François Corbier nous a quittés ce week-end, et a malheureusement rejoint la longue liste des personnes qui ont bercé notre enfance, et qui ne sont plus là. J’ai vu beaucoup d’hommages depuis hier, je m’en réjouis, et ils sont mérités. Mais je suis attristé, pour ne pas dire en colère, que la quasi-totalité de ces hommages ne concernent que sa carrière cathodique, et non le chansonnier qu’il était, ce compositeur et parolier immensément sous-estimé qu’il était redevenu après les émissions pour la jeunesse.
Depuis la fin des années 90, Corbier avait choisi de se consacrer à son premier métier, qui était d’écrire et d’interpréter des chansons tantôt tristes, tantôt rigolotes, tantôt un peu teigneuses. Amoureux (entre autre) de l’œuvre de Brassens et de Desproges, il aimait jouer avec les mots, et crier contre tout ce qui pouvait lui taper sur les nerfs, tendance “rive gauche”. Les multinationales, le patronat, les politiques, les religieux, les dictateurs, chacun en prenait pour son grade. Et mille fois hélas, cette œuvre est restée méconnue. C’est pas faute d’avoir fait le maximum pour se faire connaître, jusqu’à la fin, Corbier tournait inlassablement dans toutes les salles et festivals qui lui en faisaient la demande. D’une gentillesse exemplaire et toujours accessible, il signait des dédicaces, faisait la bise aux minettes, serrait des pognes aux velus, et répondait toujours aux courriers ou aux e-mails de ceux qui souhaitaient partager un brin de causette avec lui.
Je lui avait demandé il y a quelques années si ça ne le dérangeait pas que son prochain album sorte dans une relative discrétion. Il m’avait repris en me disant, non sans humour : “Tu n’as pas à prendre autant de pincettes … mon album ne sortira pas dans une relative discrétion … il sortira dans l’anonymat le plus total, comme ceux d’avant, et ceux d’après”. Fataliste.
Mais il n’en tirait aucune aigreur. Sans rien renier de sa carrière et de son passé d’amuseur d’enfants, il regrettait simplement d’être définitivement catalogué comme le chanteur de “Sans ma barbe” et du “Nez de Dorothée”, plutôt que de textes émouvants comme “Chronique Sida” ou “Joli Monde”, dont les médias, dans leur majorité, n’avaient que faire.
Alors, chers internautes, nostalgiques ou non des années 80, de Récré A2 ou de tout autre souvenir télévisuel, si vous souhaitez rendre un bel hommage à Corbier, évitez le Tang et le Club Dorothée : prenez un bon nectar viticole, et écoutez les ritournelles poétiques, marrantes, ou désabusées, que sont “La Louve”, “La galère Capitaine”, “Règles Bleues” ou “Bilan du début du siècle” .
Mais s’il vous plaît, ayez pitié des croissant, et laissez les où ils sont, car ils n’ont représenté qu’une infime partie de la carrière de ce Monsieur.
Une pensée pour sa famille, pour les musiciens avec qui il avait l’habitude de travailler, et pour notre ami Romain, alias Eko Chanteur, qui perd un bon copain, presque un modèle ou un mentor, et qui aimait Corbier pour ce qu’il avait été, et surtout pour ce qu’il était (re)devenu.
Repose en paix, cher Corbinou, ex chanteur anthume …
Très bel hommage, merci.
Il m’arrivait de fredonner quelques unes de ses chansons, à l’occasion, depuis toutes ces années qui nous séparent de la période heureuse de Récré A2.
Oui, mes pensées vont à sa famille et ses ami(e)s.
Merci Corbier pour ce que tu m’as apporté et à un de ces 4 !
Salut ! Et merci ….
Corbier c’était aussi “Plante un jardin”, “Les épinards” … C’était pleins de chansons poétiques, douces ou engagées. C’était un vrai gentil … Un vrai Artiste !
Aujourd’hui j’ai 46 piges. J’ai mis longtemps à comprendre tout le talent qu’il avait. Je m’en suis rendu compte un soir, il y a presque deux ans au détour d’une vidéo sur le net.
Je regrette de ne l’avoir jamais vu sur scène, d’avoir peut-être eu la chance de boire une belle et bonne boutanche de rouge avec lui, de lui écrire pour lui dire que j’aimais sa musique.
Bref, je suis passé à côté de quelqu’un … C’est con la vie …