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Murray Bozinsky
02 juil. 2013, 22:23
Et voilà mon petit compte-rendu du Hellfest. Bonne lecture.
DAY ONE
Généralement, un jour qui commence mal finit mal. J’aurai dû m’en douter.
Car ce vendredi 21 juin a plutôt mal commencé pour moi. Après cinq heures de route plutôt tranquilles, me voilà, pestant, les mains agrippées au volant, paumé dans les rues de Clisson à la recherche de mon camping, errant entre les panneaux « sens unique », « déviation », « voie sans issue » et autre « route barrée ». Tommy m’avait bien dit d’arriver par le Nord. Visiblement, je suis arrivé par le Sud. Dans les rues, c’est un amoncellement de bagnoles garées n’importe comment, de métalleux se dirigeant vers le site du Hellfest, certains zigzaguant déjà de manière incertaine en plein milieu de la chaussée, et de pauvres gars faisant la circulation tant bien que mal. Je me demande même si ces derniers ne se sont pas donné le mot pour finir de m’agacer, les uns me relançant invariablement vers les mêmes autres.
« Bonjour, je recherche la route de Tilières, chemin de la fontaine.
–Vous avez un pass ?
–Ah, non, désolé.
–Alors allez voir ma collègue au bout de la rue… »
« Bonjour madame. Je recherche la route de Tilières, chemin de la fontaine.
–Ah mais ici c’est réservé aux cars. Allez voir mon collègue au bout de la rue. »
Argh !
Finalement, au bout d’une heure (une heure !) à tourner dans les mêmes rues, la colère me prend et je décide de sortir de Clisson, direction Vallet à une dizaine de kilomètres ; je reprogramme le GPS pour Tilières, ça me mènera peut-être à bon port… Et là… Miracle ! Je me retrouve en pleine cambrousse : plus une caisse, plus un métalleux, des champs à perte de vue, la nature et, soudain, oui !, c’est bien lui !, mon petit coin de verdure qui va, à moi et mes potos, nous servir de camping pour ces trois jours de festoche.
J’entre sur le terrain. Pas grand monde… J’avise une voiture avec un mot sur le pare-brise. Le mot commence par « Martial… ». Il y a des chances que ce soit pour moi.
Max et Cie (qui en avaient sans doute marre de m’attendre, et je les comprends) s’en sont allés quérir leur bracelet à l’entrée du site et m’informent de leur retour vers midi. Il est 11 heures. Sans perdre de temps, j’ouvre une bière, la première d’une longue série, et je m’attelle au montage de ma toile de tente. Une tente « 2 secondes » comme ils disent chez Décathlon. Mais, maladroit comme je suis, il me faut une bonne demi-heure pour en arriver à bout.
Hop ! Tente montée, deuxième bière pour me féliciter de l’exploit. (J’en ai rapporté de la bonne, d’Auvergne, fabriquée par un artisan brasseur du côté de Picherande.)
Toujours pas de trace des potes. Bon, sandwich, bière, et je me dis qu’il faudrait peut-être que j’aille moi aussi me faire mettre mon bracelet d’entrée au poignet. Seulement, où est-ce ? C’est mon premier Hellfest et je n’ai pas la moindre idée de la direction à prendre. Je repère à leur drapeau un groupe de métalleux bretons prenant la route à pied et décide de les suivre. On traverse des champs, on passe par des vignes, ça ne doit guère être la route officielle. On finit néanmoins par arriver à bon port. Je fais connaissance avec le sas d’entrée du Hellfest. C’est plutôt impressionnant. La grande cathédrale qui sert de façade est imposante, avec son HELLFEST en lettres de sang. Je suis déjà entouré par des gens au style dingue, des hardos bien sûr, mais aussi plein de déguisements, des vikings, des monstres. Il y a même un mec en tutu !
La pose du bracelet prend à peine deux minutes. Je rentre sur le site. Le son des différentes scènes s’entrecroise en un brouhaha surprenant qui donne tout de suite envie d’aller voir les groupes jouer. Mais je préfère rentrer au camping voir si les potes y sont. Toujours personne mais je les croise finalement sur la route ! Embrassades. Je suis super content de retrouver Max et Tommy une semaine seulement après le salon du jouet de Razac, et je fais la connaissance de Yohann et de notre p’tite mascotte Axl, un p’tit métalleux de 10 ans (la classe). Nous voilà enfin réunis. Le week-end peut commencer.
