“Dallas… ton univers impitoyableheuuuu”. qui n’a pas en mémoire ces paroles inoubliables d’un générique Français aux sonorités disco qui a bercé nos samedis soirs au début des années 80 ?
Enfin personnellement, je me souviens surtout de Dallas lors des rediffusions en après-midi, car à l’époque, dans une famille toute empreinte du “rêve Mitterandien”, on ne regardait pas ces “choses-là” chez moi. La corruption, le capitalisme, les coucheries, cela n’entrait pas dans mon éducation.
A l’époque du socialisme “triomphant”, la diffusion en prime-time le samedi soir sur TF1 n’était en effet pas le moindre des paradoxes surtout quand on pense que la série était diffusée juste avant « Droit de Réponse » de Michel Polac, émission contestataire s’il en est.
Cela dit, dans Dallas, argent, pétrole, luxe et trahisons étaient le lot des personnages et leurs histoires donnaient en creux l’impression aux français que décidément, le capitalisme c’était affreux !
C’est donc chez ma grand-mère (les mamies sont toujours plus cool !) que j’ai vu Dallas la première fois et que très vite je suis devenu accroc au point d’acheter les romans parus à l’époque (et traduits avec les pieds soit dit en passant). Et ça me changeait de la bibliothèque rose et verte : le rêve américain du cow-boy texan, les belles plantes (ah l’adolescence !), les coups tordus…
On se souvient tous de l’ignoble JR et son rictus de satisfaction à chaque coup bas, du gentil Bobby, son frère qui se bat sans fin contre lui, de la belle Pam, sa femme issue du clan opposé ou encore de l’alcoolique Sue Ellen qu’on aimait prendre en pitié.
Lancée sur CBS en 1978 sous forme de mini-série, Dallas allait bien vite devenir un incontournable partout dans le monde, aux USA mais aussi en France et même dans les pays de l’Est. Comparé à Roméo et Juliette, pour la romance impossible de Pam et Bobby, la série a fait parler d’elle pendant onze ans, tout au long de 357 épisodes.
Phénomène de société en France, faisant des dizaines de couvertures et l’objet d’un remake comique (inoubliable “Brie comte Robert” par la bande à Collaro), elle fut même très sérieusement étudiée, notamment en France. Une série suivie avec attention tout à la fois par la ménagère de moins de 50 ans comme par, dit-on, le président Mitterrand qui y puisa peut-être quelque inspiration…
Patrie du Dollar du pétroooleuh…
Dallas c’était bien sûr JR Ewing, alias Larry Hagmann, qui sortait d’un rôle récurrent de militaire auprès d’une fée déjanté (Jinny de mes rêves) et trouva là le rôle de sa vie. Chapeau texan bien vissé sur la tête et bottes de cow-boy, l’aîné de la fratrie Ewing est un dur en affaires comme en amour.
Pour lui seul le résultat compte et peu importe qu’il trompe sa femme, reine de beauté, Sue Ellen (Linda Gray) qui, délaissée, sombrera vite dans l’alcool et les relations d’un soir.
Tout l’opposé de Bobby, son petit frère, au faux air de JFK, qui a des principes (assez souples parfois) et essaye de garder la famille unie, joué par Patrick Duffy, à peine sorti de l’océan (l’Homme de l’Atlantide).
Pamela (Victoria Principal), sa toute jeune femme venue de la famille Barnes, ancestralement opposée à celle des Ewings ou encore Cliff Barnes (Ken Kercheval), qui a la vengeance chevillée au corps, complètent un tableau de personnages riches en intrigues et en suspens.
Parmi ce “bestiaire”, il ne faut pas oublier Jock le patriarche, qui a tout appris à JR et ne s’en laisse pas compter, Miss Ellie, qui essaye avec son bon cœur de recoller les morceaux ou encore Ray, le demi-frère “bâtard” et “rustique”, qui n’hésite pas à coucher avec sa nièce, l’effrontée enfant gâtée Lucy. Lucy, elle même fille de Gary, frère Ewing (donné comme le mouton noir de la famille Ewing) et Val, héros de Côte Ouest, série dérivée de Dallas. Vous arrivez à me suivre ? Ouf ! Une vraie famille tuyau de poêle !
