par Hugues » 02 nov. 2023, 00:11
Sur ma page Facebook consacrée à Donjons & Dragons, j'ai rédigé en 2021 des critiques de mes films d'heroic-fantasy préférés. Voici celle pour Conan :
Lorsque l'on me demande quel est mon film préféré toutes catégories confondues, "Conan le Barbare" me vient tout de suite. C'est effectivement mon film favori, depuis que je l'ai vu au ciné, et j'ai jamais changé d'avis. Pourquoi ? C'est une bonne question.
Objectivement, d'abord, c'est un excellent fim. Visuellement, c'est impeccable. La direction artistique de Ron Cobb (hélas disparu fin 2020) est exceptionnelle, extraordinaire de réalisme, la mise en scène de Milius rend réellement un souffle épique, et la musique de Basil Poledouris... on peut la qualifier de géniale. Niveau acteurs, on a affaire à des athlètes (Sandhal Bergman est danseuse, Gery Lopez surfeur, Sven Ole Thorsen bodybuilder, Ben Davidson footballeur américain) qui savent se déplacer naturellement dans des scènes physiques. Conan est campé par un Schwarzy copié/collé d'une BD de John Buscema, et quand on regarde l’écran, on voit immédiatement CONAN !
Le scénario ne surprend pas le spectateur et reprend une énième fois le coup de la quête/vengeance du héros, prenant ça et là des aspects ou des péripéties des nouvelles de Howard. Milius voulait tourner un film axé sur le héros barbare solitaire contre la civilisation, mais plus dans une optique du surhomme nazi (car Milius se considère comme "un nazi zen") que de l'homme libre imaginé par Robert Howard.
Depuis les recherches critiques Howardiennes - surtout celles de Patrice Louinet - qui débarrassent les nouvelles du parasitisme de Lyon Sprague de Camp, autoproclamé héritier artistique de Howard et "adaptateur" (hem, hem...) des récits, le film souffre du retour aux sources, et en même temps d'une mauvaise image due au look et à la carrière d'Arnold : le Conan des BD, de L.S. de Camp, et du film, ce n'est pas le Conan félin, rusé et souple des récits de Howard. Et le côté surmusclé et taciturne du jeu d'Arnold va ouvrir la voie à une caricature du personnage qui aura une riche descendance dans les années 80 dans de (trop ?...) nombreux films d'heroic-fantasy à la mode "Barbare".
Cependant, j'aimerais nuancer ces critiques, même si je comprends ce que Patrice Louinet lui reproche (et il justifie parfaitement ces reproches) car on oublie trop vite que dans le film, Conan n'est pas du tout un idiot tout en muscles et caricatural. Il apprend à lire. Il apprend également la tactique militaire auprès de grands généraux. Il reçoit les leçons des meilleurs maîtres d'armes. Sa force brute de gladiateur qui ne cherche au début qu'à survivre n'est rien sans ce qu'il va apprendre de Valéria, Subotai, et même Thulsa Doom. La magnifique scène de la découverte de son épée est filmée comme une (re)naissance, elle est à mettre en regard de la scène de forge du générique, et le triptyque se termine par l'épée de son père brisée lors du combat conte Rexor. Et chaque épreuve le grandit. En fait, c'est une mauvaise perception du film par des gens restant en surface qui a nuit à sa postérité.
La voix "off" nous plonge dès le début dans un récit légendaire, l'atmosphère épique, médiévale et fantastique est maîtrisée et permet une immersion immédiate, les acteurs sont crédibles, la musique souligne parfaitement l'action, et le petit garçon de neuf ans que j'étais s'est immédiatement identifié au Conan enfant du début du fim.
Quête exemplaire d'un personnage facilement identifiable et définissable mais en même temps plus riche que l'on pense généralement et évoluant dans un univers cohérent que dans le film, sans aucune difficulté, on soupçonne vaste (Howard ayant été le premier auteur de fantasy à créer un véritable "lore" autour de ses héros), "Conan le Barbare" est non seulement une oeuvre magistrale mais aussi le point de départ du retour en grâce, après "Star Wars" et "Le Seigneur des Anneaux" en dessin animé, de la culture heroic-fantasy-geek-JDR-pulp. Et rien que pour ça, ça valait le coup.