Après que mes potes se soient restaurés d’une bonne salade de thon (ce sera bière et salade de thon quasiment tout le week-end), on repart pour de bon vers le Hellfest. Il fait à peine beau. Je laisse ma casquette à la voiture. Erreur grave qui allait me foutre en l’air ma soirée… Nous l’allons montrer tout à l’heure…
Premier concert en début d’après-midi : Hardcore Superstar. Je découvre avec bonheur ce groupe dont la musique est vraiment agréable, du bon heavy mélodique très écoutable avec un chanteur qui chante vraiment, bref, tout ce que j’aime dans le hard, loin du bruit et des hurlements.
C’est plutôt un bon début de festoche.
On prend ensuite un peu le temps de se promener sur le site, mes potes déjà aguerris par des éditions précédentes connaissant bien le terrain. La mise en scène est vraiment bluffante, tout est prétexte à la décoration, il y a des structures en ferraille, des statues en bois, de grands tableaux ornent tous les bâtiments, et à chaque fois en reprenant une thématique lié à la musique métal : les vikings, le cinéma d’horreur, le Diable ou autres créatures fantastiques. C’est vraiment magnifique. On file ensuite boire un coup au Kingdom Of Muscadet où je rencontre enfin (enfin!) pour de vrai mes deux cyber-potes Pipoune et Snarf .
Vient ensuite un des groupes qui a motivé ma venue au Hellfest cette année : Europe. En tant que passionné des années 80, je me faisais une joie de voir pour la première fois sur scène ce groupe (que je détestais pourtant tant à l’époque). Et bien ce fût plutôt une déception. Le concert manquait de spontanéité, ça sentait le show rodé depuis longtemps et sans surprise. Même « The Final Countdown » ne m’a que peu réjoui puisque j’avais déjà deviné à l’avance à quel moment il serait joué. Bien sûr, Joey Tempest a encore la pêche et joue du pied de micro comme personne mais bon…
De plus, le soleil a commencé à cogner. Je ne le sais pas encore mais c’est pendant ce concert là qu’il aurait vraiment fallu que j’aie ma casquette sur la tête. J’étais en effet en train de me préparer sans le savoir une belle insolation…
Pendant que mes potes vont voir Testament, je décide d’aller faire un tour à l’Xtreme Market. L’Xtreme Market, c’est la grande zone commerciale du Hellfest, où des dizaines et des dizaines de stands débordent de CDs, de vynils, de tee-shirts, de fringues à l’effigie de milliers de groupes, à t’en faire mal au portefeuille sans même débourser un centime. Il y a également des vêtements pour enfants, et même pour bébés ! On trouve également au milieu des allées un atelier de tatoueur, un artisan de masques, des dessinateurs de BD, enfin tout un tas de trucs ayant toujours pour point commun l’univers du métal. Mais LE stand que je recherche, et dont je sais qu’ils sont ici, c’est celui des gens de la revue Metaluna. Je lis cette revue dans sa nouvelle version depuis le deuxième numéro et, vraiment, j’adore. On y trouve une liberté de ton tellement rare aujourd’hui dans la presse, et une telle liberté de choix dans les sujets traités que c’est devenu un de mes indispensables.
Malheureusement, impossible de trouver leur stand. Auraient-ils annulé leur venue ?
Je ressors du market un peu déçu et m’en vais retrouver les potes au Kingdom Of Muscadet, lieu de rendez-vous qui sera bien vite supplanté par un autre autrement plus folklo : les « chiottes des filles ».
On file bien vite au concert de Twisted Sister. Là aussi, c’est une découverte pour moi. Musicalement, c’est très sympa, les guitares sont puissantes, les refrains fédérateurs, et Dee Snyder est très charismatique. Seul leur look dénote l’âge du groupe, Dee Snyder se sentant même obligé plusieurs fois par le concert de nous prouver que sa longue tignasse blonde (blanche ?) est bien constituée de ses vrais cheveux, et ceci en tirant bien fort dessus pour joindre les actes aux paroles. Bon, c’est drôle une fois mais c’est en même temps un tout petit peu pathétique. Bref, un concert sympathique mais sans plus. A la fin, Pipoune demande qui va voir Primordial. Je lève le doigt. Je n’ai plus aucune idée de ce pourquoi j’avais coché ce groupe sur mon programme (peut-être un morceau qui m’avait plu sur Deezer, ou un clip) mais bon j’y file. Le concert a lieu au Temple, en zone confinée donc.
