Je tombe sur ce topic et j'avoue que Michel Sardou à été une immense idole pour moi entre mes 6 ans et 10 ans à peu près.
Je lis vos commentaires et je dois dire que ce qui m'avait à l'époque séduit chez le jeune Sardou qu'il était alors c'est avant tout cette façon de faire la gueule en fronçant les sourcils qui agaçait tant de monde. Je dois dire que sans rentrer dans les détails j'ai eu une enfance compliquée avec de bons moments d'enfance certes, mais aussi et surtout de très nombreux moments assez atroces (j'ai été élevé seul par une mère alcoolique au dernier degré qui ne m'a rien épargné, même quand j'étais très petit, enfin passons).
Toujours est-il que l'immense majorité des chanteurs de variété qui venaient le samedi soir à Champs-Elysées, chantaient des niaiseries insupportables avec sur la figure un sourire faux-cul complètement figé. Je ne me retrouvais pas du tout en eux parce que j'avais pas mal de colère en moi. Un soir, au milieu du défilé habituel de guimauve, je vois arriver un type aux longs cheveux noirs corbeaux, l'air dur et presque dangereux. Il contraste tellement avec tous les autres chanteurs français que j'ai vu jusqu'alors que je reste fasciné par ce type. Il chantait "En Chantant". Une chanson très belle aux textes à la fois simples et très beaux. Je suis devenu fan dès ce soir là. J'ai acheté au Felix Potin le 45t de "J'accuse" et les textes de cette chanson étaient si violents et si pessimistes qu'ils m'ont comme hypnotisé. Il y avait aussi cette voix d'une beauté sombre et d'une puissance à peine croyable. En face B il y avait une autre chanson intitulée "La vieille" aux textes terribles et PAS DU TOUT pour les enfants de mon âge!
Dans ses "bons moments" ma mère me faisait comprendre que Sardou était un sale con sexiste, macho, facho etc. Sauf que c'était pour moi autant de raisons de l'aimer davantage encore. Non pas parce qu'il était (ou pas) ce qu'on lui reprochait d'être, mais parce que beaucoup de gens le détestaient farouchement. En 1980 (j'avais 8ans) est sortit l'album qui allait pour moi devenir mythique et dont j'ai contemplé avec admiration la pochette des heures durant. On y voit tout simplement Michel assit en tailleur tout en noir avec des baskets blanches dans une pièce bleue claire où est écrit son nom en grandes lettres bleues foncées. Ce 33t comprenait des chansons que j'écoutais en boucle enfermé dans ma chambre et dont la beauté et la dureté des textes (j'y reviens toujours mais il était le seul dans sa catégorie en France) me marquèrent très fortement. J'écoutais "La haine", "La maison en enfer", "La donneuse", "Victoria"... Avec le recul j'en reviens pas d'avoir écouté des choses aussi trash à mon âge. Mes amis savaient à peine qui c'était Sardou et ne comprenaient rien à ce qu'il chantait de toute façon. Sur ce coup-là j'étais assez seul je dois dire!
Après avoir harcelé ma famille j'ai pu aller le voir en 1983, accompagné bien sûr j'étais bien trop petit pour y aller seul! J'ai encore le billet d'ailleurs. Plus tard j'ai décroché et me suis tourné vers Prince, Michael Jackson, le hard rock, la new wave etc mais j'ai toujours gardé une forme d'affection et de respect pour l'homme qu'était Sardou, quelqu'un qui n'avait jamais eut peur de chanter ce qu'il pensait, même quand il savait très bien qu'il n'en tirerait que des emmerdes ("Le France", "Je suis pour", "Les ricains", la liste est longue) et je n'ai plus jamais vu de chanteur français à ce stade de célébrité prendre de pareille risques de carrière juste pour rester honnêtes avec eux-même. La grande classe je trouve. Il a écrit et chanté des trucs complètement dingues qu'aucun artistes français n'oserait écrire et encore moins interpréter aujourd'hui.
Pour terminer ce trop long post, je terminerai sur une petit anecdote. Je me souviens de vacances passées quand j'avais 10 ans avec Serge Gainsbourg qui était un ami de mon père (que je voyais lui même très peu puisque mes parents s'étaient séparés quand je suis né).
Mon père pour se moquer de moi dit à Serge en me désignant : "Son rêve à lui c'est de rencontrer Sardou!" Je savais que j'étais supposé avoir honte mais je suis resté stoïque et Gainsbourg m'a juste dit en souriant "C'est pas mon pote mais c'est un des rares qui en a et rien que pour ça je l'aime bien!" C'est d'ailleurs à partir de là que j'ai adoré Serge, humainement, et qu'on a développé une relation vraiment forte et complice. J'étais un drôle de gamin quand j'y repense et je crois que ça lui a pas mal plut en fait. D'ailleurs à cette époque j'aimais pas du tout ce que chantait Gainsbourg. Ce n'est qu'après sa mort que j'ai vraiment découvert et apprécié son oeuvre. Bon entre temps j'étais devenu fan hard-core d'Alain Bashung, ce qui a sûrement aidé!
Voilà, encore désolé pour ce très très long message me suis pas trop rendu compte en l'écrivant
EDIT : Mon bon vieux 33t de l'époque, qui m'a tant marqué, et que j'ai toujours
