Le Krach du Jeu Vidéo 1983/1984 :-(

cartouches Atari VCS 2600 années 80 eightiesNous voici arrivés au dernier épisode de notre épopée vidéoludique, cher lecteur … Et contrairement à ce qui se passe chez Starsky et Hutch, qui gagnent toujours à la fin, l’histoire ne va pas se terminer par une HAPPY END. Et non !!

L’aventure des consoles de seconde génération, les Ataris, les intellivision et les MB Vectrex ne s’est pas terminée de jolie manière. Il faut vous faire une raison : les années 80 n’ont pas apporté que joie, rire et bonheur aux petits enfants que nous étions.

 game crash ET Atari VCS 2600 années 80 eightiesEh oui, cessons de nous voiler la face, les 80’s aussi ont eu leur lot de catastrophes : Tchernobyl, le tremblement de terre de Mexico, François Valery … le Destin n’a pas toujours été rose. Mais ce qui a le plus peiné le petit monde des geeks de l’époque (qu’on appelait alors nerds), ce fut sans doute l’écroulement du marché du Jeu Vidéo survenu en 1983.

Conséquence d’un emballement sans précédent pour des machines à la technologie en constante progression, il a pris au dépourvu les fabricants, les éditeurs de jeu, et a causé la faillite de nombreuses sociétés de développement, incapables de faire évoluer leurs gammes, et de séduire de nouveaux clients.

 
Comment est-ce arrivé ?
 
 Tu te doutes bien, cher ami lecteur, qu’un tel krach ne se produit pas du jour au lendemain, et encore moins sans raison. Voici comment on en est arrivé là …
 Borne d'acrade Pong années 70 80La première génération de consoles (les Pong) s’est vue composée de centaines de modèles : l’Atari Pong et la Magnavox Odyssée, bien sûr, les pionnières, mais aussi les copies de Coleco, Philips, Seb (c’est bien), Nintendo, etc … Toutes ces copies étaient très rentables car faciles à concevoir, pratiques à commercialiser, et surtout elles n’engrangeaient aucun second marché : pas de fabrication de coûteuses cartouches, pas d’achat de licences onéreuses, etc … le Pong, même décliné en plusieurs jeux (foot, tennis, pelote …), c’était simplement deux raquettes blanches, une balle encore plus blanche, et un fond tout noir.
  
Tout le monde n’était pas encore équipé d’un téléviseur, mais à la fin des 70’s, les postes se multipliaient dans les foyers comme des lapins nymphomanes. Ainsi, les ventes de consoles suivaient cette même courbe. Chacun se contentait de sa petite part de marché, les chiffres de vente de Pong étant considérés comme du bonus pour des sociétés dont ce n’était pas l’activité principale. Prise de risque pour les fabricants : 0, nul, que dalle, c’était du bénef à tous les coups. Tout le monde était content, et aurait pu le rester …
 Jeu Indian Jones Atari VCS 2600 des années 80Sauf que les consoles de seconde génération sont apparues, l’ATARI VCS/2600 en tête. Et l’industrie toute entière s’est emballée en pensant aux milliards de bénéfices à portée de joystick. Le marché a pris une nouvelle dimension : de simples gadgets à brancher sur une télé, les consoles sont devenues de véritables biens de consommation, obéissants à des lois marketing et aux contraintes commerciales : les cartouches à fabriquer, les droits d’exploitation à acquérir, les ingénieurs et programmeurs à rémunérer … ce marché devient très vite “adulte” … mais absolument pas mâture (saisissez bien la nuance ? )
Pas mâture car les fabricants, Atari et Mattel en particulier, se sont lancés têtes baissées dans la course à la quantité. Comprenez par là que ces brillants businessmen ont pensé que la profusion apporterait l’ivresse, et qu’il suffisait de sortir des jeux par dizaines pour que les consoles se vendent comme des petits pains. 

Publicité Atari VCS 2600 des eightiesHélas, le marché se limitait à l’époque aux enfants. L’Intellivision, la 2600, la Vidéopac et leurs amies avaient un intérêt bien limité si on était âgé de plus  de 12 ans. Si plus tard Nintendo a su avec la NES conquérir le marché des ados, et Sony celui des adultes avec la Playstation, il n’en était rien à l’époque. Une console était un jouet pour les kids et rien d’autre. En offrir une à Noël ou à l’anniversaire de son rejeton était courant, mais lui acheter de nombreux jeux, c’était hors de portée de beaucoup de bourses.

Malgré tout, les jeux continuaient de sortir à la pelle. Dans le lot, de très belles réalisations, mais aussi d’énormes déceptions. En moyenne à 34 dollars, certains jeux étaient une pure escroquerie. Je vous ai bien sûr déjà parlé de E.T. ou de Pac Man sur Atari, et de Donkey Kong sur Intellivision. Mais des jeux mal faits de la sorte, il y en avait beaucoup. Beaucoup trop. Ce qui rendit plusieurs parents fort marris, en constatant leur fiston décréter après seulement quelques heures de jeux : “Ouais, bof, c’est toujours la même chose” … Résultat : au Noël suivant, ils préférèrent offrir ballons de foot ou skate-boards, et pour les plus chanceux, un véritable ordinateur, sur lequel leur petit pourra en plus travailler.

Ordinateur individuel des années 80C’est ce qui s’est passé en 1983. Les consoles avaient nettement affiché leurs limites, et les éditeurs de jeux avaient trop pris les acheteurs pour des imbéciles. Au moins, les ordinateurs proposaient une alternative : on pouvait y jouer, mais aussi faire ses devoirs, programmer, apprendre l’anglais et la géo, et même tenir sa compta, ou taper des lettres comme avec une machine à écrire. Des prouesses technologiques avec lesquelles les consoles ne pouvaient pas rivaliser à l’époque.

