Jean Michel Jarre, voilà bien un homme qui a marqué notre décennie avec son fameux Rendez-vous IV qui a été durant plusieurs semaines classé au top cinquante. La carrière de Jean Michel Jarre est relativement longue, donc je ne parlerai ici que de ce qui concerne les années 70 à la fin des années 80 au travers d’une rapide rétrospective, en ajoutant quelques anecdotes.

Jean Michel Jarre voit le jour à Lyon le 24 août 1948. Et c’est en 1976 que son premier vrai succès voit le jour. Il s’agit de Oxygène qui se vendra à plusieurs millions d’exemplaires à travers le monde. Pourtant c’est en 1971 que Jean Michel sort ses premières œuvres à proprement parler. A commencer par La Cage puis Erosmachine, deux titres sur un premier disque. En 1972 Deserted Palace va intéresser quelques rares amateurs.

Equinoxe sortira en 1978. Si Oxygène faisait justement référence à l’air, Equinoxe nous plonge dans le monde aquatique. Le bruit du vent est remplacé par ce lui des vagues.

La sortie de ces deux albums de légende a été l’occasion pour Jean Michel d’offrir son premier concert géant au soir du 14 juillet 1979. Comme beaucoup de ceux qui vont suivre, il était gratuit et a attiré par moins d’un million de personnes. Un record mondial pour l’époque, tandis que les autorités tablaient sur 100 000 personnes tout au plus.

En outre, ce que l’on sait peut-être moins est entre autres, qu’il a fallu remplacer les canalisations d’eau qui alimentaient les fontaines pour pouvoir synchroniser les jets d’eau avec la musique. Les dites canalisations dataient du Baron Haussmann !

Et que dire des autorisations administratives ? Pour la place elle-même Jean Michel Jarre et Francis Dreyfus (sa maison de disque de l’époque mais aussi son manager) devaient s’adresser à la ville de Paris, pour l’Obélisque aux Monuments Historiques, pour le mur qui la sépare des Tuileries au Jardins Publics, pour les façades de la Marine rue Royale, au ministère de la Défense, et enfin pour toutes les statues, et les fontaines, au Beaux Arts et au service des Eaux !

Le concert par lui même a été pour une large part pré enregistré pour éviter les fameux problèmes liés au réglages délicats des instruments analogiques. L’idée n’était pas dénuée de sens puisque le jour J à 18 heures soit quatre heures à peine avant le début du spectacle il pleuvait.

Enfin, du 14 juillet au 15 août Jean Michel Jarre vendra huit cent mille albums, alors que la France est en vacances, et que de nombreux magasins sont fermés.

Jean Michel Jarre n’en reste pas là. Ce succès en poche il s’enferme de nouveau dans son studio et enregistre les chants Magnétiques qui fera son apparition dans les bacs en 1981.

Cette même année il s’envole également en direction de la Chine pour une série de cinq concerts. Il sera là encore le premier : le premier musicien occidental à se produire en République Populaire de Chine. Ce, malgré les candidatures des Rolling Stones, des Pink Floyd, Elton John et autres… Deng Xiaoping choisira finalement le compositeur d’Equinoxe.

Ce seront donc quinze tonnes de matériel qui débarqueront chargé sur trente camions. Plus quelques tonnes supplémentaires de matériel en cas de panne.

L’organisation du concert est une nouvelle fois jonchée d’embûches :

Premier problème de taille les tensions électriques ainsi que les fiches ne sont pas compatibles entre la France et la Chine, il faudra commencer par tout remettre aux normes locales. Les chinois ont une autre relation au temps, complètement distendue par rapport aux habitudes occidentales. Ainsi, une décision peut leur prendre des jours voire des semaines, alors que chez nous, elle serait prise dans les cinq minutes. L’équipe entourant Jean Michel était du coups souvent mise en état de stress ne sachant pas si tel ou tel élément serait finalement réglé à temps.

