Et une série culte, Une !! Cette fois-ci, on va s’envoler au pays des sitcoms, vous savez, les séries qu’on regardait en fin d’après midi ou en soirée, avec les rires enregistrés, les quiproquos, et les bonnes petites morales qui vont bien à la fin. Allez, rappelez-vous, quoi, La Fête à la Maison, Arnold et Willy, Punky Brewster et tout et tout …
Comme c’est moi qu’écrit les articles et donc, que c’est moi qui décide, je vais vous parler de ma préférée de tous les temps : Madame est servie. “Who’s the Boss”, dans la langue de Steven Seagall.
Madame est servie, c’est LA série qui m’a scotchée tous les soirs à 20h, et qui m’a fait aimer M6 à l’époque où cette chaîne passait encore des programmes télé. Pour moi, c’était la plus poilante de toutes (je ne connaissais pas encore “Marié, 2 Enfants”), le plus chouette mélange entre humour fin, gros gags et bons sentiments. L’originalité de la série tient autant au jeu des acteurs qu’au concept totalement inattendu et propice à des dizaines de situations jusqu’alors inédites dans les autres séries.
Le principe de cette sitcom reprend pourtant une idée qui a déjà fait ses preuves ailleurs : on prend quelques individus d’un milieu social bien précis, et on les colle dans un autre milieu quasiment opposé, peuplé d’individus qui n’ont pas les mêmes valeurs. On secoue, on laisse mariner quelques épisodes, et on zyeute comment tout ce petit monde va cohabiter ensemble, et gérer les conflits et disputes inévitables qui vont découdre de ce mélange.
Dans le genre, Arnold et Willy (entre autres) ont déjà donné dès la fin des années 70, et ça a plutôt bien fonctionné. En 1984, la société américaine a un peu changé. Désormais, les orphelins, faut croire que c’est démodé. Les nouveaux phénomènes de sociétés sont les working girls, et les familles recomposées. C’est précisément les thèmes choisis par les créateurs de la série, Blake Hunter et Martin Cohen (à qui l’on doit également Ricky ou la Belle Vie), pour débuter les aventures du fameux Tony Micelli.
Pour tous ceux ayant vécu au fin fond d’un puits de 1984 à 1992, voici ce qu’il faut savoir sur la série si vous voulez briller lors de votre prochaine soirée chez l’ambassadeur :
Tony Micelli est un ancien joueur professionnel de Base-ball, tantôt italo-américain, tantôt américano-italien. Une sale blessure l’a obligé à mettre un terme à sa carrière prématurément. Comme une tuile n’arrive jamais seule, sa femme Mary est décédée par la suite, le laissant seul dans le quartier italien de Brooklyn, avec sa fillette Samantha. Bien décidé à élever sa puce dans un endroit moins craignos, Tony se “sacrifie”, décide de tout plaquer, et répond à une annonce pour devenir homme à tout faire dans une grande maison, au sein d’une famille aisée du Connecticut.
L’originalité de cette famille (si on peut appeler ça une originalité), est que la maîtresse de maison, Angela Bower, est une femme très active, puisque présidente d’une grande agence de pub de New York. Elle est divorcée, et a donc un peu de mal à élever seule son fils Jonathan. D’où l’embauche d’une nouvelle « gouvernante ».
Une fois Tony embauché par Angela (formalité accomplie avec brio dès le premier épisode), les choses sérieuses vont pouvoir commencer : comment vont vivre sous le même toit, en tout bien tout honneur, un homme veuf, une femme divorcée, deux enfants de 8 et 11 ans et une mamie dévergondée qui ne pense qu’à s’amuser ?
Tout l’attrait est là. Ces situations sont inédites dans une sitcom, car typiques des années 80. Elles auraient été impensables quelques années plus tôt. Imaginez : une femme avec un poste à haute responsabilité, divorcée en plus, vivre sous le même toit qu’un homme veuf qui accepte de se rabaisser à être simple bonne ? Non mais ça va pas ? Avec en plus une grand-mère entremetteuse, limite nymphomane, qui fait tout pour pousser sa fille dans les bras de ce beau brun musclé ? On croit rêver !
Avant de vous parler en détail des personnages, voici le générique de début des premières saisons :
Passons à présent à la présentation des protagonistes :
Tony MICELLI : C’est le personnage autour duquel va tourner l’histoire. Ancien sportif de haut niveau qui met sa fierté au tiroir pour élever sa fille dans un environnement sain, il devient la bonne à tout faire d’Angela, une riche femme active, et l’homme au foyer de cette étrange famille recomposée. Ultra-protecteur envers sa fille, il garde malgré son nouveau métier un côté macho (qu’il met sur le compte de ses origines italiennes). Ainsi, il en fait parfois un peu trop (même au niveau de son jeu d’acteur, avouons-le), en voulant prendre trop de décisions qui incombent à sa patronne. Mais il s’avèrera être un excellent papa de remplacement pour le fils d’Angela.
