Quand on vous parlera d’Eric Charden, ne souriez pas en vous moquant de “Made in Normandy” en duo avec Stone, et oubliez son tube “L’été sera chaud”, mais souvenez-vous avec respect que c’est lui qui a composé une des musiques les plus connues et les plus chantées par les enfants dans les années 1979/80 : le générique de SAN KU KAI !
Et tant qu’on y est, pourquoi ne pas jeter un oeil sur ma série préférée.. hein ? Dites ?….
Par contre, je me permets pour plus de simplicité (et parce que je ne sais pas tout) de ne pas traduire systématiquement tous les noms en Japonais ; de même je vous invite pour plus de précisions techniques à consulter cette vidéo.
AU COMMENCEMENT IL Y AVAIT UN FILM :
“Les évadés de l’espace” (Uchu kara no messeji/Message from space). Japonais, de chez TOEI Compagnie. Moyen. Et avec tout pleins de décors que c’est dommage de les jeter. Alors l’idée, c’est de créer une série spatiale qui permettra de rentabiliser le matos.
C’est pour cela que l’on va tourner une série en 27 épisodes, avec deux héros genre Ninja (les japonais aiment bien) des gentils très gentils et des méchants super méchants (simple à comprendre pour les enfants), dans la lignée de Star Wars pour être sûr de faire commercial (Siman, Sidero, Ryu et Ayato ça fait un peu Chewbacca, R2D2, Han Solo et Luke). Et comme on n’a pas trop de sous, les bastons ont toutes lieu dans la même carrière, les costumes des héros restent les mêmes durant 27 épisodes (avec le masque de Siman qui se salit au fur et à mesure…), les super lunettes spatiales sont des lunettes de ski, pas mal de lieux et de scènes sont réutilisables à volonté.
Sur le papier, ça n’a pas l’air génial. Au japon, le succès sera mitigé. En France, ce truc sera une véritable bombe ! San Ku Kai est un souvenir impérissable pour nous qui avions 7/10 ans à l’époque, on a été marqués à vie !
AUTOPSIE D’UN SUCCES :
Les Japonais sont habitués à ce genre d’univers, de Godzilla à Mazinger, et n’ont peut-être pas été emballés plus que ça par une série qui, de leur point de vue, n’était pas novatrice. Nous, par contre, nous n’avions eu Goldorak que depuis un ou deux ans, et nous étions avides de ce genre de série.
En plus, cette fois, ce n’était pas un dessin animé et ça se passait dans l’espace, pas sur Terre. Goldorak et son succès foudroyant a sans doute préparé le terrain dans nos télés. Il est aussi incontestable que la musique composée par Eric Charden est bien plus moderne que celle d’origine, et reste dans nos mémoires. Quand on ajoute à ces éléments le film “Star Wars” en passe de devenir un mythe, il ne faut pas s’étonner que les petits téléspectateurs aient fait bon accueil à San Ku Kai du 15 septembre 1979 au 17 mars 1980.
“EN L’AN 70 DU CALENDRIER SPATIAL…”
C’est la première phrase que l’on entend lorsque l’on découvre San Ku Kai : nous sommes dans le futur, les humains ont colonisés plusieurs systèmes solaires, et nous voici dans le 15ème, là où se trouvent les planètes Belda, Analis et Sheita. Les 6 premiers épisodes nous font découvrir l’univers de la série, tout est réellement en place à partir du 7ème.
Premier personnage à apparaître : Ayato. Jeune pilote à peine sortie de l’école de pilotage de Belda, il rentre chez lui, sur la planète Analis. Et plutôt que de prendre un vol normal, il a pris place à bord du cargo de deux briscards, Siman, un homme-singe et Ryu, pilote confirmé qui a aussi étudié à l’école de pilotage de Belda.
Mais c’est pour découvrir sur Analis sa famille massacrée par les Stressos, un peuple qui envahit le 15ème système solaire et pille tout ce qu’il trouve. L’armée de l’empereur des Stressos, Golem XIII, est commandée par Komenor et Volcor, dont le QG est le Cosmosaure. Parvenant à échapper aux Stressos grâce à ses compagnons de fortune, Ayato tente une attaque suicide du Cosmosaure à bord du cargo de Siman et Ryu après les avoir éjectés dans des capsules de survie. Mais au lieu d’être tué dans l’explosion du vaisseau, il se réveille dans un magnifique bateau volant, l’Azuris de la charmante Eolia, qui lui confie un formidable vaisseau de guerre, le San Ku Kai (voir plus loin dans la liste des personnages).
