Après vous avoir conté les aventures de notre petite boule jaune Pac Man, il était logique de vous présenter une autre icône du jeu vidéo des années 80 : le célèbre DONKEY KONG !!
Ce sympathique gorille a en effet largement gagné sa place au panthéon des pionniers vidéo ludiques. D’une part parce qu’il a révolutionné le genre en popularisant un nouveau style, le “jeu de Plateformes” (vous savez, ces jeux où le héros se ballade d’étage en étage, le plus souvent en évitant les obstacles et en mangeant des bonus). D’autre part parce qu’il a eu le mérite de lancer un jeune débutant dans le métier, qui deviendra par la suite une des plus grandes légende du jeu vidéo ! Petit retour en arrière …
En 1981, les salles d’arcade sont dominées par les jeux de tir, avec en tête Asteroid ou Space Invaders. Mais depuis quelques mois, une balle jaune mangeuse de gloutons rafle tout sur son passage : Pac Man ! Nintendo n’est pas encore le ténor des jeux vidéo que l’on connait. Désireuse de proposer (d’imposer ?) un personnage aussi marquant et attachant, l’entreprise pioche dans la culture populaire pour nous concocter un jeu qui sera pour la première fois “scénarisé”. C’est à dire que l’histoire ne tiendra plus en 3 mots, comme par exemple “Dégommer les extra-terrestres qui descendent sur terre” ou “Manger des billes jaunes sans se faire gauler par les fantômes du labyrinthe”.
Pour Donkey Kong, l’histoire est ainsi développée comme une BD ou un dessin animé. J’vous l’explique pas plus loin qu’ici : un p’tit gars, charpentier de son état, possède un animal de compagnie assez inhabituel, puisqu’il s’agit d’un gorille. Tout se passe pour le mieux entre les deux potes, jusqu’à ce que notre charpentier s’entiche d’une blondinette qui lui fait perdre la tête, et surtout qui va lui faire oublier de s’occuper de son grand singe de compagnie.
Ce dernier, jaloux et rancunier de cette affection perdue, va tomber dans une rage folle.
Têtu comme une mule (eh oui, “Donkey”, c’est une mule en angliche !), notre pauvre Donkey Kong va kidnapper la gonzesse du gugusse, et s’en va la retenir prisonnière au sommet de son chantier, en ayant pris soin d’y foutre un boxon que même dans “C’est du propre” sur M6, ils veulent pas le ranger : il effondre les passerelles, il balance des tonneaux, dont certains enflammés, il lance des outils partout, il casse des échelles … bref, il est pas content et le fait savoir.
La mission du personnage que vous incarnez (le charpentier amoureux) est de grimper au sommet du chantier grâce aux échelles, d’éviter pour ce faire les obstacles en tous genres, puis, arrivé tout là-haut, de délivrer la belle qui vous sera reconnaissante à jamais, et vous promettra beaucoup d’enfants, tâches ménagères accomplies docilement et bière fraîche à volonté si vous la sortez de ce merdier.
Mais malheureusement, parvenu au sommet, vous ne serez pas au bout de vos peines, car le jeu ne s’arrête pas ici : Donkey Kong embarque Fifille vers un autre chantier, et il y aura d’autres niveaux à parcourir si vous voulez couler des jours heureux avec la Belle et mettre hors d’état de nuire ce gros singe malappris.
Chiadée, l’histoire, hein ? De nos jours, elle paraitrait complètement basique, voire risible. Mais en 1981, c’était une prouesse de convertir en pixels un tel scénario ! C’est pour cela que Nintendo a pioché son inspiration dans plusieurs références culturelles.
Le décor reprend les grandes lignes de “Space Panic”, un jeu sorti un an plus tôt, et précurseur des jeux de plateformes à base d’échelles et de pièges tendus par des vilains méchants.
L’histoire, quant à elle, n’est pas sans rappeler les épisodes de Popeye : dans cette BD, une minette (Olive) se retrouve régulièrement prisonnière d’un autre gros poilu, le triste Brutus, en attendant que son mangeur d’épinard vienne la sauver.
Enfin, quand je vous parle d’un gros gorille qui retient prisonnière une gourgandine en haut d’une tour en chantier, ça ne vous rappelle rien ? Bah si ! King Kong, bien entendu, a été une source d’inspiration à peine masquée pour les concepteurs du jeu, ce qui leur a valu quelques histoires de gros sous dont nous reparlerons quelques lignes plus bas …
Il est intéressant de constater que le personnage principal est un petit moustachu avec une salopette et des gants blancs … vous avez tous reconnu Mario le plombier ! Et oui, Mario tient ici son premier rôle. D’ailleurs, il n’est pas encore plombier mais charpentier (comme quoi, ça a du bon, les bilans de compétence et les plans de reconversion …) Il ne s’appelle pas encore Mario mais Jumpman. En 1981, les noms en -man étaient à la mode, semble-t-il (suivez mon regard …)
Mais les marketeurs vidéo ludiques américains, ayant des doutes sur les capacités de Donkey Kong à séduire les foules, ont voulu humaniser le jeu au maximum, et pour cela donner de vrais prénoms aux protagonistes. Pourquoi Mario alors ? Tout simplement parce qu’il s’agissait du prénom du propriétaire de l’entrepôt de Nintendo à Washington !
