Les disques publicitaires des années 80 !

 

Je ne vais rien vous apprendre, la publicité télévisée existait déjà il y a quelques décennies.

 

Je ne vous apprendrai rien non plus en disant que les 80’s ont assisté à l’âge d’or de la pub à la télé. Gros moyens, grande créativité, vedettes renommées … la pub était un spectacle à part entière, et même une séquence attendue entre les programmes.

 

Et le fait qu’à l’époque, les coupures pub étaient beaucoup moins intrusives que de nos jours a joué un rôle important dans l’affection des téléspectateurs.

 

Et oui, la pub était appréciée du grand public, au point même que de nombreuses marques n’hésitaient pas à commercialiser les musiques illustrant leurs spots TV. Que ces musiques soient déjà connues, et empruntées à des artistes à part entière, ou qu’elles aient été spécialement composées pour les besoins de la marque, les 45 tours publicitaires sortaient par dizaines à l’époque, et très souvent rencontraient un certain succès.

 

 

Chose absolument improbable aujourd’hui : vous imaginez payer pour écouter un MP3 d’une publicité qui inonde déjà nos écrans 50 fois par jour ??

 

C’est ce qui selon moi symbolise le plus la différence de popularité entre les fameuses “réclames” de l’époque et les pubs envahissantes du 21ème siècle : les consommateurs achetaient les produits, et affirmaient leur affection à une marque en faisant l’acquisition de ces petites galettes de vinyle qui contenaient les versions complètes de la pub.

 

 

Les 45 tours publicitaires, appelés également “Disques vinyles promotionnels”, se distinguaient en plusieurs catégories :

 

1ère catégorie : les supports de campagnes publicitaires

 

Ce sont les plus intéressants à plus d’un titre. Ces disques n’étaient pas destinés au grand public, mais aux commerçants pour les inciter à mettre en avant le produit concerné. Véritable outil de la stratégie PUSH des annonceurs (consistant à pousser les mises en avant du produit pour mieux les vendre en magasin), ces disques étaient souvent offerts aux boutiques ou aux chefs de rayon pour leur montrer combien la marque était dynamique, et combien de bénéfices ils allaient pouvoir tirer grâce à la campagne en cours. Accompagnant la plupart du temps de vastes campagnes publicitaires (spots radios, campagnes télé, vagues d’affichage …), ces disques contiennent un discours très marketing qui n’intéressait pas le consommateur final.

 

Afin de mettre les petits plats dans les grands, le design de ces disques étaient particulièrement soigné, l’emballage régulièrement attrayant : on avait même droit parfois à un picture disc ou un vinyle transparent.

 

Un des plus beaux exemples de ces disques à l’esthétique irréprochable est un petit bijou pour le fromage Belle des Champs : un 33 tours picture disc absolument splendide, avec plusieurs extraits de musiques tirées de spots publicitaires (dont certains de Richard Gotainer), le tout dans une pochette colorée expliquant tous les rouages de la campagne télé en cours. A titre personnel, il s’agit du plus bel objet de ma modeste collection.

 

Un autre exemple très réussi est ce 45 tours pour le papier toilette Lotus, qui présente toutes les subtilités de la campagne en cours, et explique comment le point de vente va tout déchirer avec ses nombreuses ventes. Ou comment rendre classieux un disque pour du PQ ! 😉

 

Quasiment tous les secteurs d’activité ont utilisé cette pratique, que ce soit l’automobile, l’électro-ménager (aaahhhh, ce 45 tours de Vedette avec La Mère Denis !), l’alimentaire, etc. Il faut dire que le vinyle était un très beau cadeau publicitaire, un peu mieux qu’un simple autocollant ou une boîte d’allumette !

 

 

En conséquence, cette catégorie de disques est la plus recherchée, et forcément la plus rare, puisqu’en raison de la cible visée, et du soin apporté à l’objet, seuls quelques milliers (voire quelques centaines) d’exemplaires étaient distribués.

 

2ème catégorie : les disques offerts

 

Les disques “cadeaux” étaient eux destinés à une cible beaucoup plus large, à savoir les consommateurs, et donc le Grand Public. Ils étaient le plus souvent offerts pour l’achat d’un ou plusieurs produits d’une marque, ou à l’issue d’un jeu-concours. Ils étaient également diffusés pour des évènements spéciaux, comme l’anniversaire d’une enseigne, la nouvelle année, ou un évènement sportif.

 

 

Suivant le vieil adage “Tout ce qui est gratuit n’a pas de valeur”, le soin apporté à ces disques était tout relatif. Une simple pochette en carton renfermant un vinyle, et parfois même un pauvre flexi-disque quand l’annonceur était fauché, ou quand le contenu n’avait pas grande importance.

 

Et quand le budget était vraiment ric-rac, la musique était anonyme ou bâclée, les droits d’auteurs d’une vraie chanson coûtant vraisemblablement trop cher 😉 Bien sûr, des exceptions existent. Quand le consommateur le méritait vraiment, les marques mettaient le paquet, et n’hésitaient pas à offrir des disques très aboutis.