L’épisode 2 nous raconte les retrouvailles de nos héros, et on peut admirer l’adresse au poignard de Ryu qui gagne un petit robot à un concours de lancer. Nous faisons aussi la connaissance de Kamiji, chef de la résistance face aux Stressos. Mais nous découvrons également l’impitoyable Furia, dont l’art du déguisement trompera souvent nos amis. C’est à partir de cet épisode que tout le monde se retrouve à bord du San Ku Kai.
A plusieurs reprises nos héros sont sauvés de l’attaque des Stressos et des monstres ignobles qui les servent par Staros, un combattant masqué passé maître dans les arts martiaux. Curieusement, il a la même voix et un peu les mêmes habits que Ryu… et il a la même arme, un jitte rétractable. Le spectateur a bien sûr deviné que Ryu et Staros ne sont qu’une seule et même personne, et l’épisode 6 est pour Ayato l’occasion de revêtir un costume semblable à celui de son ami. Ayato devient “Le Fantôme”. C’est fini : tous les éléments de la série sont maintenant en place, les 20 épisodes suivants vont lancer Ryu, Ayato, Siman, Sidero, et Eolia contre les Stressos pour libérer le 15ème système solaire !
LES PERSONNAGES :
Pour présenter nos amis (et leurs ennemis), je me suis permis de relever quelques répliques qui me semblent emblématiques. Je vous fais grâce de Kamiji (chef de la résistance, sympathique mais assez simpliste comme personnage) et des monstres divers qui se font buter systématiquement par Staros et le Fantôme comme de vulgaires Golgoths pratiquement à chaque épisode.
On y va.
“AYATO… JEN… EST … LE FANTOME…” (derniers mots du père d’Ayato)
Ayato a 17 ans. Il est jeune, impulsif, idéaliste, et encore inexpérimenté. Au fil de la série, Ayato gagne en maturité grâce à l’enseignement de Ryu. Dans le premier épisode, il a passé son brevet de pilote et rentre chez lui pour découvrir sa famille détruite par les Stressos. Il fera sauter l’émetteur secret de son père, qui semblait faire de la résistance face aux envahisseurs, et récupère in extremis le sabre du vieux Jen, un jitte rétractable à la poignée asymétrique.
A propos de la destruction de sa maison et de l’émetteur, Ayato déclare à Volcor : “C’est la loi du clan des Jen”. Le vieux Jen était un maître d’armes et Ayato est un bon escrimeur. Ryu complétera sa formation en l’initiant au poignard (couteau de lancer) et au “saut-périlleux-sur-trampoline-hors-champ-de-la-caméra”… Ayato va aussi s’inspirer de Ryu pour se créer un double, un super-héros combattant : “Le Fantôme”. Car le clan des Jen est aussi le clan des Fantômes, des guerriers protégeant le 15ème système solaire.
Si Ayato semble plus déterminé, plus impulsif que Ryu, c’est sans doute à cause des cauchemars qui le hantent : la vision de sa famille décimée lui revient souvent en mémoire ou en rêve. On peut parfois penser qu’il se bat autant pour sauver le 15ème système solaire que pour se venger. C’est à lui qu’Eolia offre le San Ku Kai.
“NE T’INQUIETE PAS” (Ryu, une bonne vingtaine de fois dans la série avant d’aller au devant des pires embrouilles)
Ryu est plus mûr qu’Ayato. C’est un pilote confirmé, et il se bat sous l’identité secrète de “Staros”. Le fait que le père d’Ayato fut aussi son professeur d’arts martiaux créer un lien entre les deux personnages (Ayato fera remarquer un jour à Ryu que celui-ci a une arme semblable à la sienne et l’on comprendra avec Ayato que Ryu et le vieux Jen se connaissaient). Ryu devient le mentor d’Ayato et il l’empêche souvent de se comporter en tête brûlée, même s’il vole au devant de pas mal de dangers lui-même et se sent parfois trop sûr de lui.
Il ne se départit jamais d’une certain humour moqueur, même dans les pires situations, ce qui confirme son expérience et son recul face aux problèmes que nos amis affrontent sans cesse. Là où Ayato s’indigne et se révolte avec de grands cris, Ryu est plus posé, plus réfléchi.
“MMMMMMHHH… CA SENT BON” (Siman, le cuistot du San Ku Kai)
Siman est un Simian, un homme-singe dont le peuple vit sur Sheita. Une longue amitié l’unit à Ryu et ils parlent souvent tous deux à mots couverts de leurs exploits en tant que pilotes de guerre. Très fort, Siman se bat à mains nues ou avec une hache de pierre. C’est un excellent pilote, et un amateur de bonne chère et de bons cigares.
Il est le cuisinier de service dans la petite bande et se débrouille aussi en mécanique. Il est aussi mûr que Ryu, et même plus prudent, et prend souvent son parti, ce qui contraint Ayato à leur obéir dans un premier temps, avant qu’il ne devienne aussi bon qu’eux en pilotage et en bagarre. Cependant, Siman a un sens aigu des injustices, il ne mâche pas ses mots à ce sujet et il est moins diplomate que Ryu.