C’est là que les premières atteintes du mal ont commencé à se faire ressentir. Mon coup de soleil pris sur la tête pendant Europe était insidieusement en train de se transformer en une bonne vieille céphalée bien méchante. Pour couronner le tout, les membres de Primordial sont à la bourre. Un membre du staff vient marmonner au micro quelque chose en mauvais anglais parlant d’ « airport » et de « traffic-jam ». Au bout de cinq minutes, la foule commence à s’agacer et je me retrouve à essayer de gérer un mal de crâne de plus en plus abominable au milieu des huées, des beuglements, de la chaleur et des fragrances de shit. Enfin, le groupe arrive. Le chanteur a une bonne tête, sorte de Dark Maul en noir et blanc. Pourtant, dès que la musique commence, horreur !, ce n’est qu’une bouillie sonore avec hurlements incompréhensibles en guise de textes. Mais qu’est-ce qui a bien pu me motiver à vouloir aller voir ce groupe ??? Je tiens deux chansons et décide de m’enfuir au camping m’enfiler un ibuprofène (Je ne sais quel sixième sens m’en avait fait glisser une boîte dans ma trousse de toilette la veille). Le temps de faire l’aller-retour et, merde, j’ai loupé mon rencard avec les potes. On devait aller voir Whitesnake ensemble mais le concert est déjà en route.
Et le reste de la soirée ne fait que se barrer en couille.
Je fais plusieurs aller-retours camping-festoche, dans l’espoir de croiser quelqu’un (j’ai un frère et une sœur également dans les parages qui sont bénévoles sur le site), en vain, et mon mal de tête ne fait qu’empirer, à vous donner des envies de décapitation. Seule consolation, des tas d’inconnu(e)s viennent me voir pour me serrer la pince, trop contents de croiser quelqu’un qui porte un t-shirt Gogol Premier ! « Ouah ! Gogol ! Excellent !!! »
Vers 22 heures, je m’aperçois qu’Helloween a démarré son set. Bordel, je voulais les voir, moi ! J’essaie tant bien que mal de m’y intéresser, mais les jeux de lumières m’envoient des coups de cornofulgures dans les yeux toutes les demi-secondes. C’en est trop. Je décide, la mort dans l’âme, de faire une croix sur Def Leppard qui doit jouer juste après, et de m’en aller au camping pour une bonne nuit de sommeil.
Là-bas, évidemment, c’est loin d’être calme. Les festivaliers font la fête, qui les en blâmerait ?, et le son des scènes du festoche rendent toute tentative de sommeil mission impossible. Mes parents habitent à ¾ d’heure de route de là. Malgré l’heure tardive (et la tête qui résonne comme une vieille cloche fêlée), je décide de prendre la route et de m’en aller y dormir.
DAY TWO
Rien de tel qu’une bonne nuit de sommeil ? Mon Dieu que c’est vrai. Exit le mal de tête ! En pleine forme le quadragénaire !
Un café, une douche, et hop ! je reprends la route direction Clisson, en ayant bien soin de reprendre mon petit itinéraire bucolique de la veille.
Au camping, les amis sont au petit dèj’, Tommy sur le départ pour aller voir Attentat Rock (Au Hellfest, les concerts débutent dès 10H30 le matin). Je décide de l’accompagner (casquette vissée sur la tête !) et vraiment j’ai bien fait. Les vieux rockeurs français, tout droit ressortis des années 80, sont incroyables de fraîcheur et de puissance. C’est du bon vieux hard à l’ancienne, celui qui sent le perfecto, la 33 Export et le flipper. Génial, et surtout idéal pour reprendre un festoche qui s’était un peu barré en sucette la veille.
Nous rentrons au camping, peinards et contents comme deux vieux métalleux qui ont eu leur shoot de riffs, pour nous enfiler le bourbon de l’apéro, l’incontournable salade de thon et les quelques bières qui vont avec. On prend le temps de discuter, on rigole surtout beaucoup. Tout le monde est content d’être là, ambiance idéale.