Mario sera « recyclé » un peu plus tard par Nintendo, avec l’immense succès que l’on connait, et les dizaines de jeux qui composent la saga des “Super Mario” depuis plus de 25 ans.
En attendant, en 1981, il n’est qu’un jeune espoir, qui doit faire ses preuves et sauver sa dulcinée du gorille-en-colère. Les bornes d’arcades voient timidement le jour (seules 2000 machines sont produites dans un premier temps), mais la mayonnaise prend immédiatement auprès du public. Un an après Pac Man, les américains se découvrent de nouveaux héros, et un nouveau style de jeu. Les jeux de guerre à la Star Wars sont définitivement ringardisés pour des jeux plus conviviaux, qui plaisent à un public élargi. Vous verrez d’ailleurs que je compare régulièrement Pac Man et Donkey Kong, car leur ascension et leur traitement marketing est comparable, avec juste 1 an d’intervalle.
C’est donc la cohue pour jouer à Donkey Kong ! Les bornes d’arcade DK peuplent toutes les salles de jeu d’Amérique du Nord, du Japon, puis d’Europe ! Les gamins du monde entier insèrent des millions de pièces dans ces machines, créant ainsi le premier gros coup vidéoludique de Nintendo, le premier jalon de leur formidable réussite. Il ne suffira que de quelques mois pour voir débarquer les adaptations dans les foyers, sur les consoles de salons Atari, Coleco et Intellivision.
Mais contrairement à Pac Man, qui a été développé par Namco comme une “licence” pour une adaptation sur le plus grand nombre de machines possibles, Donkey Kong, est un pur produit Nintendo. Il est le fruit de la réflexion d’une fameuse triplette bien connue des fans de la marque : Hiroshi Yamauchi, le big boss mythique, Shigeru Miyamoto, le designer, et Gunpei Yokoi, l’ingénieur / développeur. Et croyez-moi, avec un tel trio, la réussite ne peut qu’être au rendez-vous !
A l’époque, Nintendo ne dispose pas (encore) de sa propre console de salon : la Famicom, future NES, n’est encore qu’un projet encore un peu fou. C’est donc CBS (sous-entendu Coleco) qui aura en charge de développer le jeu pour les consoles. A la différence de Namco, Nintendo reste très attentif à la qualité de ses produits (chose qui a toujours fait la force et la renommée de la firme). Ces adaptations sont donc très bien réalisées, et fidèles à l’original (exceptées pour les versions Atari 2600 et Intellivision, à cause des limites de ces machines, d’ailleurs Pac Man aura le même problème).
Nintendo entend ainsi protéger son bébé, distribue les licences au compte-goutte, et dépose rigoureusement le nom Donkey Kong, pour être sûr que de malveillants opportunistes ne s’approprient le concept.
Et comme Namco avec Pac Man, Nintendo inonde le marché de produits “Donkey Kong”, préparant en sous-marin le terrain pour le raz-de-marée “Mario Bros” qui sévira 4 ans plus tard. Des jeux de sociétés, des jeux de cartes, vêtements, bandes dessinées, etc …
Consécration ultime, Donkey Kong et Mario auront droit à leur dessin animé en 1983 (comme par hasard, un an après le DA de qui-vous-savez), à ma connaissance jamais diffusé en France. Voici donc un extrait en anglais, le DA étant diffusé à l’époque sur … CBS (toujours par hasard, bien entendu ) :
La Donkey Kong mania sévit, et quelques oncles Picsou en profitent pour pointer le bout de leur nez. Au premier rang desquels les studios américain Universal, qui ont décrété que les droits d’auteur de leur film “King Kong” n’avaient pas été respectés. Hey oui, faire encore du fric sur le dos d’un film de 1933, fallait être gonflé, mais rien n’arrête un PDG avec des dollars dans les yeux apparemment. Le plus drôle (ou le plus pathétique, à vous de voir), c’est qu’Universal ne s’est pas prié de faire son remake de King Kong au milieu des 70’s, en arguant que ce gros gorille kidnappeur faisait partie du domaine public pour ne pas payer (trop) de droits !!
Bref, une histoire de gros sous plein de mauvaise foi, qui ne laisseront pas dupes les jurés. Nintendo gagne son procès, et sait désormais qu’il peut tenir tête aux plus grosses firmes culturelles. La firme est en train de se faire un nom et une crédibilité … réputation qu’elle ne perdra plus.