Toujours en rapport avec l’électricité, dans les derniers moments précédents le premier concert l’équipe s’est aperçue qu’il n’y aurait pas assez d’électricité pour éclairer la scène et la salle. Les autorités ont spontanément décidés de priver le quartier qui entourait le Stade des Ouvriers d’électricité le temps du spectacle. Pour une fois, la décision -aussi radicale soit-elle- a été prise rapidement !

A la fin des premiers morceaux le public n’applaudissait presque pas et ne montrait aucun signe particulier de joie ou d’émotion.. Les musiciens ont pensé que leur prestation était un échec. Mais en fait il n ‘en était rien. Dans la culture chinoise on applaudit pas pour ne pas déranger ou nuire à la concentration et, autant que possible, on reste silencieux. C’est en fin de concert que tout le monde sera convaincu de la réussite de l’opération avec des applaudissements nourris durant de longs moments.

C’est à l’occasion des concerts en Chine que Jarre a utilisé pour la première fois la fameuse harpe laser.

A l’origine là encore, Jean Michel voulait que les concerts soient gratuits mais les autorités chinoises ont préféré rentrer dans leurs frais en vendant des tickets. Cela n’a pas empêché Francis Dreyfus d’engager des fonds propres dans le projet. La vente du disque Les Concerts en Chine considéré longtemps comme l’un des meilleurs comblera à peu près les engagements financiers.

Le 5 juillet 1983 il a l’audace de mettre un album aux enchères. 33 Tours gravé à un seul et unique exemplaire et dont la bande sera brûlée devant huissier, Musique Pour Supermarché s’est vendu 70 000 francs à l’Hôtel Drouot. Il est passé une journée seulement sur les ondes radio et Jean-Michel Jarre encourageait alors les auditeurs à pirater son œuvre ; ceci à la face des maisons de disques furieuses de cette initiative. Sur la pochette de l’album figurent des photos qui récapitulent les diverses phases de réalisation de l’œuvre ; de la composition, à l’enregistrement sans oublier le pressage. Une seule image était blanche, elle était destinée au portrait du propriétaire du disque que Jean-Michel à photographié au Polaroïd le soir des enchères…

Jean Michel part alors pour New York où il vivra pendant une année, le temps de donner naissance à Zoolook. Sa sortie a lieu en 1984. L’Album est aussitôt plébiscité par toute la profession pour son originalité.

C’est un peu la musique des voix du monde. Bribes de hongrois, de papou, de finlandais, extraits de prières esquimaudes, ou de conversation aborigènes, fragments de voix de Walesa, Kissinger ou bien de Bernard Pivot, ou encore d’une téléphoniste russe ou d’une vieille dame anglaise, tout cela se mélange et forme une alchimie dont résulte une musique proche de ces chants rituels dont on ne comprend pas le sens , mais qui nous touche et nous envoute malgré tout.

Pour ceux qui on cet album dans leur discothèque, le son que l’on entend au tout début du premier morceau est un cri de femme ralenti deux fois et passé à l’envers. Avec le petit magnéto intégré à votre système d’exploitation bien-aimé vous pourrez, si le cœur vous en dit, procéder à la démarche inverse de manière à avoir le son original qu’a utilisé Jean Michel Jarre.

Zoolook a obtenu le prix de l’Académie Charles Cros, une victoire de la musique en France, et a été sacré meilleur album instrumental de l’année aux Etats-Unis.

En 1986 Sort l’album Rendez-Vous. Il a été enregistré en six mois à peine en vu du concert que Jarre devait donner à Houston à l’occasion des 50 ans de la ville de Houston, et des 25 ans de la Nasa. On connaît tous Rendez-Vous IV qui a été classé dans le top 50 durant quelques semaines, mais on connaît moins Ron’s Piece morceau où le saxophone est omniprésent. En fait lorsque Challenger a explosé peu de temps après avoir décollée, elle comptait à son bord l’astronaute Ron Mac Nair. Cet homme, en plus d’être astronaute était également musicien, et devait jouer en direct durant le concert ce fameux morceau au saxophone. Ce qui en aurait fait le premier morceau musical joué depuis l’espace et qui plus est retransmis en direct durant un concert !. Malheureusement le sort en décida autrement et c’est un des amis de Ron, Kirk Walhum qui interprètera Ron’s Piece. Cette partition avait été écrite spécialement par Jean Michel Jarre pour Ron Mac Nair, et c’est avec une émotion palpable qu’il a accompagné Kirk durant sa prestation.

