Le flic de Beverly Hills avec Eddie Murphy !

Les super flics au cinéma, on a bien connu ça dans les 80’s ! Des flics qu’on n’appelait pas encore “des experts”, et qui n’avaient pas encore tous ces outils scientifiques pour résoudre des enquêtes avec une micro-goutte de sang, une nano-trace d’adn, ou un minuscule poil de cul pour compromettre l’assassin. Non, dans les années 80, on agissait encore avec l’instinct, l’action, le bagout. Un mélange de force et de finesse. Le panache, quoi !

Pour symboliser ces super-flics qui nous amusaient autant qu’ils nous épataient, peu de films peuvent rivaliser avec Le Flic de Beverly Hills. Cette saga née en 1984 a bousculé pas mal de codes des films policiers, en y intégrant bien sûr de l’action, mais surtout une bonne dose de comédie. Cette dose de comédie fut insufflée par le jeune acteur devenu immense star : Eddie Murphy. Mais résumer le film à Eddie Murphy serait assez réducteur. Le Flic de Beverly Hills, c’est une osmose, un mélange, un tout.

En 1984, cela fait une demi-douzaine d’années que la Paramount réfléchit à un film à gros budget, l’histoire d’un flic du midwest parti résoudre des enquêtes dans les beaux quartiers de Los Angeles. Ce sont deux grosses pointures qui se collent au projet : Don Simpson et Jerry Bruckheimer. Ce duo de producteurs est au cinéma hollywoodien ce que Stock, Aitken et Waterman sont à la pop des années 80 : des cadors, des pondeurs de blockbusters, des grands manitous faiseurs de stars.

Le projet initial du “Flic de Beverly Hills” est très loin du résultat final. Le script prévoit à la base une ambiance plus “traditionnelle”, avec de l’action, des coups de latte et du pan-pan. C’est pas pour rien que les producteurs pensent tout d’abord à Mickey Rourke pour jouer le rôle d’Elly Axel, le premier nom du héros. La faute à un scénario sans cesse changeant et un timing raccourci, Rourke abandonne le projet, et la Paramount se dirige alors vers le plus célèbre Sylvestre mondial, j’ai nommé Mister Stallone.

Mais là encore, la mayonnaise ne prend pas. Stallone, en pleine réussite et récemment proclamé plus grosse valeur du box office (il vient de terminer Rocky 3, et prépare Rambo 2), prend trop de liberté avec le scénario et le transforme en pur film d’action dramatique. Devant les réticences de la production, il lâche à son tour l’affaire, garde ses idées pour faire “Cobra” et le film se retrouve sans acteur principal.

Après d’autres tentatives pour accrocher un acteur de renom (Pacino, Richard Pryor …), le regard des casteurs se tourne vers un jeune acteur plus que prometteur, ayant réalisé deux énormes cartons en 1982 et 1983, à la seule force de son bagout. Son nom, c’est Eddie Murphy. On l’a ainsi vu deux ans plus tôt dans “48 heures”, une comédie policière (déjà !) avec Nick Nolte, et dans “Un fauteuil pour deux” avec Dan Aykroyd. Eddie Murphy contraste sérieusement avec les autres acteurs pressentis avant lui. Tout d’abord, parce qu’il est noir, cela a son importance et rend crédible le personnage (un ancien jeune délinquant ayant vécu dans les rudes quartiers de Detroit, devenu flic). Ensuite parce qu’il est jeune, plein de fougue et d’audace. Et enfin par son jeu d’acteur, énormément basé sur les mimiques, le phrasé rapide, et les expressions malicieuses, plutôt que sur l’action pure.

Avec ces armes, Eddie Murphy va donner toute sa mesure au rôle. Il va sublimer le film, et faire du Flic de Beverly Hills une marque de fabrique de la comédie policière. Tiens, j’vais vous en raconter le début …

Axel Foley (Eddie Murphy) est un jeune policier de Detroit, avec une manière d’agir bien particulière. Il a des résultats, certes, mais il exaspère sa hiérarchie avec son insubordination, et surtout la casse occasionnée par ses méthodes. En gros, il est incapable de résoudre une enquête sans que cela coûte un bras à la Police, et à la Mairie. Et donc au contribuable 😉

Un soir, Mike, un de ses copains d’enfance vivant en Californie, lui rend une petite visite imprévue. Après une soirée arrosée, il se fait descendre sur le palier d’Axel par deux types qui ont tout l’air de lui en vouloir d’avoir piquer des soussous à son patron.