Forte de ses succès artistiques, commerciaux et juridiques, les suites de Donkey Kong pleuvent sur nos consoles : Donkey Kong Jr (1982), Donkey Kong 3 (1983), et les adaptations se succèdent : Amstrad CPC, Apple II, Spectrum, NES, Commodore 64, Atari … Le jeu sort également sur les mini-supports que sont les Game & Watch et les Table-Top.
Bref, difficile de passer à côté quand on est fan de jeux vidéos au début des années 80.
Mais qui dit succès, dit envieux. Et qui dit envieux dit copieurs 😀 Comme pour Pac Man, de nombreuses sociétés se sont lancé leur propre version du concept, sous des noms sans équivoque : Crazy Kong et Congorilla par Falcon, Congo Bongo par Sega, King Kong par Tiger, etc …
Nintendo tenta bien de faire quelques procès pour ces libres adaptations de son jeu, mais peine perdue, ou presque … Et puis il y avait tellement d’autres projets emballant : dès 1983, Nintendo se consacrait en effet au lancement de sa première console de salon, la célèbre Famicom, qui deviendra pour nous, Européens, la mythique Nintendo Entertainement System, la console qui allait sortir le monde du jeu vidéo du terrible crack de 1984, rongé par la médiocrité et l’absence de renouvellement des pionnières Atari, Coleco et Intellivision.
D’ailleurs, Donkey Kong fut l’un des titres de lancement de cette console au Japon. C’est dire si Nintendo en était fier …
Et surtout, plutôt que se concentrer sur les procès à la concurrence, Nintendo se consacra au développement d’un nouveau personnage issu de Donkey Kong … le célèbre Mario qui sortira en 1985, pour la belle aventure que vous connaissez, et qui sera certainement l’objet d’un autre dossier.
En attendant, notre Gorille, vilain mais pas méchant au fond, se mit en sommeil quelques années, et fit l’objet de nouvelles aventures en 1994. Au moyen d’une adaptation sur Game Boy tout d’abord, puis sur SuperNintendo dans un jeu époustouflant : Donkey Kong Country. ce jeu est une des plus brillantes réussites de Nintendo, les graphismes, l’animation, les musiques, et l’intérêt du jeu … tout y est parfaitement dosé. A l’époque, aucun jeu n’avait fait preuve de tant de réalisme et de technologie ! On sort du cadre des années 80, mais ce serait dommage de ne pas jeter un œil ni de jouer au moins une fois à cette pépite, où Donkey Kong y tient la vedette avec son ami Diddy Kong, pour des aventures vraiment passionnantes !
Depuis, nos sympathiques personnages ont régulièrement fait l’objet de reprises et d’adaptations, sur les consoles Nintendo 64, Gamecube, DS, et dernièrement sur la Wii pour un jeu conservant totalement l’esprit de DK Country de 1994.
En ce qui me concerne, je tiens beaucoup à conserver Donkey Kong dans ma mémoire. Il a joué un grand rôle dans ma découverte des jeux vidéo. Avec Bomb Jack et Bubble Bobble, il s’agit d’un des premiers jeux d’arcade dans lesquels j’ai claqué mes premières pièces, quand j’accompagnais les adultes dans les cafés (en revanche, je ne me souviens plus si c’était DK, DK Jr ou DK3, j’ai la mémoire qui flanche ).
Ensuite, je l’ai redécouvert sur Amstrad, et je ne compte pas les heures passées à essayer de libérer la minette en haut de l’écran. Le jeu n’était pas d’un grand niveau technique, mais super marrant, avec le gorille qui tombait sur la tête quand on arrivait à nos fins, et le son de Mario qui faisait “Bout’ Bout’ Bout’ Bout'”, à chacun de ses pas.
Aujourd’hui, je joue de temps en temps à Donkey Kong Junior sur Intellivision, qui est loin d’être la meilleure adaptation, mais pour ce genre de jeu, nul besoin de méga-graphismes pour bien s’amuser.
Et bien sûr, impossible de zapper les Game & Watch, qu’on a réussit à acquérir il n’y a pas longtemps. Les Donkey Kong I et II font partie des incontournables de ces jeux électroniques de Nintendo, et parviennent toujours à captiver des amateurs quand on les sort !
Donkey Kong est un peu plus qu’un personnage de jeux vidéo. A l’instar de PacMan, il s’agit d’un héros devenu une icône, décliné sous de nombreux supports, et dont je suis sûr qu’on reparlera encore trèèèès longtemps !
Je vous laisse avec une photo fournie par notre ami Fredolococo, que vous pourrez retrouver sur le forum ! Ce passionné a réuni une impressionnante collection de consoles, Game & Watch, Table Top et produits dérivés en tous genres … voici la partie de sa collection consacrée à Donkey Kong ! Un grand bravo et merci à lui !!
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