La série suivra le fil rouge du jeu du chat et de la souris amoureux qu’il entretiendra avec sa boss pendant 7 saisons, source inépuisable de quiproquos, retournements de situations, et désespoir des fans. Combien de fois ai-je éteint la télé en me disant “Et meeeeerdeeuuuu ! C’est pas encore aujourd’hui qui l’a emballé !!!”
Il est interprété par Tony DANZA, aussi italo-américain que le personnage qu’il campe. Boxeur de haut niveau dans sa jeunesse, Tony Danza a écumé quelques seconds rôles, avant de trouver ce personnage attachant taillé sur mesure, qui lui permettra de percer à Hollywood, tout particulièrement dans le film “Touche pas à ma fille” sorti en 1989. Depuis la fin de la série, il a joué dans divers films et téléfilms sans trop de succès, ainsi que dans son “Tony Danza Show”, tour à tour série, puis émission, qu’il a produite pour la télé américaine. Aux dernières nouvelles, il s’essaierait dans une émission de Télé Réalité où il aurait le rôle principal.
Samantha MICELLI : comme son nom l’indique, c’est la fille de son père. Garçon manqué bagarreuse lors de la première saison, elle se métamorphose peu à peu en jolie adolescente, puis en ravissante jeune femme qui fait tourner la tête des garçons. Au grand désarroi de son père, qui aurait aimé que sa petite fillette ne grandisse jamais. De nombreux épisodes utiliseront ainsi les ficèles du père trop envahissant dès que sa fille sort avec un garçon, ou commence à devenir trop autonome ! 😀
Samantha est brillamment interprétée par Alyssa Milano, qui a raflé un nombre impressionnant de récompenses quand elle tenait ce rôle (meilleur second rôle pour un enfant, meilleur rôle féminin, etc. …).
La série ouvrira les portes du cinéma à la belle Alyssa, que l’on retrouvera notamment aux côté de Schwarzy dans “Commando” dès 1985, ou dans “Double Dragon” en 1994.
Depuis, tout lui réussit : Elle a tenu le rôle vedette dans Charmed de 1998 à 2006, elle a développé sa propre marque de fringues sportives, et eut également une belle carrière de chanteuse, avec un grand succès en Asie. De tous les acteurs, c’est de très loin celle qui aura la plus belle carrière post-“Madame est servie”.
Angela BOWER : Il s’agit de la bourgeoise coincée qui voit débarquer chez elle un latin brûlant pour y faire le ménage ! Tout d’abord réticente à cette idée, elle perçoit rapidement les bénéfices apportée par son nouveau domestique : excellent cuisinier, homme de ménage rigoureux, baby sitter sérieux pour son fils … de quoi la laisser gérer sa belle carrière de publicitaire comme elle l’entend. Mais elle se rend compte également très vite que ses sentiments deviennent de plus en plus fort envers Tony, qui de simple employé, devient ami, puis confident, puis … bien plus que ça encore.
Ce qui fait le plus marrer chez Angela, c’est son look absolument improbable. Mais qui a bien pu la fringuer comme ça, et la parer de lunettes de si mauvais goût ?? Elle possède une garde-robe complètement kitsch, représentative de la mode stricte des années 80. Rien que pour cela, la costumière de la série aurait mérité une palette de Grammy Awards ! Et ce chignon, c’est pas du grand art, ça ?
Angela est interprétée par Judith LIGHT, qui fait parfaitement évoluer son personnage au fil des saisons : elle devient de moins en moins coincée, plus naturelle, et ainsi beaucoup plus charmante, de quoi faire définitivement craquer Tony !
Elle a connu son premier rôle en 1977 dans le feuilleton Kojak, avant d’enchaîner dans “On ne vit qu’une fois”, puis “Madame est servie”. Pas de rôle remarquable depuis l’arrêt de la série, l’actrice se concentrant sur son activisme en faveur de la population gay, et la participation aux manifestions contre le SIDA. De l’avis de la profession, c’est une vraie personne altruiste, avec un coeur gros comme ça.
Jonathan BOWER : Quand la série débute, c’est un garçonnet réservé et timide … on le verra grandir tout au long des saisons, pour devenir un beau blondinet adolescent sûr de lui. Son innocence et la naïveté qui le caractérise au début apporte des dialogues rafraichissants, au milieu des problèmes d’adultes. Au fur et à mesure, il prend de la bouteille, et à l’image de Samantha quelques années auparavant, tient lui aussi à son indépendance. Il ne tiendra jamais le haut du pavé, mais il est un élément indispensable à la romance entre Tony et Angela. Si Tony n’avait pas pris soin de ce petit garçon difficilement gérable, serait-elle tombée amoureuse de lui ?
