L’invasion du Bicross BMX !

On a vu émerger à la fin des années 70 trois sports extrêmes qui ont fait le bonheur des garçons intrépides, mais aussi des vendeurs de pansements et de Mercurochrome : le Bicross BMX, le Skateboard et le Roller.

Ces trois pratiques sont toujours très en vogue de nos jours, mais on ne peut s’empêcher de parler d’ancienne et de nouvelle génération. Les équipements ont considérablement changé en 30 ans, et à mes yeux, le look vintage est pleinement caractéristique de notre jeunesse.

Ce premier article est consacré au bicross BMX, qui était l’équipement de plein air le plus populaire et le plus répandu dans notre enfance. Du moins dans mon voisinage, il était à l’époque très malvenu de commander autre chose qu’un bicross pour Noël. Honte à celui qui se baladait avec le vélo de ville de sa frangine, vous savez, celui avec le porte-baggage, le garde-boue et la sonnette. Bouuuuuhhhh, le vilain vélo !!!!

Un peu d’histoire :

Tordons tout de suite le cou à une idée reçue. Je me dis que ce n’est pas du luxe, car j’en étais moi-même persuadé jusqu’il y a peu de temps : BMX n’est pas une marque. C’est un sigle, comme peut l’être VTT par exemple. Les inscriptions BMX apposées sur vos vélos n’étaient qu’une appellation. BMX est l’abréviation de Bicycle MotorCross, qu’en France nous avons contracté en Bicross. Voilà de quoi vous faire gagner une partie à Trivial Pursuit, ou au moins vous faire marquer quelques points à Question Pour un Champion.

Passons à présent à la genèse de cette activité.  

L’apparition du Vélo-Cross (pas encore appelé Bicross) date de la fin des années 60, et nous vient, je vous le donne en mille, des USA. Le Moto-Cross y était alors un sport très populaire, mais malheureusement réservé aux adultes. Au grand dam des enfants, qui rêvaient de reproduire les acrobaties des motards. Croyez bien qu’au pays du mercantilisme à outrance, cette frustration n’est pas tombée dans l’oreille d’industriels sourds. Certains fabricants ont eu l’ingénieuse idée de concevoir des vélos reprenant le look des motocross : ils ont des roues à crampons, un poids-plume, et bénéficient d’une maniabilité exemplaire, pour bien s’éclater en faisant des figures sur des pistes ou dans la rue.
 
Au début des années 70, le vélo cross devient une discipline sportive à part entière, le BMX, et les premières compétitions sont organisées. C’est en 1979 qu’il débarque en France. A l’époque, tout ce qui vient des Etats-Unis est systématiquement adopté par les French Kids : le McDonald’s, la console Atari et même … les Village People (incroyable, non ??!!) Le BMX n’a donc aucune peine à s’imposer en Europe, et devient rapidement bien plus qu’une discipline sportive. Dès le début des années 80, il devient un loisir pratiqué à la moindre occasion : dans la rue, dans les champs, sur la plage, à la montagne … Dès qu’il fait beau dehors, les enfants enfourchent leur bécane et foncent !

Certains même utilisent le bicross pour le trajet de l’école, malgré l’absence des sécurités élémentaires (lumière, sonnettes …) et malgré le confort rudimentaire (pas de porte-bagage, de garde-boue, et tout autre truc superflu qui ajoute du poids et fait perdre en manœuvrabilité …). La scène qui a définitivement instauré le Bicross comme un objet de la vie courante est sans doute le fameux passage du film E.T., où Eliott et ses potes dévalent les rues sur leurs bicross, E.T. les faisant soudainement voler à bicyclette pour échapper aux scientifiques. Niveau émotionnel, difficile de faire mieux, non ? 

Par la suite, on retrouve ce fameux bicross dans de nombreux films et séries mettant en scène des enfants : Les Petits Génies en 1983, les Goonies en 1985, ou dans certains épisodes d’Arnold et Willy ou Punky Brewster. 

Indispensable : le film ultime 

Mais le pompon, les amis, la perle rare, le chef d’œuvre dont le cinéma ne s’est jamais vraiment remis, le voici : LE film dédié au BMX, un moment d’anthologie qui restera dans l’histoire du septième art. Son nom : Le Gang des BMX. 

