Interview de Maryline des “Mini-Star”

ANNEES, 80, 80's, eighties, Ministars, ministar, mini, stars, star, maryline, guiton1/Dans quelles circonstances avez-vous rejoint le groupe « Mini-Star » ?
A l’époque des auditions pour Mini-Star (1982 je crois), j’avais déjà travaillé en tant que comédienne pour le théâtre et la télévision. J’avais fait mes débuts à la Comédie Française avec un petit rôle dans une pièce de Jean Giraudoux, suite à une annonce parue dans un quotidien. Mon père l’a lue à haute voix, j’ai sauté sur l’occasion. J’avais huit ans! 

Quelques temps après, j’ai su qu’il auditionnait pour Mini-Star. Il était réticent à ce que je passe l’audition, contrairement à Richard Joffo, l’autre coproducteur, qui aimait mon énergie et ma petite bouille ronde. Avec son soutien et ma détermination (je suppliais mon père), j’ai finalement été convoquée… et retenue!
 

2/Preniez-vous ces chansons comme un « jeu », ou considériez-vous cela comme votre travail à part entière ?
Il y avait bien entendu une dimension ludique. Les cours de danse et les répétitions étaient très joyeux. J’ai aussi un excellent souvenir des goûters que préparait celui que nous appelions notre “papa poule”, Richard Joffo. 

Ceci dit, on exigeait de nous un niveau professionnel. Sur un plateau télé avec toute une équipe de techniciens à l’oeuvre, il faut être très précis. Une journée de studio coûte cher, on ne peut pas perdre de temps. Et être la fille du producteur n’était pas forcément un avantage: après une émission télé, je suivais le débriefing avec les autres membres du groupe… puis un deuxième débriefing perso à la maison.  Donc oui, c’était du boulot. Qui demandait des efforts. L’argent que nous gagnions était mérité.
  

ANNEES, 80, 80's, eighties, mini, stars, star, ministars, ministar, maryline, guiton3/Quelle était l’ambiance au sein du groupe, et avec son entourage ?

Plutôt bonne, même si l’étiquette “fille du producteur” m’a parfois collé à la peau. J’étais particulièrement copine avec Alicia. Dans mon entourage, ma grand-mère était follement fière. Elle habitait en province et me faisait faire le tour des commerçants du marché local… Pour moi c’était la honte mais ça lui faisait tellement plaisir! Au début de la carrière de Mini-Star j’avais une dizaine d’années et à l’école mon appartenance au groupe suscitait l’admiration.

L’adolescence approchant, j’assumais mal d’appartenir à un groupe de chansons pour enfants. Je faisais l’objet de railleries. J’ai été soulagée quand le groupe s’est arrêté. J’avais alors 15 ans, je n’étais plus en accord avec ce que nous chantions. Enfin, avec le public, j’avais un rapport ambivalent. J’avoue que je détestais quand, dans la rue, des gens voulaient me toucher pour vérifier que j’étais une personne réelle parce qu’il m’avaient vue à la télé.
  

4/Pour la suite de votre carrière, avoir fait partie des Mini-Stars s’est-il révélé être un tremplin ou un frein ?

Ni l’un ni l’autre. Je pense que parfois cela suscite de la nostalgie, de la tendresse quand on voit mon CV, mais je ne crois pas qu’on m’a jamais embauchée grâce à ça. En revanche, cela a été une expérience très formatrice professionnellement.

Aujourd’hui je suis chanteuse et comédienne, je me sens à l’aise sur scène comme “à la maison”. Je suis convaincue que cela vient de mon expérience dans Mini-Star. Cela m’a aussi appris à ne pas juger selon les apparences. Je ne fais pas la différence entre une personne “connue” et un anonyme. J’ai moi-même été célèbre puis oubliée. Pour moi, la notoriété ne veut vraiment rien dire.  

ANNEES, 80, 80's, eighties, mini, stars, star, ministars, ministar, maryline, guiton5/Etes-vous nostalgique de votre enfance ? Referiez-vous le même chemin ?

Je ne suis pas nostalgique par nature, et surtout pas de l’enfance où on est assujetti aux ordres des adultes. Je trouve que beaucoup d’adultes l’oublient et idéalisent le monde de l’enfance. J’ai très tôt compris que pour faire les choses comme je l’entendais, il faudrait grandir. J’ai attendu ma majorité avec impatience.  

Ceci dit, si c’était à refaire, je referais exactement la même chose. Car justement, grâce à Mini-Star, je me suis très tôt sentie traitée en adulte et cela me plaisait. Et puis j’ai toujours adoré chanter, danser, partager de la joie. J’ai conscience que c’est un privilège d’avoir vécu cette expérience.  

6/Quels sont les objets, émissions, personnages (Chanteur, acteur, héros …) ou évènements qui vous ont marqués dans les années 80 ?
Au risque de vous décevoir, pas grand-chose. Mickael Jackson bien sûr. Dans le groupe, on en était tous fous. Et pour le côté girly : Hello Kitty, Charlotte aux fraises, Candy. J’étais une petite fille, c’est certain! Et les Cité d’Or aussi. Je me suis toujours demandé comment ça se finissait mais je crois que je serais déçue alors je ne veux pas trop savoir…  

7/Quelle est votre vision des 80’s en règle général ?

Euh, ma vision d’enfant ou d’adulte? J’en ai une vision plutôt politique: l’accession de Mitterrand au pouvoir, abolition de la peine de mort, changement des mentalités concernant l’homosexualité, naissance de l'”humanitaire spectacle”. D’ailleurs, Mini-Star avait participé a des concerts de charité pour la mucoviscidose et le Sahaël.  

8/Que pensez-vous du revival 80 ?

Bah là encore pas grand-chose. Hormis que la nostalgie est inhérente à beaucoup d’êtres humains. Ma grand-mère était nostalgique de Trenet et de Mike Brandt, les trentenaires de Maya l’abeille. Pour moi c’est la même chose. Je suis plus intéressée par l’ici et maintenant. Quand je me rends compte par exemple que je m’encroûte dans mes goûts musicaux et que j’écoute la même chose qu’il y a 10 ans, ça me fait flipper et je vais faire un tour chez le disquaire…

ANNEES, 80, 80's, eighties, mini, stars, star, ministars, ministar, maryline, guiton9/Maryline Guitton, aujourd’hui, quelles sont vos activités, vos passions ?
Je suis chanteuse, comédienne, performer et professeur de voix. Je suis notamment leader du groupe Chrysopée, groupe de chansons avec lequel je suis en concert en mars et avril 2010 au Connétable, dans le quartier du Marais à Paris. C’est un beau projet assez inclassable: de la chanson expérimentale, en français, avec des influences issues de la musique contemporaine, du jazz et de l’électro-pop. Côté voix, on me compare parfois à Diane Dufresne ou Diamanda Galas.

Je joue aussi dans des pièces de théâtre contemporain, mélangeant le chant, la danse et le texte. Là encore, des choses plutôt expérimentales.

Enfin, je suis passionnée par la pédagogie de la voix, que j’aborde à mi-chemin entre l’artistique et le développement personnel. J’ai beaucoup travaillé avec le Centre Roy Hart, situé dans les Cévennes où je me rends régulièrement. Ce Centre est un lieu qui a donné un sens à ma recherche artistique mais ce serait trop long à expliquer ici…
http://marylineguitton.typepad.fr/  

 

 

Un grand merci à toi Maryline ! Je suis certaine que les lecteurs d’Eighties se feront une joie de suivre ton actualité ! Retrouvez prochainement les interviews d’Alicia, Greg et Yvon des “Mini-Star” sur Eighties.fr ! Wink

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