Joué par Danny Pintauro, enfant à la bouille angélique qui se transforme en beau gosse ravageur, cet acteur fut repéré par les publicitaires dès son plus jeune âge pour jouer les bébés promoteurs. Autant dire que les caméras et les photographes, ça le connait. Pourtant, ça ne garantit pas une carrière riche et fructueuse, puisque les rôles intéressants qu’il a tenu après l’arrêt de “Madame est servie” se comptent sur les doigts de la main. A la fin des années 90, il décroche un diplôme d’art dramatique qui lui permet de jouer dans diverses pièces de théâtre … mais depuis quelques années, on n’a guère plus trace de lui. Ce qui ne remet absolument pas en cause son talent bien entendu, car il sait aussi écrire et diriger des pièces, lui donnant moins d’exposition, mais tout autant de reconnaissance artistique.
Mona ROBINSON : AAAAhhhhh, inclinez-vous devant la belle, la sublime Mona !!! Second rôle ? Mon oeil ! Sans elle, la série n’aurait pas ce piment, cette impertinence.Mona, c’est la mère (veuve) d’Angela, et donc grand-mère de Jonathan. Elle joue le rôle de l’électron libre. Elle vient quand elle veut, elle repart quand ça lui chante, elle participe aux réunions de famille si elle a envie, et si ça la gonfle, elle va draguer les beaux mecs dans les bars !!
Cette super-mamie est un concentré de fun et de politiquement incorrect. Une scène avec elle, c’est au moins un fou-rire garanti. Les plus belles répliques viennent de sa part. Elle dit ce qu’elle pense, et quand il faut mettre les pieds dans le plat, elle s’y colle !
Eternelle curieuse et fouteuse de boxon, elle aime se mêler de ce qui ne la concerne pas, en particulier de la relation entre Angela et Tony, dont elle est à l’origine de l’embauche. Loin d’être aussi coincée que sa fille, elle collectionne les conquêtes, les jeunes, les vieux, les riches, les pauvres, tout le monde a sa chance avec Mona !! Hyperactive, elle suit des études, travaille, fait du sport, du shopping, boit, profite de la vie, bref, tout le contraire des mères et grand-mères de famille des autres sitcoms qui préparent des cookies pour leurs petits enfants en regardant Oprah. Un sacré personnage ! En tout cas, mon préféré de la série.
Elle est interprétée par Katherine Helmond, une grande figure de la comédie américaine. Cette actrice a débuté une riche carrière sur le tard, puisqu’elle a été castée pour des rôles intéressants au début des années 70 (elle avait la quarantaine bien sonnée). Mais elle s’est bien rattrapée, car elle a alors joué dans une tripotée de sitcoms et de films, pour devenir une incontournable du paysage télévisuel (et dans une moindre mesure, cinématographique) américain. Elle a levé le pied depuis l’arrêt de la série en 1992, mais a tout de même joué dans une dizaine de téléfilms. Elle nous a quittés récemment, début 2019. Je lui dédie volontiers ce modeste article.
En plus de tout ce petite monde, plusieurs personnages récurrents peupleront l’univers de notre sympathique famille : les amis, les copines, les flirts, les fiancés, les collègues requins, les voisins envahissants, … Qui plus est, une jolie brochette de stars figurera dans quelques épisodes. Parmi les plus connus, Mike Tyson, Ray Charles, Franck Sinatra ou Leslie Nielsen. De quoi mettre du piment et donner ses lettres de noblesse à la série.
Bien entendu, les problèmes “classiques”, récurrents dans les sitcoms familiales, apparaîtront au fil des épisodes. Tony aura du mal à couper le cordon avec sa fille, Angela aura aussi fort à faire avec son turbulent Jonathan, ou avec sa mère et ses excentricités. Mais l’intrigue principale qui nous tiendra en haleine pendant quasiment toute la série est bien : “Mais quand tess’que ces deux-là vont se mettre ensemble ???!!!!”
Un début de réponse nous est donné à la fin de la première saison, avec le premier baiser de nos tourtereaux, mais il faudra attendre la 8ème et dernière année pour que cette romance soit reconnue par Tony et Angela, assumée, puis officialisée par un projet de mariage.
Et pendant ce temps, on les observe durant 7 ans, à jouer à “Je t’aime, moi non plus”, à se cacher puis s’avouer leurs sentiments, puis se rétracter … y’aura bien des conquêtes de part et d’autres, bien sûr (8 ans d’abstinence, ce serait ballot quand même !), mais les ruptures permettent à notre couple de se rapprocher au fil des années, et de se découvrir de plus en plus d’affinités.
