Il y a 30 ans, jour pour jour...
J'ai été surpris de constater qu'il n'existe apparemment pas de sujet sur cet événement dont plus d'un membre doit en garder un souvenir ému. j'ai bien trouvé des sujets sur les humoristes en général, mais pas sur Coluche en particulier. Et je crois qu'un événement marquant comme sa mort, ou encore sa "campagne" présidentielle de 81, méritent un sujet rien qu'à eux. Pardon si ces sujets existent déjà, ne me tapez pas, ce serait pas faute d'avoir recherché.
Pour ma part, je me trouvais à l'époque en Allemagne fédérale où je fréquentais l'école française de Francfort. J'étais encore en CE2. Il va sans dire que j'adorais cette période de l'année. La fin de l'année scolaire approchait à vitesse grand V, et déjà, en classe on n'en fichait plus une rame à part jouer aux cartes et aux jeux de société que la maîtresse nous permettait d'apporter. Les préparatifs de la grande kermesse de l'école allaient bon train, il faisait beau et chaud, et l'air lourd d'électricité statique résonnait des cris stridents des hirondelles qui volaient en piqué. En plus, la Coupe du Monde de foot battait son plein, la France s'apprêtait à jouer un quart de finale contre le Brésil qui resterait dans les annales (mais ça, nous ne le savions pas encore), et c'était encore le temps où l'approche de mon anniversaire me remplissait le coeur de joie, car parents et amis me gâtaient bien; fête d'anniversaire qui allait en plus être suivie de deux mois de vacances à la mer en Espagne. Bref, la période la plus joyeuse de l'année, loin devant Noël, pour moi et pour d'autres, mais surtout pour moi héhéhé. Plus rien à voir avec maintenant où cette saison de l'année est synonyme d'un an de vieillesse de plus au compteur et de crises spasmodiques d'allergie au pollen.
Mais revenons plutôt à Coluche. Le 19 juin, donc. Et voilà que ma mère m'annonce son décès, qu'elle avait appris à la radio (je me souviens qu'elle avait la radio dans la cuisine branchée en permanence sur RTL en grandes ondes, qui avec le téléphone fixe après 19 heures, était le seul lien que l'on maintenait avec la France à cette époque sans internet; ni Skype, ni télévision par satellite). C'était déjà par l'intermédiaire de la radio qu'elle m'avait annoncé le tragique accident mortel de Balavoine quelques mois plus tôt. Tout drôle de penser qu'ils n'étaient plus...
Coluche, je ne comprenais pas grand chose à ses bons mots, mais entendre le sketch du CRS arabe où il répète comme une litanie ses célèbres "non mais sans blaaaague ! Meeeerde !" m'arrachait des fous rires systématiques, comme la cloche du dîner qui fait saliver les chiens de Higgins...enfin de Pavlov
. A mes yeux d'enfant, c'était avant tout l'auguste du cirque avec ses gros godillots et sa fleur à eau qui tournait en ridicule Monsieur Loyal, ce qu'il était dans certain un sens. Et son nom rigolo ne manquait pas d'évoquer le mot "coqueluche". Mais attention hein, pas la maladie, je pensais à coqueluche dans le sens plus flatteur de "coqueluche de l'école". C'était aussi le gentil instituteur que nous aurions tous rêvé d'avoir en ces temps-là dans
Le Maître d'Ecole, la coqueluche de l'école, en somme.
Aujourd'hui, en toute honnêteté, je me sens plus en phase avec l'humour pisse-froid, raffiné et misanthrope de Desproges, et je regrette que ma mère, à la même époque; au lieu de suivre RTL et ses Grosses Têtes de Sim et Kersauson , n'essayait pas plutôt de capter les ondes de France Inter pour entendre ce programme cultissime qu'était "Les Chroniques de la Haine ordinaire". J'y aurais de toute façon pas retenu grand chose, déjà que je prenais au sérieux la "Minute Nécessaire de Monsieur Cyclopède"...
mais j'aurais pu dire que j'y étais.
Mais tout ça m'éloigne une fois de plus de Coluche; je ne suis pas pour autant réfractaire à son humour, loin s'en faut. Lui qui se vantait de ne pas lire de livres était plus fin que l'image qu'il voulait bien donner de lui. Ma nouvelle signature est à porter à son crédit. J'ai été surpris quand j'ai appris l'identité de son auteur, car pour moi elle n'aurait pu que sortir de la tête d'un funambule des mots tel que Desproges. Coluche jouait à fond sur le front de la beaufitude gauloise et crasse, le bon sens populaire et la sagesse de bistrot qui sent la fumée bleue des Gitanes, mais pour mieux les montrer du doigt. A ce jour, il n'a toujours pas trouvé d'héritier. En plus de tout ça, un sacré loustic, qui n'avait l'air de rien comme ça avec sa bedaine de quadra, mais qui ne redoutait pas les chutes à moto à plus de 250 km/h...
30 ans déjà...Et vous, quels sont les souvenirs personnels que vous gardez de ce jour funeste ?