Il date de 1983 et nous raconte l’histoire de 3 ados, deux mecs et une nana, des fous de BMX, qui se retrouvent mêlés malgré eux à une sombre histoire, au milieu de méchants pas sympas du tout. Pour se sortir de ce pétrin, et ridiculiser les vilains truands, les 3 intrépides ont pour seules armes leurs bicross, et les belles figures de style. Alléchant, non ? Le principal attrait du film réside dans les équipements complètement kitschs, les fringues multicolores, les casques hilarants, et les genouillères en vinyle qui fondent au soleil.

Ah oui, j’oubliais, vous ne devinerez jamais qui joue le rôle principal, celui de la minette trop douée sur un vélo : Nicole Kidman, oui, c’est bien elle la rouquinette à bouclettes ! Bizarrement, elle a totalement renié ce film, et refuse à présent d’en parler quand on lui en parle … On se demande bien pourquoi ! 

Voici quelques images du film, histoire de vous apprendre quelques figures : 

 

Dès lors, c’est l’invasion, et les fabricants se ruent sur le filon : MBK, Raleigh … chacun met en avant ses arguments et inondent la presse pré-adolescente de publicités et de jeux-concours ! 

Années 80, 80's, eighties, vélo, MBK, BMX, Bicross, souvenirs, trentenaires, RaleighPour les gosses, c’est du pain-béni : à nous les cascades, les figures de style et les acrobaties. Je me propose de vous en raconter quelques-unes, je suis sûr que nombre d’entre vous vont s’y reconnaître. Il va de soi que je dissuade tout un chacun de reproduire ces bêtises, ne serait-ce que pour votre standing et votre crédibilité.

Pour ma part, notre jeu favori était de se faire des méga-tremplins sur la route. Je vous explique : on posait un parpaing au milieu de la chaussée (rassurez-vous, on habitait dans une impasse, les passages de voitures étaient donc rares), puis on posait une planche en bois plus ou moins étroite pour se faire une rampe de lancement. On déboulait à fond la caisse, et on s’envolait dans les airs pour quelques dixièmes de secondes. La liberté ! On était des vrais acrobates !

Puis on augmentait la hauteur : on posait deux, puis trois parpaings, et même plus, et les rampes de lancement devenaient vertigineusement hautes. L’astuce consistait à bien soulever le guidon au moment de l’envol pour bien retomber sur la roue arrière et tout de suite enchaîner sur le reste de la course. Seules trois choses pouvaient nous arrêter : 1/plus de parpaings disponibles, 2/une grosse gamelle sérieuse qui ralentissait nos ardeurs pendant …euh … quelques heures tout au plus, 3/les parents qui découvraient effarés les rampes de bicross de malades sur lesquelles on s’élançait, bien sûr sans aucune protection.

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On se prenait vraiment pour des acrobates ! Un autre jeu était de se mettre debout sur un bicross lancé à tout vitesse, de monter sur la selle en ouvrant ses bras, un peu comme “I am ze king of the Béhèmiiiiiiiix !!!!”. Les cheveux dans le vent, le vent dans les cheveux ! Le seul hic était quand on se loupait, on sautait du vélo sans trop de dommage, et ce con de vélo, lui, poursuivait tout seul, et finissait sa course au mieux dans l’espace vert, au pire sur les portails des voisins ou leur voiture. Là, ça chauffait pour nos pommes … 

Années 80, 80's, eighties, vélo, MBK, BMX, Bicross, souvenirs, trentenaires, RaleighIl existait des tonnes d’autres jeux tous plus idiots les uns que les autres, mais tellement cools … les courses de stock-bicross nocturnes, celle-la, faut que je vous raconte … C’était comme le Stock-car, mais à vélo ! Pendant les grandes vacances, on attendait la tombée de la  nuit, puis on arrivait tous sur la place de notre quartier. Dès qu’il faisait bien sombre, on se mettait sur les vélos, et on fonçait au hasard sur cette place. La règle était simple : pas de gauche, pas de droite, pas de priorité, on manœuvrait au hasard ! Le but était de s’éviter de justesse quand on s’apercevait qu’on se fonçait dessus et qu’on était à deux doigts de se télescoper. Pas facile dans la nuit noire,  dans la nuit noire et obscure, obscure et sombre. 