Sur ma page Facebook consacrée à Donjons & Dragons, j'ai rédigé en 2021 des critiques de mes films d'heroic-fantasy préférés. Voici celle pour Conan :
[i]Lorsque l'on me demande quel est mon film préféré toutes catégories confondues, "Conan le Barbare" me vient tout de suite. C'est effectivement mon film favori, depuis que je l'ai vu au ciné, et j'ai jamais changé d'avis. Pourquoi ? C'est une bonne question.
Objectivement, d'abord, c'est un excellent fim. Visuellement, c'est impeccable. La direction artistique de Ron Cobb (hélas disparu fin 2020) est exceptionnelle, extraordinaire de réalisme, la mise en scène de Milius rend réellement un souffle épique, et la musique de Basil Poledouris... on peut la qualifier de géniale. Niveau acteurs, on a affaire à des athlètes (Sandhal Bergman est danseuse, Gery Lopez surfeur, Sven Ole Thorsen bodybuilder, Ben Davidson footballeur américain) qui savent se déplacer naturellement dans des scènes physiques. Conan est campé par un Schwarzy copié/collé d'une BD de John Buscema, et quand on regarde l’écran, on voit immédiatement CONAN !
Le scénario ne surprend pas le spectateur et reprend une énième fois le coup de la quête/vengeance du héros, prenant ça et là des aspects ou des péripéties des nouvelles de Howard. Milius voulait tourner un film axé sur le héros barbare solitaire contre la civilisation, mais plus dans une optique du surhomme nazi (car Milius se considère comme "un nazi zen") que de l'homme libre imaginé par Robert Howard.
Depuis les recherches critiques Howardiennes - surtout celles de Patrice Louinet - qui débarrassent les nouvelles du parasitisme de Lyon Sprague de Camp, autoproclamé héritier artistique de Howard et "adaptateur" (hem, hem...) des récits, le film souffre du retour aux sources, et en même temps d'une mauvaise image due au look et à la carrière d'Arnold : le Conan des BD, de L.S. de Camp, et du film, ce n'est pas le Conan félin, rusé et souple des récits de Howard. Et le côté surmusclé et taciturne du jeu d'Arnold va ouvrir la voie à une caricature du personnage qui aura une riche descendance dans les années 80 dans de (trop ?...) nombreux films d'heroic-fantasy à la mode "Barbare".
Cependant, j'aimerais nuancer ces critiques, même si je comprends ce que Patrice Louinet lui reproche (et il justifie parfaitement ces reproches) car on oublie trop vite que dans le film, Conan n'est pas du tout un idiot tout en muscles et caricatural. Il apprend à lire. Il apprend également la tactique militaire auprès de grands généraux. Il reçoit les leçons des meilleurs maîtres d'armes. Sa force brute de gladiateur qui ne cherche au début qu'à survivre n'est rien sans ce qu'il va apprendre de Valéria, Subotai, et même Thulsa Doom. La magnifique scène de la découverte de son épée est filmée comme une (re)naissance, elle est à mettre en regard de la scène de forge du générique, et le triptyque se termine par l'épée de son père brisée lors du combat conte Rexor. Et chaque épreuve le grandit. En fait, c'est une mauvaise perception du film par des gens restant en surface qui a nuit à sa postérité.
La voix "off" nous plonge dès le début dans un récit légendaire, l'atmosphère épique, médiévale et fantastique est maîtrisée et permet une immersion immédiate, les acteurs sont crédibles, la musique souligne parfaitement l'action, et le petit garçon de neuf ans que j'étais s'est immédiatement identifié au Conan enfant du début du fim.
Quête exemplaire d'un personnage facilement identifiable et définissable mais en même temps plus riche que l'on pense généralement et évoluant dans un univers cohérent que dans le film, sans aucune difficulté, on soupçonne vaste (Howard ayant été le premier auteur de fantasy à créer un véritable "lore" autour de ses héros), "Conan le Barbare" est non seulement une oeuvre magistrale mais aussi le point de départ du retour en grâce, après "Star Wars" et "Le Seigneur des Anneaux" en dessin animé, de la culture heroic-fantasy-geek-JDR-pulp. Et rien que pour ça, ça valait le coup.[/i]