Message : # 240259Message
Philou62
04 nov. 2011, 14:42
Là, je te comprends.
En vérité, tu étais un peu comme moi, tu étais plus branché micros à l'époque (un marché très différent). Et si tu ne t'intéressais pas du tout aux consoles, je comprends en quoi tu pouvais être perdu.
En fait, le marché de 1990-1991 était compliqué et simple à la fois. Il paraissait compliqué parce qu'il y avait beaucoup de machines en lice c'est vrai. Mais si tu commençais à gratter un peu la surface, ça devenait déjà beaucoup plus simple quand tu savais que les gros leaders du marché, c'était les constructeurs japonais, à savoir Nintendo et Sega qui détenaient un bon 90 % du marché des consoles, à l'aise. Même à l'époque sans Internet, il n'était pas besoin d'être un grand spécialiste pour avoir cette information quand même. Ces deux constructeurs savaient très bien communiquer sur leurs machines respectives pour les imposer sur le marché. D'ailleurs, quand tu allais dans un magasin, les vendeurs communiquaient largement plus sur ces machines, à l'évidence. Donc le newbie qui ne connaissait pas ou mal le marché ne cherchait pas plus loin, c'était Sega ou Nintendo. Tu rigoleras peut-être si je te dis ça, mais c'est exactement ce qui s'est passé. Et mine de rien, ça réduit déjà pas mal la liste des machines potentiellement intéressantes, car dans ce cas, tu n'avais plus que deux distinctions à faire :
La première, ce sont les consoles de salon avec :
Les consoles huit bits (console d'appel): Sega Master System, Nintendo NES.
Les consoles seize bits (hauts de gamme, plus tournées vers l'avenir) : Sega Mega Drive, Nintendo Super NES. Encore faut-il préciser que ce n'est valable qu'au Japon car en France, la Super NES n'est sortie officiellement qu'en 1992.
La deuxième, les consoles portables qui constituent un marché à part avec la Nintendo Gameboy, et la Sega Game Gear. Et encore faut-il préciser qu'en 1991, Nintendo était déjà en situation de quasi monopole sur le marché des portables. Bref, chacun d'entre nous avait certainement un pote qui avait déjà une Gameboy, et qui disait que la Gameboy, c'était vraiment génial. Pour le joueur qui voulait renouveler sa logithèque régulièrement ou échanger des jeux avec les copains, le choix devenait plus qu'évident. Non ?
Concernant les autres consoles maintenant.
La PC-Engine tout d'abord, qui n'était vraiment connue que des hardcore gamers férus d'import, et ce n'est pas la distribution en France par SODIPENG qui changera ça (c'était de l'import déguisé de toutes façons !). En dehors de cette niche, soit les joueurs en avaient vaguement entendu parler dans la presse spécialisée, soit ne savaient même carrément pas que ça existait.
La Neo-Geo, encore une console destinée à un marché de niche. Plus connue ceci dit, car on trouvait des bornes Neo-Goe MVS dans les salles d'arcade, sans oublier que l'on pouvait aussi trouver la console en location, y compris dans les vidéo clubs. En fait, la Neo-Geo est une borne d'arcade miniaturisée en console de jeu, ni plus ni moins. Bref, une console très chère avec des jeux hors de prix. Donc, une machine destinée encore une fois à une petite niche. C'était totalement assumé par son fabricant d'ailleurs. En cela, elle n'a en fait rien à voir avec la CBS Colecovision. Rien à voir car, certes, c'était une console de haut de gamme (donc plus chère que les autres sur le marché, forcément), mais elle était tournée vers le grand public, avec des prix qui n'avaient rien à voir au rêve inaccessible qu'était la Neo-Geo. D'ailleurs, la Colecovision s'est bien vendue, elle a même bien fait de l'ombre aux Atari 2600, Intellivision (et les autres), leur prenant des parts de marché non négligeables. Bref, la CBS Colecovision était bien plus qu'un produit de niche, c'est plutôt l'équivalent d'une Mega Drive lorsque cette dernière est sortie au Japon (une console capable se s'approcher de la qualité en arcade, sans pour autant l'égaler).
Le CDi : on en fera vite le tour. Il n'est sorti qu'en 1992, et ce n'est pas tout à fait une console, il était plus considéré comme une plate-forme multimédia. En version de base, tu jouais plus à des petits jeux pour enfants et des éducatifs (pas assez de puissance pour jouer avec des jeux plus ambitieux). Pour jouer avec des jeux dignes de ce nom (et visionner des films et autres concerts sur Vidéo-CD), il était presque impératif d'investir dans une extension FMV, loin d'être donnée... sachant que la machine de base était déjà chère. Bref, il ne visait pas le même public que celui qui se prenait une Mega Drive ou une Super Nintendo.
La GX-4000 : une console huit bits issue des Amstrad CPC +, sortie à l'heure des seize bits. Il n'était pas difficile de voir que Amstrad n'était plus dans le coup, et d'ailleurs, les joueurs ne se sont pas du tout intéressés à elle, si bien qu'elle est rapidement tombée dans l'anonymat le plus complet. Et ce n'était que justice...
Retour en 1983... Quand je disais que c'était du au trop grand nombre de consoles, attention, ce n'est qu'une donnée parmi tant d'autres, et il faut considérer que les consoles dont nous avons parlé ne sont que les principales. Il y a eu aussi de grosses erreurs stratégiques au niveau de la communication de la part des constructeurs. A mon avis, le crash s'explique par cette équation : Profusion de consoles différentes + Erreurs stratégiques de la part des constructeurs en matière de communication (essentiellement pour leurs nouvelles consoles et autres consoles annoncées) + Un trop grand nombre de jeux dont une grosse majorité de daubes infâmes (c'est surtout vrai pour Atari ça) = Crash du marché. Tu avais déjà Atari qui proposait son Atari 2600, mais aussi son Atari 5200 (censée rivaliser avec la Coleco), sans oublier qu'ils sont également présents sur le secteur des ordinateurs (les Atari 400 et 800 notamment). Et comme Atari n'était pas un champion de la communication, en particulier sur les micros (qui avaient peine à se vendre) et sa 5200 (idem), et sachant qu'ils avaient de plus communiqué quelques informations sur une autre console encore plus mieux qui serait en développement (pour remplacer la 5200 qui se vautrait !), ça a commencé à semer le doute. Un peu pareil pour Mattel qui avait sorti son Intellivision II (qui n'était qu'une version relookée de la première, certes), mais aussi une extension qui permettait à l'Intellivision de se transformer en ordinateur. Sachant de plus qu'ils annonçaient aussi une autre console plus puissante pour le remplacement de l'Intellivision, et que l'on n'a finalement jamais vue (quel est l'intérêt de sortir une extension micro pour l'Intellivision si une nouvelle console sort, mettons un an plus tard ?). MB qui lui, n'a qu'une console dans sa gamme mais qui annonce aussi une Vectrex 2 en couleur et une extension pour Vectrex destinée à la transformer en ordinateur, et dont on n'aura jamais vu... la couleur !
Bref, j'arrête là, car on pourrait encore en écrire des pages. Mais entre de nombreuses consoles vieillissantes, dont beaucoup se ressemblaient en termes de prestations, certaines consoles qui veulent se transformer en micro (donnant du même coup l'impression d'avoir le cul entre deux chaises, si je puis dire !), les consoles et autres projets annoncés et qui n'arrivent finalement jamais, ça montre que le marché partait carrément en sucettes, ce qui a eu pour effet de perdre la confiance des joueurs.
A mon avis...