Milieu d’après-midi, retour sur le site pour une rafale de concerts. 3 Doors Down, qui joue plus dans la cour de l’alternative rock que du métal, me ravit avec ses mélodies imparables et son chanteur impeccable. Ensuite, après la pause bière(s) de rigueur (et la constatation que mon t-shirt Bérurier Noir a beaucoup moins de succès que mon t-shirt Gogol), A Day To Remember, que j’avais un peu hésité à ajouter à mon programme (ils me paraissaient un peu empruntés ) entre en scène. Le groupe nous donne un show punk et péchu et remonte instantanément dans mon estime. Le public quelque peu disparate fait que je suis plutôt bien placé devant la mainstage 02 et, par un glissement progressif, je me retrouve par hasard au premier rang de la mainstage 01 pour le concert d’Accept ! Hé bien, j’y suis, j’y reste ! Et quel concert ce fût ! Les pépés Allemands n’ont rien perdu de leur fougue depuis tout ce temps (cette formation est plus vieille que moi !) et sont épatant de maitrise technique, qu’il s’agisse des instruments ou de la voix. Une apparition de Phil Anselmo (l’ex chanteur du mythique Pantera) pour un duo avec Mark Tornillo parachève ce concert grandiose et inattendu.
Hop ! Reglissade vers la gauche et je me retrouve de nouveau super bien placé pour le concert de Papa Roach. Alors, eux, je les attendais. Je connaissais leurs chansons depuis un moment mais n’avais jamais réussi à me faire un véritable avis sur eux. Bon groupe ou simples poseurs ? Le concert m’a apporté la réponse : bon, non, excellent groupe ! Jacoby Shaddix, le chanteur, a un charisme incroyable et une pêche à rendre envieux n’importe quel mec de son âge (36 ans quand même, mais à le voir bondir partout non-stop pendant une heure on dirait qu’il en a 19). Et c’est un vrai show-man, en mode punk, qui n’a pas hésité à balancer des canettes de Red Bull (pleines) dans le public, à montrer son cul et à s’offrir un bain de foule (mode groupie « on » – c’est à ce moment qu’il m’a tapé dans la main – mode groupie « off »). Un vrai concentré d’énergie et de bonheur que ce concert.
Et quel contraste face au concert suivant : ZZ Top. Incroyable déception ! Voir deux vieux, chacun d’un côté de la scène, faire à peine trois pas en une heure de show, avec un batteur qui joue les yeux fermés entre eux deux, c’était limite indigne d’un si grand groupe. Et Dieu sait que pourtant je les aime mes vieux Texans. Mais là, franchement… En plus, aucune prise de risque au niveau de la tracklist, un bête enchainement de tubes et puis voilà. Merde, on vient pas vous voir en concert pour écouter une compil, les mecs. Et puis, surtout, fin du show, les trois lascars se barrent sans dire « au revoir » ni « merde », genre on encaisse le chèque et puis c’est tout…
Passons…
Le concert suivant sur la même scène sera Kiss. On décide donc de se trouver une bonne place afin que le p’tit Axl puisse voir au mieux ses idoles et on regarde de loin le concert de Bullet For My Valentine. Je suis charmé par ce que j’entends. A découvrir sur CD.
Vers 23H, voici enfin les plus célèbres maquillages de l’histoire du hard en chair et en os. Le concert est visuellement fabuleux. Pyrotechnie, plates-formes élévatrices, jeux de lumières, écran géant, c’est du très beau spectacle. Seuls les membres du groupe paraissent un peu figés au milieu de tout cela. Vers le milieu du show, ça commence aussi à tourner un peu en rond (ah, tiens, encore un feu d’artifice) et puis il faut bien dire que rien ne ressemble autant à une chanson de Kiss qu’une autre chanson de Kiss. Ils jouent beaucoup de titres de leur dernier album (peu connus, donc) et surtout zappent complètement leur principaux tubes (« I was made for lovin’ you » ne sera par exemple pas joué, gros manque !) Enfin, on commence à être un peu bousculés par la Kiss Army (les fans internationaux du groupe) qui a pris ses aises et se permet quelques incivilités. On décide donc de leur laisser place libre et je me retire plus au loin. Malheureusement le son est parasité par le concert qui a lieu à l’Altar ou au Temple, et je dois me contenter du visuel. Mais, finalement, c’est ce qu’il y avait de mieux.