Après le concert de Houston, il offre un spectacle à la ville de Lyon à l’occasion de la venue du Pape Jean Paul II. Le concert aura lieu devant un peu plus d’un million, de personnes et reprendra presqu’intégralement les morceaux joués aux Etats-Unis.

C’est l’ores de ces deux concerts qu’il utilise pour la première son célèbre clavier circulaire qui est en fait un contrôleur MIDI capable de gérer à la fois musique, pyrotechnie et projection d’images. Ce clavier a été retrouvé par hasard en avril 2008 et doit être très prochainement vendu aux enchères.

L’album Rendez-Vous remportera deux victoires de la musique et le concert de Houston sera déclaré concert de l’année pendant que l’artiste lui-même sera désigné personnalité de l’année dans le magasine américain People.

Deux ans plus tard parait c’est la sortie de Revolutions. Album aux couleurs du Maghreb et de l’Egypte Il marque un changement de direction avec des sons moins planants, et moins synthétiques. Cette même année Jean Michel Jarre se produit pour deux concerts dans les docks de Londres, devant à chaque fois 250 000 personnes et dans des conditions météorologiques désastreuses.

Alors que tout le monde pensait qu’il allait tout annuler à cause de la pluie battante et des risques liés au matériel électrique, le concert au quand même lieu et est un succès. Parmi les spectateurs se trouvait la Princesse Diana, et Jean Michel a interprété un morceau en duo avec Hank Marvin qui était, chacun s’en souvient, le leader du groupe les Shadows.

A l’occasion de ces concerts Jean Michel utilise un clavier portable créé spécialement par le célèbre fabricant français de guitares électriques et acoustiques Lag. Ce clavier porte le nom de Lag Insecte compte tenu de son design limite « préhistorique ». Il a été fabriqué avec de nombreuses pièces de récupération, dont des leviers de vitesse de voitures, et ses touches sont gainées de cuir ce qui lui confère un aspect… d’un autre temps !

En 1990 sort le dixième album de Jean Michel. En Attendant Cousteau. La première partie de l’album est assez festif et fait référence aux îles avec des sons de percussions typiques. La seconde partie dure 45 minutes et nous plonge dans la mer. Cette musique est comparable à de la musique de relaxation et peut être écoutée en boucle.

Le 14 juillet1990 Jean Michel Jarre offre de nouveau un concert géant à 2 500 000 personnes pulvérisant du même coups le record mondial d’affluence qu’il détenait déjà.

A l’origine il était prévu que le concert se déroule un an plus tôt à l’occasion du bicentenaire de la Révolution Française, mais François Mitterrand (Président de la République de l’époque) ayant invité de nombreux chefs d’états à cette occasion, l’idée n’a pas été retenue pour des raison de sécurité.

Quoi qu’il en soit, le concert de Paris la Défense aura été un des plus réussi tant de part l’affluence, que de l’ambiance elle-même tant sur scène que dans le public. Il faut dire que l’équipe se connaissait bien puisque depuis les concerts en Chine les principaux musiciens sont restés les mêmes, ainsi que l’équipe technique.

Depuis Jean Michel Jarre n’a jamais cessé de composer, et de se produire sur scène prenant parfois des directions assez surprenantes en s’éloignant parfois beaucoup de ses inspirations initiales pour se rapprocher du mouvement techno; le tout, pour le plus grand regret de ses fans de la première heure…

Pour finir, voici 2 clips d’époque ! le magnifique Equinoxe de 1978 suivi par Zoolookologie, clip terrrrrrrrrrrriblement 80’s de l’année 1985 ! D’autres suivront dans les commentaires !! !