Foley, contre l’avis de son chef, prétexte de vouloir des congés, et décide d’aller illico à Beverly Hills, là où travaillait Mike, pour résoudre l’enquête et venger son pote. Arrivé sur place, il se fait trèèès vite remarquer par les autorités locales, et fait la connaissance d’un trio de policiers  locaux : le détective Billy Rosewood (Judge Reinhold), un jeune homme timide et réservé, le sergent Taggart (John Ashton), un quadra mûr et réfléchi, et leur chef, le lieutenant Bogomil (Ronnie Cox), un senior calme et procédurier.

Ce trio de flics, tout d’abord en total conflit avec Foley et ses méthodes, vont peu à peu se rallier à sa cause, et l’épauler dans son enquête officieuse. Une réelle complicité va se créer entre eux, Foley se permettant de sortir du droit chemin ces flics modèle qui suivent le règlement à la lettre. 

L’intrigue du film et le déroulement de l’investigation sont somme toute assez classiques. Sans trop en dire, le patron de Mike (celui qui s’est fait buter à Detroit) est un trafiquant cachant ses vilaines occupation derrière une boutique d’œuvre d’art. Et Foley et ses camarades auront fort à faire pour mettre cette canaille et ses sbires hors d’état de nuire.

Mais la force et la richesse du film tiennent dans les acteurs, la complémentarité entre ce petit flic venu d’une ville mal famée, et les 3 policiers locaux aux méthodes modernes et aux manières courtoises. Et bien entendu au bagout d’Axel Foley, magnifié par le jeu d’Eddie Murphy. Tout au long du film, on assiste à un déluge de bons mots, de situations cocasses magnifiquement ponctuées des interventions du jeune flic. Non seulement Murphy / Foley est un beau-parleur hors pair, prêt à baratiner quiconque pour arriver à ses fins, mais en plus, il est doté d’une répartie infaillible, capable de désarçonner n’importe quel interlocuteur.

Alors bien sûr, tout ceci est scénarisé, c’est écrit dans le script, et Eddie Murphy n’a fait “que” dire son texte. Oui, mais son jeu est tel qu’on a vraiment l’impression que c’est lui qui improvise toutes les âneries qu’il balance, et on ne passe pas 5 minutes sans se poiler un bon coup.

Sorti en décembre 1984, le carton fut immédiat, et propulsa immédiatement Eddie Murphy parmi les stars d’Hollywood. Plus gros carton de l’année au box office, “Le Flic de Beverly Hills” fit mieux que Ghostbusters, Gremlins, Indiana Jones et le Temple Maudit, Karate Kid, ou Police Academy. Rien que ça !!! Il permit à Eddie Murphy de crouler sous les propositions. Chose qu’il ne se priva pas d’honorer, on le retrouve ainsi dès 1986 dans “Golden Child, l’enfant du Tibet”, un autre succès où il s’illustre dans le même genre de rôle, spontané et déconneur..

Mais c’est en 1987 que LA sortie ciné que tout le monde attend nous parvient : Le Flic de Beverly Hills 2. Pour notre plus grand plaisir, Axel Foley reprend du service et quitte de nouveau Détroit pour rejoindre la banlieue huppée de la Cité des Anges. Cette fois-ci, c’est son ami le Lieutenant Bogomil qui s’est fait descendre par un gang de braqueurs, et qui se retrouve entre la vie et la mort. Foley se fait alors un devoir de pister les malfaiteurs, et par la même occasion de revenir mettre un peu le boxon chez les californiens 😉 Au programme, toujours de l’action, une belle enquête, et un Eddie Murphy au sommet de son art, avec une répartie et un bagout inégalable.

Comme pour toutes les suites, les critiques ont été variées. On reprochait notamment à ce second épisode d’être une copie carbone du premier opus, et de ne rien apporter de nouveau. Et pourtant, le succès fût une fois encore au rendez-vous. Pour ma part, je préfère encore plus le second volet. D’une part parce que le réalisateur n’est autre que le regretté Tony Scott (Top Gun, Jours de Tonnerre, USS Alabama …), qui a réalisé la plupart de mes films favoris (True Romance, le Dernier Samaritain, le Flic de Beverly Hills 2 …). Et surtout parce que le quatuor Foley/Rosewood/Taggart/Bogomil fonctionne comme jamais. Les 4 flics se retrouvent, et ne perdent pas de temps à faire connaissance ou à se chercher des affinités.