“ALERTE ! ALERTE !” (Sidero, dont les détecteurs hyper sensibles captent tout ce qui peut être émis comme onde dans l’univers)
Sidero est un robot gagné sur Belda par Ryu lors d’un concours de lancer de poignards. Ryu bat Volcor en finale, et on découvre en passant que ce dernier est vraiment un très bon guerrier, et qu’il ne sera pas facile de se battre contre lui à l’avenir. Sidéro est sans cesse en colère parce qu’on le considère comme un petit robot, et pas comme une personne à part entière. Il se vexe facilement, mais il est attaché à Ryu car c’est son maître et Ryu en le gagnant au concours est désormais responsable de lui. Il permet à l’équipe d’échapper à divers dangers, car ses détecteurs sont très sensibles, et il capte les appels radio ou les signaux bizarres avant tout le monde.
Souvent en conflit avec Siman qui a aussi un caractère entier, il lui arrive d’être courageux à l’occasion. Sidéro peut se battre grâce à des missiles incorporés dans sa poitrine et il possède un petit module volant.
“AYATO…AYATO…” (Eolia, qui aime bien murmurer le prénom d’Ayato quand il est en danger)
Eolia est une belle jeune femme blonde à la voix douce qui pilote l’Azuris, un magnifique vaisseau spatial en forme de voilier. Elle fait don à Ayato du San Ku Kai et sauve plusieurs fois la vie des héros grâce à ses pouvoirs, en les faisant disparaître du lieu où ils risquent la mort et en les transportant dans l’Azuris. Elle apparaît toujours lorsque la situation est désespérée ou lorsqu’une information capitale doit être donnée aux héros.
Elle ne se bat pas directement contre les Stressos : ses pouvoirs semblent protecteurs. Elle est très liée à Golem XIII (voir ce personnage) et meurt en le détruisant dans le dernier épisode.
“FURIAAAAAAAA !!!” (Komenor, qui en a marre que Furia disparaisse tout le temps parce qu’il doit crier pour l’appeler vu qu’il ne sait jamais où elle est)
Ce type a la cape la plus rentabilisée de toute l’histoire des séries télé ! Même Superman ne joue pas autant avec la sienne ! Puissant général en chef suprême incontesté et respecté des Stressos, Komenor n’obéit qu’à son empereur Golem XIII. Une bonne partie de sa journée se passe à tenter de tuer les gentils, et il n’y arrive pas. L’autre partie de sa journée consiste donc à se faire pardonner par son empereur. Il finira tout de même par comploter contre Golem XIII : lui, le général de l’armée, se comporter en éternel serviteur ? Jamais ! Il sera tué par Ryu et Ayato dont les sabres combinés dégagent une énergie assez forte pour détruire leurs plus coriaces adversaires.
On ne peut lui retirer un certain panache, une grande intelligence, et c’est un combattant redoutable. En fait, il échoue souvent à cause de l’incompétence ou de la malchance de ses subordonnés.
“JE SUIS VOLCOR, JE VIENS DU COSMOSAURE AVEC KOMENOR ET JE NE RECOIS D’ORDRE DE PERSONNE !” (Volcor, vexé qu’on lui ai crié dessus)
Subordonné de Komenor. Pendant que Komenor reste à bord du Cosmosaure, Volcor est sur le terrain pour commander les troupes. Cruel, vaniteux, sans scrupules, pervers, violent, rien ne joue en sa faveur. Il perd une main lors d’un combat contre Ryu et Ayato… et se retrouve dans les derniers épisodes doté d’une main en acier.
Comme Dark Vador, oui oui, mais deux ans avant lui ! Ainsi, San Ku Kai a copié sur Star Wars, mais l’inverse est-il vrai ? On peut se poser la question.
“HA HA HA HA HA !!!!” (Golem XIII, qui rit tout le temps parce qu’il est invincible et qu’il méprise tout le monde)
Golem XIII est l’empereur des Stressos, mais plus qu’un véritable empereur c’est un pirate à la tête d’un peuple de guerriers féroces. Sa technique : il s’empare d’un système solaire, le pille, et quand il n’y a plus rien à en tirer, il attaque un autre système et ainsi de suite. Qui est-il ? On ne voit pas son visage, il est représenté par un terrifiant bas-relief à bord du Cosmosaure et il communique par radio, ou se déplace dans un vaisseau qui ressemble à une gigantesque statue.