J’ai rendez-vous ensuite aux « chiottes des filles » avec mon frangin pour aller voir Korn. On se loupe, comme souvent, et je commence le concert seul. Mais, un peu placé loin à mon goût, je déserte les lieux après deux chansons et m’en vais faire quelques clichés nocturnes du site. Les décorations prennent une toute autre teinte de nuit. Des flambeaux, véritables ou électriques, sont allumés un peu partout. Le fameux « arbre » du Hellfest brille de mille feux couleur rouille. Un immense bûcher est entretenu à la palette et au sarment de vigne par de solides gaillards et l’on grille un bœuf entier à la broche juste à côté. Il règne ici une ambiance barbare et moyenâgeuse absolument formidable. Chose étonnante, les gens se tiennent bien, pas de bagarre à l’horizon, et ça rigole plus que ça ne dégueule. C’est vraiment un festival à part.
Après avoir eu ma dose de clichés, je rentre tranquillement me coucher sous la tente (en ayant pris soin de m’équiper de bouchon d’oreilles).
LAST DAY
Quelle mauvaise nuit ! On dort tout de même mieux chez ses parents que sur un matelas gonflable. Certains potos sont au petit dèj’, d’autres dorment encore. Après la douche (à la lingette pour bébé) et le café indispensable, voyant que tout le monde a envie de trainer un peu (seul Tommy est parti dépenser ses sous au Market), je décide de filer seul au site pour démarrer dès le matin cette dernière journée de concerts. Direction la Valley pour un groupe que je découvre là aussi, Truckfighters. Excellente découverte. Des guitares bien 70’s, un son oscillant entre heavy metal et psychédélisme à la Pink Floyd dans leurs périodes les plus rock, un chanteur qui chante vraiment, sans hurler, et un guitariste charismatique qui aura fait le show la (toute) petite demi-heure qu’aura duré ce concert.
Ressortant du chapiteau de la Valley enchanté, je décide de continuer sur ma lancée et fonce vers la mainstage 01 pour un groupe que je vais découvrir ce matin-là également, Heaven’s Basement. Là, on est dans le Hard-Rock plus classique, du genre de celui qui s’écoute sur vinyle. Pourtant, ces petits jeunots débarqués d’Angleterre doivent avoir 25 ans de moyenne d’âge. Mais quel talent. Un groupe tout à fait digne de ses citations.
Retour au camping pour la salade au thon (et ses bières). Il plane déjà comme un air de fin de règne puisqu’on s’attelle au démontage des petites tentes. Puis, retour au festoche, les uns pour la musique, moi pour dépenser mes sous. Je n’ai en effet pas de concert prévu avant 16 heures et j’ai donc décidé d’aller faire pleurer le portefeuille à l’Xtreme Market. Des cadeaux pour la famille (bavoir Kiss pour Hayao, t-shirt A Day To Remember pour Arthur, Papa Roach pour Elliott, et Sea Shepherd pour Virgipapillon (car, oui, Sea Shepherd a un stand au Hellfest. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit de l’ « association » fondée par Paul Watson et qui se bat contre l’exploitation illégale des mers par l’homme. Mais leurs actions relèvent souvent du véritable acte de guerre, leurs bateaux ayant déjà coulé quelques baleiniers japonais, entre autres. L’avant-veille, lors de mon premier tour au market à la recherche du stand Metaluna, j’étais resté à discuter un bon moment avec des gens de Sea Shepherd. Ils savent de quoi ils parlent. Ils sont intransigeants et déterminés. J’aime ces gens)).