Rosewood, le flic réservé du premier film, est devenu un warrior complètement barré qui collectionne les armes et les animaux exotiques, Bogomil est devenu très ami avec Axel, et même Taggart se laisse aller dans les clubs de striptease 😉 . Bref, on a vraiment à faire à une dream team de la Police, et toujours ce savoureux mélange de vieilles méthodes venues des bas-quartiers, et des technologies propres et modernes de Beverly Hills. Avec en point d’orgue la sublime Brigitte Nielsen, grande et belle blonde que l’on a vu dans Rocky 4 l’année précédente (et qui est devenue entre temps Mme Stallone), qui joue le rôle de la cheftaine des braqueurs.

Même si on a tendance à préférer les premiers films plutôt que leur suite, je fais une exception, et quand je regarde Le Flic de Beverly Hills, je me visionne les deux l’un après l’autre, l’action et le rire vont crescendo, je me régale comme devant quasiment aucun autre film !

Ce dossier ne serait pas complet si je ne vous parlais pas du 3ème film … qui est un peu à oublier en fait. En 1994 en effet, Eddie Murphy revient pour un troisième volet des aventures du super flic, mais bon … Rien à voir avec les deux autres, ou si peu. Déjà, la fameuse équipe n’est pas reconstituée. Seul Judge Reinhold / Billy Rosewood est là, Taggart et Bogomil sont partis à la retraite. Vraiment dommage, d’autant plus que John Ashton et Ronnie Cox auraient pu figurer dans ce troisième épisode. Ils n’étaient pas disponibles lors du tournage, ce qui est plus que rageant. Ensuite, l’humour est bien moins présent, Axel Foley a perdu une partie de sa superbe, et tout ce qui faisait le charme des deux premiers films, eh ben on a du mal à le retrouver.

Car entre temps, à la fin des années 80, il faut reconnaître qu’Eddie Murphy avait chopé un melon assez surdimensionné. Il se prenait au sérieux comme pas possible, et ses rôles au cinéma s’en ressentaient. Et en 1994, il est en pleine reconquête du public, et choisit de ne pas prendre trop de risques en surjouant le flic de Détroit. Dommage, c’est comme ça qu’on l’aimait …

Ce troisième épisode est donc à voir si vous voulez connaître la trilogie complète, mais ne vous attendez pas à autre chose qu’une comédie divertissante bien plus lisse que les deux précédentes.

Et c’est pas fini … On parle de temps en temps d’une arlésienne : le Flic de Beverly Hills 4 est en projet depuis plusieurs années maintenant. Il devait sortir en 2014, puis en 2016, puis plus tard … A vrai dire, ça m’en touche une sans réveiller l’autre, je ne m’attends pas à grand chose. Ils peuvent bien nous faire 4, 5 ou 6 autres films, je ne vois pas comment on pourrait arriver à faire un Flic de Beverly Hills aussi inoubliable que les deux premiers, après tant de temps. Reste à voir … si le projet aboutit bien entendu.

Je préfère pour terminer parler d’un autre élément incontournable de cette sage : la bande originale. La musique est en effet très présente dans les films, et fait la part belle aux artistes en vogue de l’époque. Mais la pièce maîtresse de la BO est la musique: Axel F., composée par Harold Faltermeyer. Véritable petit bijou de synthétiseur, ce morceau est la signature de la saga, un morceau immédiatement reconnaissable et associé à Axel Foley et ses camarades. Malheureusement, ce beau morceau fut pillé par la mode dance des années 2000, et récupéré pour mettre en scène une stupide grenouille. J’abomine, j’exècre et je conchie ces misérables pseudo-musiciens sans créativité qui se permettent de s’approprier une musique appartenant à la culture, à NOTRE culture, et la massacrer pour faire le buzz, comme ils disent maintenant.

Car pour une frange ignare de la population, cette musique sera celle de Crazy Frog et non celle du Flic de Beverly Hills, ça me révulse, et je me demande comment on peut laisser faire de telles choses. Mais passons … Le reste de la bande originale est un mélange du son 80’s, avec du bon rock californien avec Glen Frey ou Bob Seger, du disco-funk avec Shalamar, de la soul avec Patty LaBelle ou James Ingram et du rythm n blues avec les Pointer Sisters. Bref, du tout bon, pour peu qu’on aime cette musique et ces sons éclectiques.

On va se quitter avec le clip de “Axel F.”, par Harold Faltermeyer, qui fait également office de très belle bande annonce. Profitez bien de cet excellent moment musical purement 80’s, et régalez-vous avec cette saga intemporelle. Les aventures d’Axel Foley sont disponibles en DVD, à l’unité ou en coffret, et bien sûr sont très souvent diffusées sur nos antennes.

 

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