Et Dallas inventa les cliffhangers
Vous allez me dire Dallas n’a rien inventé, des histoire de familles qui se déchirent pour le pouvoir et l’argent ça sent le déjà vu. Oui, mais Dallas, ce n’est pas « Les Feux de l’amour ou « Santa Barbara » ! Des épisodes, tournés le plus souvent en extérieur, des histoires bien écrites (du moins dans le premières saisons) et plutôt bien jouées permettent d’accrocher instantanément.
Et puis Dallas a vraiment révolutionné la télévision en réinventant les cliffhangers, un procédé de cinéma des années 30 utilisé dans les pulps, ces films à petit budget diffusés par épisode dans les cinéma de série B.
Le suspens à chaque fin d’épisode pour tenir en haleine, bien avant 24h chrono, c’est Dallas qui l’a codifié pour la télé. Le fameux cliffhanger de “Qui a tiré sur JR ?” en est le meilleur exemple, récoltant des audiences monstrueuses (90 millions aux USA). Seul « Dynastie », la série pétrolière concurrente fera encore plus fort dans la démesure n’hésitant pas à zigouiller toute une partie du casting dans une fusillade digne de celle de Wacco.
Le revolver est ton idooholeu !
Dallas c’était donc des histoires souvent bien ficelées, des intrigues haletantes qui faisait qu’on avait plaisir à voir JR mentir et enfoncer son frère ou ses adversaires à base de chantage ou de trahisons. C’était aussi une vision de l’Amérique triomphante, celle de Reagan, celle des cow-boys intemporels. Puis il y eu le fameux rêve de Pam et tout ou presque s’écroula.
Après avoir tué Bobby, l’acteur voulant passer à autre chose, les audiences déclinèrent et il fallut le rappeler pour sauver la série. Oui mais comment faire revenir un personnage pourtant mort un an plus tôt ? Les scénaristes inventèrent donc l’argument du rêve de sa femme pour le faire revenir. Un rêve de 24 épisodes. Plus c’est gros plus ça passe ! Ce fut le début d’une longue agonie pour la série qui ne retrouva plus jamais son “mojo” ni ses audiences des débuts.
Des épisodes passés en catimini sur La 5 Berlusconienne qui sonnèrent peu à peu la déliquescence de Dallas en France également. Il faudra en effet attendre près de dix ans pour une diffusion complète en France, avec notamment des épisodes tournés à Paris ou à Moscou puis deux téléfilms réunions bien fades à à la fin des années 90.
Les années 80, époque du fric facile et du libéralisme débridé étaient passées de mode et Dallas avec elles. Le rideau de fer était tombé et l’heure n’était plus à ces histoires sans fin car on avait besoin de rire, de se changer les idées avec des sitcoms ou des jeux.
Le come-back réussi de Dallas
C’est donc avec une certaine appréhension que j’ai suivi il y a de cela deux ans l’annonce du retour à l’écran de ma série préférée. Rapidement oublié le projet film sur Dallas avec John Travolta dans le rôle de Bobby, c’est avec les “historiques” qu’une chaine américaine annonçait le retour de la série phare des années 80 !
Réunis lors du festival country de Mirande dans le Sud-Ouest, en juillet 2007, les acteurs originaux ont du se dire qu’après tout, “pourquoi laisser ça à des étrangers quand on peut le faire nous-mêmes ?”. Et c’est en mars 2011, dans Champs-Elysées, tout un symbole, que coiffé de son Stetson, Larry Hagmann, 81 ans aux prunes, est venu confirmer l’info.
En juin dernier, c’est avec une pensée émue pour ma mamie, que j’ai assisté au retour de Dallas sur la chaine du câble américain (TNT). Tel un phénix, 20 ans ou presque avaient passés, mais la famille Ewing n’était pas rassasiée. Un retour et non un reboot où l’on repart de zéro. Une vraie suite tout à fait réussie, mixant ancienne et nouvelle génération, clin d’oeil aux histoires passées et sujets d’actualité (gaz de schiste, préoccupation écologique)…
Un succès car les 10 épisodes estivaux ont fonctionné à merveille entraînant une deuxième saison qui devrait démarrer fin janvier 2013… Malheureusement Larry Haghman nous a quitté entre temps… Comme quoi, quelle que soit l’époque, les complots familiaux et la lutte pour le pouvoir et l’argent restent au cœur de nos préoccupations de téléspectateurs. Finalement, Dallas comme nos chères années 80, est éternel !
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