Je remets le mode groupie sur « on » quelques instants puisque, cette fois sans le chercher, je suis enfin tombé sur le stand Metaluna. Mon but était d’y acheter le premier numéro de la revue introuvable désormais en librairie (ce fût fait) mais également pourquoi pas d’y rencontrer les deux principaux acteurs de ce magazine, Jean-Pierre Putters (le fondateur de Mad Movies, mine de rien) et surtout Rurik Sallé, ancien rédacteur de Mad, rédacteur en chef de Metaluna , chroniqueur dans « + ou – geek » et présentateur de l’excellente émission web Distorsion. Malheureusement, ni l’un ni l’autre n’étaient présents sur le stand mais, tout à coup, à quelques pas de là, je tombe sur Rurik en train de faire ses emplettes, tout peinard. Je n’ai pas pu résister et lui ai tapé sur l’épaule pour lui serrer la main. S’ensuivit ce dialogue d’anthologie, cette conversation queneenne, cette pièce de théâtre ubuesque :
MB : Bonjour.
RS : Bonjour.
MB : ça va ?
RS : ça va, et toi ?
MB : bah moi ça va.
Voilà pour l’anecdote, qui n’aura réjoui que moi, mais, franchement, sur l’instant, j’étais content comme un gamin.
Mode groupie « off ».
Un bon paquet de thunes dépensé (en plus des cadeaux et de la revue je me suis offert un beau t-shirt Orange Mécanique), je file vers la Warzone. La Warzone est une scène à part, isolée, planquée derrière le Kingdom Of Muscadet, réservée aux concerts punks. Son nom pourrait faire peur mais finalement c’est un endroit très sympa. J’arrive juste à l’heure pour le concert des Cockneys Rejects, ni plus ni moins les inventeurs de la oi ! Concert formidable, le peu de public fait que je suis aux premières loges pour regarder les frangins Geggus s’énerver sur scène, mais je suis aux premières loges également pour me prendre quelques mecs sur la tronche, pogo oblige. Ma casquette a volé une ou deux fois, et j’ai tous mes achats de l’X-trem Market à la main ! N’empêche, je m’amuse comme un petit fou, avec plein de souvenirs de l’époque où j’étais keupon et l’impression fugace d’avoir à nouveau 20 ans.
Les potes sont partis voir d’autres groupes. J’en profite pour me promener sur le site et faire encore quelques photos. Les tenues des gens sont vraiment formidables. On rencontre de tout : des Marios, des zombies, des mecs déguisés en poule, en super-héros ou même en canette de bière. Ce qui est marrant en ce dimanche, c’est également un public plus familial : beaucoup plus de jeunes enfants et même quelques poussettes !
Retour ensuite au camping pour finir de plier les gaules. Tout est démonté, c’en est presque triste. Heureusement, il reste encore de bonnes choses à aller voir.
On retourne tranquillement sur le site mais j’ai déjà prévu de quitter les potes un peu plus tôt pour pouvoir me mettre à la meilleure place possible pour le groupe que je ne veux absolument pas louper en cette dernière soirée de Hellfest : StoneSour. Je ne les ai pourtant découverts que récemment mais je suis aussitôt devenu fan. Ils m’ont fait le même effet que Linkin Park : accro dès la première écoute. Autant dire que je suis très impatient de les voir sur scène. Dès l’entrée en scène de Corey Taylor, je sais que le concert sera bon, et il le sera effectivement quasiment de bout en bout (si l’on excepte un morceau à la guitare sèche hors sujet et un peu plombant). Une heure et quart plus tard, c’est déjà fini, mais je suis diablement content de les avoir vu.
Ayant une bonne place, je décide tout d’abord de ne pas bouger, de regarder Lordi de loin qui va démarrer sur la scène voisine, et puis, finalement, je tente le tout pour le tout et m’en vais faire comme la veille, une glissade le long des scènes. Miracle, ça marche à nouveau, et me voilà à quelques mètres de la scène où Lordi va officier. Le décor est superbe, ambiance film d’horreur, et vraiment classe, pas cheap. Le groupe entre en scène, et quelle révélation ! Lordi n’est pas juste un groupe qui vaut pour ses déguisements géniaux, mais c’est aussi un véritable groupe de rock. Leurs compositions sont énormes, les refrains fédérateurs et immédiatement assimilables. Mais surtout, surtout, leur concert est un véritable spectacle, avec des intermèdes joués entre chaques chansons, des saynètes (toujours sur le mode horrible), des décors et des costumes à foison. Incroyable. On est loin du spectacle pitoyable des vieux ronchons de ZZ Top de la veille. Ils enfoncent même le show de Kiss, avec pourtant bien moins de moyens. Au final, ce concert de Lordi restera pour moi LE concert de ce Hellfest 2013.
