Le produit du jour : STARTINE ! (1986)

Ahhh, qu’il est dur de changer les mentalités dans notre beau pays ! Surtout quand il s’agit de bouffe !

Startine en est un bel exemple : c’est un fromage commercialisé en 1986, et qui s’est pris un joli bide en moins de temps qu’il n’en faut pour faire cailler du lait.

Pourtant, la seconde moitié des années 80 est propice aux nouveautés : la France de Papa et ses traditions un brin démodées ont du plomb dans l’aile. De nouvelles habitudes émergent, notamment alimentaires. On délaisse la baguette et le rouge qui tâche, et on s’inspire du mode de vie anglo-saxon. On raffole des fast-food, et du fameux brunch du matin, ses céréales, ses oeufs, son bacon, ses pancakes et son jus de betterave-broccoli-topinambour têêêêêeeellllement tendance.

C’est le moment de faire manger du fromage aux français au petit-déjeuner ! Gervais a l’audace de lancer le concept, et pour la première fois, propose aux consommateurs de tartiner leur pain avec du fromage, histoire d’accompagner le premier caoua du matin.

Rassurez-vous, Startine n’a rien du claquos qui fouette, et qui vous retourne l’estomac à 7h du mat’. C’est un fromage tout doux et crémeux, dans le genre St Morêt. Quatre saveurs sont même disponibles : Nature, bleu aux noix, ail et fines herbes et saumon. De quoi contenter tout le monde.

La première pub est dynamique, cible la population active. Elle nous chante qu'”Un matin sans Startine, c’est comme le fromage sans pain”. Laissez tomber la confiture, le miel et le chocolat, et mettez-vous au salé !

Mais malheureusement, ça ne prend pas. Au réveil, les français ne sont pas prêts à tartiner leur brichton avec du fromage, aussi doux soit-il. Les ventes de Startine ne décollent pas. En catastrophe, Gervais repositionne le produit sur la tradition et la famille, et surtout change le concept : on n’est plus obligé de le prendre au petit déj’. D’ailleurs, dès 1987, la pub ne chante plus “Un matin”, mais “Une journée sans Startine, c’est comme du fromage sans pain”.

Peine perdue, Startine ne trouve pas sa niche, et se montre incapable de prendre des parts de marché à St Morêt, Chavroux, Carré Frais et autres pâtes fromagères du même tonneau. La marque disparaît des rayons en 1988, dans l’indifférence générale, sans avoir marqué l’histoire des produits laitiers.

Depuis, personne ne s’est risqué à lancer un fromage dédié au petit déjeuner. Avis aux publicitaires en herbe !!!

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