Mexique, après les avoir coulé dans le béton.