En ce jour de Grand Prix F1 de Monaco, j'aimerais parler d'un sport dont j'étais mordu pendant mon adolescence, la formule 1.
Dans les années 80, je ne suivais hélas pas trop la "discipline reine du sport automobile". Bien sûr, au cours de la décennie, il était difficile de ne pas entendre parler d'Alain Prost. Celui qui a remporté 4 titres de champion du monde (1985-86-89-93) reste encore le seul Français a avoir été titré dans cette discipline, même si avant lui, d'autres coureurs' tricolores n'ont pas été loin d'être les premiers à s'approprier la couronne mondiale (Didier Pironi, René Arnoux, Jacques Laffite, Patrick Depailler...).
En dépit de ces titres, Prost n'a jamais joui d'une si grande cote auprès du public français, peut-être à cause d'un tempérament râleur et difficile, d'une physique peu avenant et d'une vie privée qui se tenait à l'écart les médias. Prost était avant tout un metteur au point, ce qui lui avait valu le surnom de "Professeur".
La seconde partie de sa carrière aura été l'apogée de sa carrière, marquée par la rivalité avec Ayrton Senna. Pour ma part, à l'époque, je ne jurais que par ce dernier. Un pilotage toujours à la limite et même le plus souvent au-delà, le roi sous la pluie, un tempérament fougueux, bouillonnant, et même volontiers perdu dans des égarements mystiques. Je le voyais comme la parfaite antithèse de "Prostichon", terre-à-terre et qui ne faisant pas rêver avec ses réclames pour Midas. Senna fonctionnait à l'intuition, à l'instinct, tandis que Prost préférait se prémunir contre tous les risques. En F1, c'est souvent la monture qui fait la différence. Je suis certain que si Senna avait piloté une Williams en 93, il aurait dominé Prost tout au long de la saison, comme il l'avait fait en 90.
J'avais assisté à son décès en course, en 94 (enfin non, TF1 avait à ce moment lancé une des ses interminables pages de pub qui ont occulté l'accident), et j'avais versé des larmes.
C'est au début des années 90 que j'étais devenu fan de F1, par le biais des jeux vidéo de l'époque, je dois dire. A cette époque, Prost et Senna étaient encore là, sans oublier Mansell et Piquet, et des petits nouveaux bien prometteurs faisaient leur apparition, tels que Michael Schumacher. Cependant, au cours des années 90, la F1 entamait déjà les mutations qui en ont fait aujourd'hui un sport insipide, plus que jamais pourri par le pognon, sous la gestion du détestable Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1 cynique et amoral: suppression des moteurs turbo au profit des atmosphériques, mais surtout essor du sport-spectacle, arrivée des grands constructeurs et disparition progressive des petites écuries artisanales (Ligier, Tyrrell, Brabham), plus de dépassements en piste, mais dans les stands au cours des pit-stops, multiplication en dépit du bons sens des grands prix, de préférence hors du berceau historique européen de la F1 et dans des pays peu copains de la démocratie (Chine, Bahreïn, Russie, Azerbaïdjan...), hausse mirobolante des salaires des pilotes, inversement proportionnelle à la montée de leur charisme (comme dans bien des sports, du reste...), diffusion par les télés payantes privilégiée. Moi qui ado, ne loupait pas une course, aurait été très choqué d'entendre la dernière provocation de Bernie. "Je préfère viser les plus de 70 ans. Vous avez vu nos sponsors ? vous pensez qu'un jeune de 16 ans va se payer une Rolex "
En dehors des 4 que j'ai cités, les pilotes des avaient 90 avaient un niveau, il faut le dire, relativement médiocre. Ce qui fait que certaines mauvaises langues minimisent les exploits de Schumacher en lui attribuant des victoires faciles sur des rivaux que l'histoire de ce sport a aujourd'hui oubliés (Damon Hill, Jacques Villeneuve, Mika Häkkinen). C'est vrai qu'ils n'ont peut-être pas tort, lorsque les années 2000 sont arrivées, Schumi n'a pas pu faire le poids face à tous ces Hamilton, Alonso, Räikkönen, Rosberg... Quant à Jean Alesi, vite adoubé "dauphin de Prost" par la presse française , et qui n'a en tout et pour tout dans son palmarès qu'une maigre victoire, on peut s'interroger sur son niveau réel.
La décennie 80 était bien pourvue en champions charismatiques: à l'époque il y avait aussi Niki Lauda, défiguré par un accident, Gilles Villeneuve (père de Jacques), tué en course en 1982. Au cours des années 90, je n'ai jamais assez regretté de ne pas avoir vraiment connu cette époque. Je me réveillais à 4 heures du mat' pour assister en direct aux grands prix se courant au Japon ou en Australie. Je pratiquais assidûment le karting, de location seulement, et aurais rêvé d'avoir le mien propre afin de pouvoir m'inscrire aux compétition. Je m'étais même rendu à deux grands prix, en Allemagne et en Italie.
Mon père qui m'avait accompagné était fortuitement tombé sur Schumacher, adulé par les tifosi de Ferrari, et qui ce jour-là avait décidé de n'accorder que 5 autographes. Mon père a eu la chance d'être le 5ème. Il lui a tendu sa carte de visite et Schumi n'a même pas été fichu de signer correctement. Son feutre a tracé un M et puis a glissé paresseusement en barre horizontale noire. Jacques Laffite était vraiment différent. Je l'avais rencontré à un meeting de karting. Beaucoup de fans lui couraient après pour lui demander un autographe, en lui remémorant ses plus grandes victoires, son grand prix de Las Vegas en 1981 blablabla. Quand il est arrivé à ma hauteur, je m'étais souvenu qu'il avait eu un fils quelques mois plus tôt, qui s'appelait Pierre. Pendant que je me faisais prendre en photo avec lui, je lui ai lancé "Dites bonjour au petit Pierre de ma part". Et je me souviens encore de son regard, 'il avait été très touché que je m'en souvienne, pour le coup c'est lui qui m'avait remercié d'avoir pris une photo avec moi.
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Oui, les champions sont avant tout des humains qui préfèrent avant tout qu'on leur demande des nouvelles de leur famille.
Aujourd'hui, je ne m'intéresse plus du tout au sport automobile. Je ne saurais même pas dire qui est le pilote qui mène le championnat. En vieillissant, je suis devenu un intello écolo gaucho
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qui fuit comme la peste tout ce qui émet du CO2 et brasse du fric.
"La Papamobile, c'est "l'immatriculée Conception": un pape au-dessus, seize soupapes en dessous."
-Coluche (1944-1986)