 

 

Comme par exemple ce disque maxi 45 tours offert pour l’achat d’une Renault 11 en 1983, contenant 2 reprises jazz des Beatles (même si ces versions jazzy easy listening sont particulièrement insupportables, interprétées par Richard Lord, je John Lennon du trèèèès pauvre qui nous sort deux versions crooner très opportunistes), ou dans un tout autre registre, le magnifique 33 tours bleu translucide des Produits Laitiers, avec les tubes du moment (Jean Mas, Gold …), un livret intérieur contenant des recettes et des kits pour organiser sa boum, etc … Ultra kitsch, mais au moins, on ne se foutait pas du monde !

 

 

Autre incontournable des 45 tours publicitaires soignés : la fameuse série de 6 vinyles multicolores transparents de Coca Cola ! Ces disques n’étaient pas vraiment gratuits, puisqu’ils étaient expédiés aux consommateurs en échange de plusieurs preuves d’achat récupérées sous les capsules. Mais on pouvait sans problème les obtenir pour pas cher en fouillant dans les poubelles des buvettes, ou en furetant dans les endroits touristiques où se trouvaient des stands de boissons à emporter ! Chacun son truc !

 

Cette série de 6 disques est particulièrement attrayante, chaque disque possédant une couleur bien à lui, représentant un style musical (rock français, disco, reggae, etc.). En voici 3 sur la photo ci-contre.

 

On distingue aisément ces 45 tours offerts par le fait qu’ils ne possèdent pas de code-barre, et qu’ils comportent une mention du type “Hors commerce”, ou “Exemplaire gratuit interdit à la vente”. Même si on trouve toujours des exceptions pour confirmer la règle. Et enfin, dernière chose qui a son importance : à l’époque, les lois étaient plus souples envers les trucs-pas-bons-pour-la-santé, les marques de cigarettes et d’alcool n’hésitaient pas à distribuer gratuitement moult vinyles à leur effigie, s’offrant par la même occasion un excellent vecteur de publicité auprès des jeunes 😉

 

 

3ème catégorie : les disques vendus au rayon “45 tours”

 

C’est la catégorie la plus répandue, celle où on trouve la plus grande variété de marques et de produits !

 

Ce sont les disques qui contenaient les versions intégrales des musiques que l’on n’entendait que trop peu pendant les spots TV. Soit on y trouvait des tubes connus chantés par des vrais artistes, soit il s’agissait d’une signature musicale des pubs en question, composée pour la marque.

 

Un exemple de cette seconde alternative nous est donné par les célébrissimes chewing gums Hollywood : en voyant que le public connaissait (et adorait) la mélodie “Fraicheur de vivre”, la marque n’a pas hésité à commercialiser le 45 tours contenant la version longue de la pub. Succès immédiat !

 

Dans la rubrique Mega Tubes, un des 45 tours publicitaires les plus courants est le fameux “First Time” de Robin Beck, sponsorisé par Coca Cola. Très facilement dénichable, elle vous permettra de débuter votre collection.

 

 

Certains artistes sont aussi des habitués des musiques de publicité. Ainsi, Robert Palmer fut la star des écrans de pubs au milieu des 80’s, avec d’une part “Every kinda people” pour Heineken, et “Johnny and Mary” pour Renault. L’occasion pour la maison de disque de sortir une mini compil de Robert Palmer spécial Pub, avec une face pour la bière, une face pour la voiture 😉

 

On trouve également des sommets de ringardise, dont on se demande comment ils ont pu être achetés 😉 Le 45 tours publicitaire des PTT en est une belle illustration, tant le visuel de la pochette est tout sauf glamour (un vieux téléphone à touche sur un gros répondeur téléphonique de 3 mètres cubes), et la chanson qu’elle renferme est coulante de miel (“I can’t stop loving you” de Paul Ives).

 

Les grosses campagnes de publicité de l’époque ne sont pas en reste. “Ticket Chic, Ticket Choc”, reprenait ainsi les codes visuels de la RATP et de ses fameux tickets de métro jaune et brun, et venait appuyer la campagne télé omniprésente à l’époque.

 

Autres incontournables : Nescafé et ses différentes versions de la Colegiala (il en est même sorti un 33 tours), les biscuits Bamboula et leur stérile polémique, Adidas, Nivéa, Mousline, Sintony, Telefunken et son énorme carton d’Electric Pop Orchestra, et des dizaines d’autres que je vous laisse découvrir dans les photos de cet article.

 

Mon grand regret : qu’aucun 45 tours de la musique Pacific ne soit sorti à l’époque, pour compléter l’inoubliable publicité télévisée …

 

Les vinyles publicitaires ont une saveur toute particulière pour moi. Le monde de la pub a toujours eu un côté fascinant, presque sacré. Alors quand je tombe sur un 45 tours de ce genre, avec une musique de pub oubliée, ou un vieux logo sur la pochette, ça me replonge loin en arrière, à l’époque de Loeki, des jingles bien retro, et souvent au pays des marques et produits disparus, qui pourtant ont été suffisamment célèbres pour un jour avoir des disques à leur gloire !

 

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