Diffusée en 1987 sur Antenne 2, c’est en 1988 que la série va devenir une incontournable des petits écrans français l’année suivante. M6, petite chaîne qui avait sacrément envie de monter, a mis en place une campagne de matraquage en règle, en multidiffusant la série jusqu’à plusieurs fois par jour, et ce pendant plusieurs années. “Madame est servie” est ainsi devenue une série emblématique de la 6ème chaîne, à l’instar de la Petite Maison dans la prairie ou du Cosby Show. D’ailleurs, détail amusant, “Who’s the Boss” et “The Cosby Show” ont été lancés le même jour aux USA. Alors que “Who’s the Boss” s’est bien défendu en se plaçant dans le Top 10 des séries US durant 4 ans, “The Cosby Show” a tout ravagé sur son passage en réunissant 3 fois plus de téléspectateurs !
En France, la différence est moindre, et le public s’est tout autant pris d’affection pour la famille Huxtable, que pour les Bower et Micelli. Personnellement, je n’ai jamais pigé cet engouement pour le Cosby Show. Quand on est habitué à Madame est servie, les épisodes du Cosby Show paraissent bien fades, avec cette morale mignonette et ses gags bien lisses. Question de goûts …
J’ai donc attrapé le virus en 1988, quand M6 s’est mis à diffuser d’une traite les 4 premières saisons. Encore une fois, ce sont mes voisines qui m’ont contaminé, puisqu’elles adoraient cette série, je suis tombé devant un soir, et dès lors impossible de lâcher prise. Avec un épisode quotidien à 20h, et une rediffusion le lendemain à 13h, impossible pour le public de louper un épisode. Et quand les nouveaux épisodes étaient épuisés, M6 rediffusait tout depuis la première saison ! Et ce pendant des années …
Forcément, au bout d’un moment, on connait tous les épisodes par cœur. Mais on ne s’en lasse pas, ce fut toujours un plaisir de retrouver cette série. La principale bataille consistait à monopoliser le poste de télé à l’horaire très prisé de 20h, puisqu’en face, il y avait les infos et la Classe de Fabrice. De plus, comme ça coïncidait la plupart du temps avec le dîner, pas facile de tout suivre sans se faire enguirlander ! 😉
Alors on rusait : on programmait le magnétoscope pour regarder les épisodes plus tard, ou on s’éclipsait dans la chambre pour les voir sur le petit poste. C’était en noir et blanc, mais là au moins, on avait la paix ! Et le lendemain, inévitablement, on se racontait l’épisode de la veille, en se remémorant les gags et les répliques immanquables. C’est pour toutes ces raisons que “Madame est Servie” gardera toujours une place à part parmi toutes les sitcoms que j’ai suivi.
Chez M6, seules Roseanne et “Marié, 2 enfants” ont réussi à m’amuser autant. Mais y avait un truc en plus dans “Madame est servie”. On s’y identifiait plus facilement. On aurait aimé avoir un bon pote come Jonathan, qui a une collection de reptiles super fun, et on aurait aimé avoir Samantha comme petite copine. Et bien sûr, une grand-mère comme Mona, confidente et délirante, un papa comme Tony qui faisait tout le temps du sport et des jeux, et une maman comme Angela, belle et riche, avec une Jaguar.
La série connût ses plus belles heures en 1989 et 1990, pour ses cinquièmes et sixième saison. Une apothéose d’épisodes tous plus réussis les uns que les autres, les personnages (et les acteurs) étant au top de leur forme, et l’intrigue vraiment bien ficelée. Ensuite, comme de nombreuses séries qui ne peuvent se permettent de stagner, ça s’essouffle. La romance inavouée de Tony et Angela tourne un peu en rond, Samantha n’est plus la jeune fille innocente trop protégée par son papa, et Jonathan devient presque adulte lui aussi …
La production a bien tenté de redonner un coup de fouet en intégrant le petit Billy, 5 ans, à l’histoire, un peu comme un cheveu sur la soupe. Mais même si ce petit est rigolo, il ne comble pas l’attente du public, qui se met à s’impatienter, puis à déserter. Les épisodes ne sont pas nuls, loin de là, mais pas suffisamment puissants pour capter les téléspectateurs occasionnels. Bref, ça sent la fin, et c’est pas plus mal.
La production décide de boucler la boucle dans une huitième et dernière saison, où Tony et Angela s’avouent mutuellement leur amour, et préparent leur mariage. Samantha en profite également pour se marier avec un illustre inconnu. Pour terminer, le dernier épisode nous réserve une fin très originale, que je ne vous dévoilerai pas, mais qui fait pardonner tous les errements des deux dernières saisons !! !
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