Allez, une nouvelle glissade pour me retrouver devant Volbeat, dont je ne sais rien mais que j’ai très envie de découvrir. Du bon rock plutôt sage par rapport à la furie de Lordi mais néanmoins de la très bonne musique. Barney, le « chanteur » de Napalm Death fait une apparition surprise fort sympathique (bien qu’il y ait un monde entre Volbeat et Napalm Death, ça fonctionne) et la nuit qui est tombée pour de bon donne une aura singulière à la fin de ce concert. Parfait.
Bon, maintenant, il faut bien parler du dernier concert de la soirée. Comment faire sans être trop méchant… Au départ, c’était Danzig qui était programmé après Volbeat, un groupe de blues rock très sympathique, mais le concert fût inversé avec celui de Ghost, qui, lui, donne plutôt dans le… dans la… dans une espèce de musique bizarre, entre le doom, la techno et la pop. Je résumerai bien ça en un seul mot mais je n’ai pas envie de me brouiller avec ma keupine Max qui, elle, aime beaucoup. Nous voilà donc installés, assez loin heureusement, à écouter la vilaine voix du pape chanteur (car, oui, le chanteur de Ghost est habillé en pape) et à regarder sa vilaine tête (maquillage ignoble et sur-jeu grimaçant digne d’un bon gros Z qu’on pourrait titrer « Le pape à la tête pourrave contre les hardos de la mort »). Et en plus ça dure, et ça dure, et c’est mou, et c’est chiant… En plus, on commence à vraiment se cailler les miches. A cette heure avancée, les gens commencent à quitter le site en masse, laissant apparaître des zones entières recouvertes de détritus. Par endroits, le site ressemble à un vrai dépotoir. En plus, j’ai l’impression de voir autour de moi plus de mecs bourrés que je n’en ai vu en trois jours. Des filles se la jouent Girls Gone Wild. Une buvette derrière nous propose « une bière contre des nichons ». Bref, ça ressemble de moins en moins au Hellfest et de plus en plus à un festival de rock quelconque. Il va être temps de s’en aller.
Finalement, ma keupine Max en a marre de son Ghost. En plus, il ne montre même pas sa quéquette (puisque, oui, tout ce que voulais voir ma keupine Max c’est si le chanteur allait montrer son zigouigoui comme dans le clip ! Ah ! Ah ! Dénonciation !)
On plie les pliants (d’ailleurs, c’est à ça qu’ils servent) et on prend le chemin de la sortie.
Triste fin de festoche.
Sauf que…
Sauf que…
Bien avant le Hellfest, on s’était mis d’accord pour finir tous ensemble cette soirée en allant écouter Napalm Death. Max nous avait même retranscrit en onomatopées leur « tube » Scum. Mais, finalement, le courage nous avait manqué et on avait donc décidé d’aller plutôt voir Danzig. Danzig qui, donc, a été remplacé par le pape au charisme d’huître (et au zigouigoui d’huître ?).
Mais, alors que nous nous dirigions vers la sortie, en passant devant l’Altar, bon sang mais c’est Napalm Death qu’on entend ! Mais, mais c’est Scum qu’ils chantent !!!
Et nous voilà, braillant des « Beuh beuh beuh » comme des bœufs, au milieu des derniers errants du site, contents de finalement l’avoir eu, notre générique de fin.
Petites photos de groupe finales devant la cathédrale, dont une où nous fûmes assaillis par un troupeau de vaches (véridique !).
Puis l’on repart, du pas le plus lent possible, vers le camping. Tommy et Snarf se lancent dans un concours du jeu de mot le plus pourri. C’est con, mais qu’est-ce que c’est drôle.
On arrive aux voitures. On se trouve un peu bêtes de devoir s’en aller. Pipoune propose qu’on se dise au revoir avant de se mettre à pleurer.
Embrassades.
Bruits de moteurs.
Phares qui s’allument.
Rideau.
)
Au banquet de l'amitié, chacun peut trouver sa pitance ... Mais au festin des loups, il n'y a pas de dessert ... 
A 15 minutes 15 par exemple, le gars à la casquette blanche au premier plan, c'est moi 
).