L’avant-dernier épisode révèle qu’il s’agit de la soeur jumelle d’Eolia, Desmonia : née la première, Eolia est la reine légitime d’un peuple lointain, et sa soeur cadette a dû s’exiler. Desmonia considère qu’Eolia est responsable de la situation, qu’elle est la victime d’une injustice et que sa soeur aînée a eu le beau rôle. Eolia précise que sa cadette était mauvaise avant même que se pose la question de l’accession au trône. Selon elle, cette querelle dynastique n’a rien à voir avec la cruauté de Desmonia.
“A TES ORDRES” (Furia, toujours d’accord avec son supérieur)
La peste de la cour d’école, l’épine dans le pied d’Ayato, charmante comme Eolia, mais aussi perverse qu’Eolia est généreuse. Furia est la super-espionne des Stressos, elle commande aux divers monstres qui échafaudent des plans tordus pour tuer Ryu et Ayato. Intelligente, elle maîtrise l’art du déguisement grâce à une substance caoutchouteuse qu’elle applique sur un visage à copier, puis sur le sien : elle récupère ainsi instantanément les traits de n’importe quelle personne.
Elle se bat peu, préférant s’éclipser derrière une bombe fumigène. Elle sera tuée par Golem XIII en essayant de le trahir.
“PIUUTCHHHHHH … BOOOOOOM !” (Le San Ku Kai, qui tire sur tout ce qui bouge)
Peut-on considérer ce vaisseau comme un personnage ? Non, bien sûr, mais on ne peut pas faire l’impasse. Le San Ku Kai a été offert par Eolia à Ayato afin de combattre les Stressos. Ayato va ensuite inviter Ryu et Siman à se joindre à lui.
Le San Ku Kai possède deux petits vaisseaux indépendants, le Stagire et le Jetiscope, au début pilotés par Ryu et Siman, puis par Ryu et Ayato lorsque ce dernier saura vraiment s’en servir, car si Ayato maîtrise à peu près le San Ku Kai assez vite, le Stagire et le Jetiscope sont plus délicats à manier, notamment à cause de leur vitesse. Rapide, puisant, solide, le San Ku Kai est le vaisseau parfait.
Ses apparitions réjouissent les populations du 15ème système solaire et affolent les Stressos. Il est une sorte de Faucon Millenium… en plus fiable !
SAN KU KAI DANS MA MYTHOLOGIE PERSONNELLE
San Ku Kai compte beaucoup pour moi. Dans les cours de récré j’étais Ayato, j’adorais son sabre. La musique, notamment “Les trois étoiles” était fascinante. Les décors désolés et mystérieux rendaient l’histoire assez sombre pour un enfant, les cauchemars d’Ayato sont parfois effrayants, le côté “ruine romantique post industrielle” est resté dans ma mémoire et j’aime toujours cette ambiance. Les acteurs, on l’oublie, étaient très bons, et les épisodes tiennent la route côté scénario.
Depuis, il y a eu X-OR et Bioman, du coup on se moque facilement des combats à 1 euro dans une carrière abandonnée face à un acteur qui gigote dans un costume en latex… dommage.
San Ku Kai reste de loin ma série TV préférée. Mon seul regret est de ne jamais avoir possédé de jouets ou d’objets dérivés. Trop petit ? Pas pensé à en demander aux parents ? Rien, en tout cas, en dehors des BD, du 45 tours et d’un poster Télé Junior. Ceci dit, j’avais construit un petit San Ku Kai en épingles à linge en bois à la MJC (je l’ai vite perdu…). Quand aux DVD, je les regarde encore avec plaisir !
VIDEOS
Voici une une adresse avec tous les épisodes en streaming, je vous recommande l’épisode 4 (Ayato manque de se faire tuer en jouant avec le Stagire, Ryu rencontre Eolia, première apparition de Staros…) et l’épisode 24 (avec la découverte du secret du clan des Jen) :
ANECDOTES

– Le Sankukai est un style de karaté.
– Le vaisseau de nos amis se nomme Liabe dans la version originale.
– Les liens entre Desmonia et Eolia, entre Ryu et le vieux Jen, entre Siman et Ryu… de nombreuses zones d’ombre planent sur les personnages. Ce n’est pas plus mal au fond, cette série est assez simpliste et en même temps le manque de développement de l’histoire permet de l’enrichir.
– La série fut adaptée en BD, en album Panini, et à l’époque on a aussi eu droit à un magnifique poster dans Telé Junior.
Il aurait fallut parler aussi du spécialiste qui a mis en scène les combats (Sonny Chiba via la Japan Action Club ), un grand professionnel qui a travaillé avec bruce Lee ou jackie Chan.
Les débuts de quelques vedettes asiatiques pour qui la carrière fut lancée Kenji Ōba qui décrochera le role d’X-or juste après et Hiroyuki Sanada bien entendu avec l’excellente carrière qu’il a encore maintenant.