Ajoutons à cela une guerre des éditeurs absolument dévastatrice pour l’image des consoles. Un exemple ? Donkey Kong, encore lui ! 

Donkey Kong est un jeu conçu et édité par CBS Electronics, pour les consoles Atari, Intellivision et Colecovision. Vous trouvez pas ça bizarre, un fabricant de consoles, qui conçoit aussi des jeux pour ses concurrents ? Et vous trouvez pas ça encore plus bizarre que, comme par hasard, la version Coleco est époustouflante, alors que les versions Atari et Mattel sont complètement pourries ? De là à dire que CBS a volontairement saboté les versions concurrentes de DK pour mettre en avant les performances de sa console, il y a un pas que beaucoup d’observateurs ont franchi. Et ce fut une erreur gravissime, représentative du manque du recul des acteurs de l’époque.

Frise comparatif Donkey Kong consoles Arcade Atari Intellivision Colecovision

Imaginez Sega sortir volontairement une version de Sonic complètement naze pour Nintendo, et pire encore Nintendo qui accepte une pareille daube. Cela aurait porté préjudice à Sega ET à Nintendo (sans parler des éditeurs, programmeurs, etc …). Avec ce genre d’épisode, CBS et sa Coleco, Atari, Mattel … tout ce petit monde s’est fait passer pour une belle brochette de gougnafiers, et a donné une piètre image de ce secteur.

 Publiucité jeu ET Atari VCS 2600Mais c’est pas tout ! Passons aux stratégies commerciales et logistiques à présent.

La politique de la quantité se pratiquait au niveau du nombre de jeux, souvent très similaires et sans grande créativité, mais aussi et surtout au niveau du nombre d’exemplaires, totalement hallucinant ! Chaque cartouche Atari était produite à plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d’exemplaires, quelle que soit sa qualité ou son potentiel.

Par exemple, la cartouche Pac Man (vous allez penser que je m’acharne sur ce jeu, mais l’exemple est tellement édifiant …) a été produite à 9 millions d’exemplaires, soit une quantité bien supérieure à l’ensemble des consoles en circulation !!! Comme si les clients allaient acheter plusieurs exemplaires du même jeu ! Ce fut aussi le cas pour la cartouche E.T., dont les centaines de milliers d’invendus se sont retrouvées enterrés au fin fond d’une cuve dans le Nouveau Mexique … 

Overlay console Vectrex Jeu MinestormLes autres jeux invendus se sont retrouvés bradés à 9 dollars dans des solderies, alors qu’ils coûtaient 4 fois plus quelques mois plus tôt … Pour faire de bonnes affaires, il suffisait donc d’attendre qu’un jeu sorte, patienter quelques mois, et le récupérer pour une misère chez les discounters.

Les éditeurs vendaient donc à perte, d’où déficits, chômage, et secteur sinistré en à peine 1 an … En 1984, le phénomène s’est amplifié, et les consoles se sont éteintes les unes après les autres. Et malgré leurs qualités et les efforts pour proposer des jeux originaux et de qualité, les premières à boire la tasse furent la Vectrex, et la Colecovision. Y a pas de justice pour les braves …

L’intellivision et l’Atari 2600 résistèrent tant bien que mal en raison du grand nombre de consoles vendues préalablement, alors qu’elles furent les principales fautives du krach. Mattel vendit des Intellivision jusqu’en 1986, et Atari des 2600 jusqu’en 1991 (dans une version relookée).

Console Famicoim Nintendo NES Japon 1983Le salut vint du Japon, par une société jusque là spécialisée dans le jeu de société traditionnel, fraîchement reconvertie dans l’édition de jeux d’arcade … NINTENDO !! Dès 1983, Nintendo proposa au marché japonais la console Family Computer, ou FAMICOM …

Aux USA et en Europe, dès 1985, elle sera commercialisée sous le nom de NES. A elle-seule, elle sortit le marché des consoles de sa torpeur, et les programmeurs de leur détresse. En prenant soin de ne pas réitérer les mêmes erreurs que ces prédécesseurs yankees.

Sigle qualité Nintendo NESTout d’abord Nintendo apposa sur ses jeux le fameux “Label Qualité”. C’était certes de la poudre aux yeux, puisque les jeux n’étaient pas vérifiés et validés par Nintendo, mais au moins ça rassurait sur une démarche qualitative (c’est ça, le fameux logo doré en forme de soleil !). Ensuite, la firme a imposé une redevance minimale aux éditeurs, afin de ne pas déprécier les produits, et interdire les ventes à perte.

Ce n’est qu’à ce prix que la jeunesse reprit goût aux consoles, et que les ados y succombèrent à leur tour dans la seconde moitié des 80’s. Et c’est ce qui nous permit d’assister à la plus belle rivalité de l’Histoire vidéoludique : NINTENDO vs SEGA … mais là, on entre dans la troisième génération des consoles … qui fera certainement l’objet d’une autre saga amoureusement concoctée pour vos beaux yeux, chers lecteurs adoréchéris.

 Nintendo vs Sega guerre des consoles années 80Je vous remercie de m’avoir accompagné dans cette redécouverte de nos bonnes vieilles machines. N’oubliez pas d’aller découvrir ces consoles sous un aspect plus technique chez nos amis de Grospixels, Silicium ou MO5.com, et si vous en avez envie, de préserver ce patrimoine en adoptant une petite machine et quelques jeux.

N’hésitez pas de faire vivre les différents sujets en ajoutant vos photos et souvenirs personnels liés à ces beaux engins. Rendez-vous très bientôt pour d’autres aventures au pays des bébètes à clavier et à joystick !!!

 

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