C’est le genre de question qui peut donner lieu à des discussions entre amis animées et très tardives, en particulier s’il reste quelques bières au frais : à partir de quand un objet, une série, un film, un disque ou un lieu mérite-t-il l’appellation « culte » ?
Le problème, aujourd’hui, c’est que l’on appelle « culte » tout ce qui a du succès.
Pour notre part, nous serions d’avis de penser que le mot « culte » implique au contraire une certaine confidentialité. X-Files était une série à succès, et Le Prisonnier une série culte … Et si l’Amstrad CPC était indéniablement le best-seller informatique des années 80, le MSX, lui, est bel et bien un ordinateur culte.
Des possesseurs de MSX, vous en avez forcément eu dans votre entourage. Un cousin, un oncle, ou même un ami, qui vous affirmait que son ordinateur était une petite merveille et que la meilleure preuve était son succès colossal au Japon. Mais là où les choses deviennent à la fois plus compliquées et plus belles, c’est quand on sait qu’il y avait à peu près autant de MSX différents que l’on avait de cousins, d’oncles ou d’amis … Explication !
Les trois lettes MSX (Machines with Software eXchangeability) ne désignent pas un ordinateur en particulier, mais une norme, comme aujourd’hui l’estampille « PC », née en 1983. L’idée était de concevoir des ordinateurs sur une base logicielle et matérielle communes, afin que les périphériques et les logiciels puissent être utilisés indifféremment sur chaque modèle.
Si Microsoft avait une participation dans le projet initial (pour le Basic intégré, principalement), force est de constater que les ordinateurs eux-mêmes étaient presque exclusivement japonais, à l’exception du modèle Philips et d’une version arabe du constructeur Al Alamia.
Cette base commune, qu’on ne détaillera pas ici, n’empêchait pas d’observer des différences importantes entre les produits de diverses marques.
Certains modèles, comme le PHC-28 de Sanyo, comportaient deux fentes pour les cartouches ; d’autres, comme les Yamaha, avaient de meilleures capacités sonores ; et puis, certains comportaient des petites bizarreries comme un joystick intégré. Techniquement parlant, les MSX ne différaient guère de la première console Nintendo : de fait, la ludothèque n’a guère tardé à enfler de manière vertigineuse, avec parfois des titres communs à la NES.
On trouvait des jeux sur cassettes, bien entendu, mais ce sont les jeux sur cartouches, généralement japonais, qui ont donné ses lettres de noblesse au MSX.
Jeux de sports Konami à vous démolir le poignet (Track and field, konami’s boxing, konami’s football), jeux d’aventures (Antartic Adventure et son célèbre pingouin-mascotte de MSX, knightmare, King’s valley), réfléxion à la sauce kawai (Eggerland mystery par exemple) ou combat (Yie Ar Kung Fu), jeux de stratégie (Nemesis) : tout le monde a eu son jeu préféré sur cette fantastique machine.
Le MSX n’a eu qu’un petit succès d’estime en Europe, et en particulier en France, où il a subi la concurrence d’ordinateurs nettement moins amusants comme les sinistres Thomson MO5. D’où son statut culte : les possesseurs de MSX savaient, eux, qu’ils avaient entre les mains une machine fabuleuse, capable de prouesses dans tous les domaines.
La norme MSX2, élaborée en 1985, améliorait considérablement les possibilités graphiques des MSX1 : on dépassait alors ce dont étaient capables les Atari ST, machines 16 bits au demeurant plus puissantes. Quant aux versions suivantes, elles n’ont jamais pénétré nos contrées autrement qu’en import compte-gouttes.
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J’ai eu un yamaha msx 🙂