Je vais m’arrêter là, car je ne voudrais pas faire l’apologie de ces sotises, mais ce qui était génial avec les BMX, c’est qu’on les emmenait vraiment partout : dans les chemins, les champs, les forêts, ou (le top) sur les chantiers où on s’amusait bon train au milieu des maisons en construction. L’imagination était toujours en ébullition,  car le moindre obstacle, le moindre caillou sur le passage, un ruisseau à traverser, constituait un nouveau défi ou une nouvelle idée de parcours … 

C’est là que je me dis qu’à l’époque, ils faisaient du matos sacrément costaud, les gugusses dans leurs ateliers. Car malgré les gamelles, les percutassions, les gaufres et les gadins en tout genre, les BMX tenaient bon et en redemandaient tous les jours. 

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Le mien était un bicross rouge, simplement. Je l’ai eu à Noël 1986, et on l’a conservé jusqu’au début des années 90. Je me suis mis  à grandir très vite, et il était devenu trop petit. Je l’adorais. C’était pas le plus beau de tous, mais il ne m’a jamais lâché. Il n’avait pas des roues à bâton, ce qui constituaient la classe ultime des BMX (les Raleigh était super beaux par exemple), mais il avait de la gueule avec son cadre rouge pompier et ses protections en mousse noires. Je recherche toujours sa trace, ne serait-ce qu’en photo, je ne l’ai jamais revu. Si j’arrive à le retrouver au détour d’une brocante, ce sera une grande joie et une émotion immense. 

Années 80, 80's, eighties, vélo, MBK, BMX, Bicross, souvenirs, trentenaires, RaleighIl existait quelques pratiques de customisation de BMX, qui étaient surtout répandues aux USA. Les p’tits mectons pouvaient par exemple ajouter une plaque sur le devant de leur vélo, avec un numéro inscrit en noir, ça faisait vraiment bicross de compèt’. Certains kinavépeurderien allaient même jusqu’à poser une petite plaque d’immatriculation à l’arrière, mais personnellement, je n’en ai jamais vu. 

Nous, on se limitait à ajouter des repose-pieds sur la roue arrière. Ça permettait de prendre quelqu’un derrière soi (ce passager devant rester debout à l’arrière), ou, summum du kitsch et du ringard, on accrochait une plaque  de carton sur la roue arrière avec une pince à linge. Ainsi, les rayons frottaient sur cette plaque, et faisaient un bruit de moteur de moto très …euhhhh … réaliste ! C’était en général le matos nécessaire qui nous permettait de jouer à CHIPS ! Le ridicule ne tuait pas, mais vous n’allez pas me contredire, à 10 ans, on se moque de sa réputation comme de sa première carie … du moment qu’on se marrait en faisant les cons.
Quelle chouette époque ! 

Le Bicross est resté très courant jusqu’au début des années 90. Puis sont apparus les premiers VTT, plus lourds, mais plus confortables et plus sûrs, et donc plus adaptés au marché adulte.

bicross annees 80 bmx.jpgLe bicross est rapidement devenu un objet désuet, réservé aux adeptes des pistes en terres ou des skate-parks. On n’en vit guère plus dans les rues, et encore moins sur les trajets des écoles. Fin d’une époque. Même chez nous, le BMX rouge a été remplacé par un VTT blanc complètement banal, lourd, avec lequel il était impossible de faire une roue arrière ou un tremplin. Lui, je ne le regrette pas … 

Le BMX a cependant fait un retour médiatique remarqué il y a quelques année, notamment lorsque il est devenu une discipline olympique à part entière. On a senti un frémissement, et on en voit quelquefois dans la rue. Mais dans l’ensemble, le BMX est resté réservé à l’usage des acrobaties, du freestyle et des pistes dédiées.

Dommage pour les cascadeurs en herbe des années 2000 … ils ne savent pas à côté de quoi ils passent ! 😉

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