Connu aussi sous le titre passe-partout "Objectif Nucléaire", ce film s'inspire de faits réels, à savoir les tests de résistance au stress réalisés sur des soldats américains placés à proximité d'un site d'essai nucléaire dans le désert du Nevada en 1956.
Emilio Estevez y incarne le tout jeune neurologue Alexander Brown, chargé du suivi de ces expériences. En parallèle à son histoire, Martin Sheen (qui est le père d'Emilio Estevez dans la vraie vie) incarne le même personnage dans le temps présent. Rapidement, on se rend compte que quelque chose mine l'Alexander Brown d'aujourd'hui, un secret qu'il a juré de ne jamais révéler mais qui pourtant, aujourd'hui encore, l'empêche de passer des nuits sereines. De quoi s'agit-il?
Ce film est doté d'un scénario passionnant, qui nous replonge dans cette période où les grandes puissances de ce monde étaient en pleine effervescence nucléaire. On approche au plus près cette grande fièvre des essais atomiques, comment cela se passait, qui pouvait y assister. On assiste à des scènes qui nous semblent aujourd'hui incroyables (le public qui applaudit à chaque explosion) et l'on reste surtout médusé face à la façon dont les soldats liés aux expériences étaient traités à l'époque, véritables cobayes dont l'Etat-Major n'hésitait pas à mettre la vie même en jeu sous prétexte d'enjeux nationaux et de science. Cette scène, terrible, où l'on fait tranquillement avancer toute une troupe vers un gigantesque champignon nucléaire. Cette autre, où on les piège littéralement en les laissant au plus près possible du lieu de l'explosion sans aucun moyen de protection. Beaucoup d'images d'archive d'époque, renforçant le côté réel de l'histoire, sont utilisées dans le film, terrifiantes (comme ce bus scolaire rempli de mannequins d'enfants et qui est littéralement soufflé par l'explosion comme s'il ne s'agissait que d'un jouet), parfois même à la limite du soutenable (comme ces images d'expérimentations sur des cochons).
Martin Sheen et Emilio Estevez sont parfaits dans ce rôle de neurologue pris au piège entre sa conscience et son devoir de réserve. Dans le rôle de sa petite amie période années 50 on retrouve avec plaisir Lea Thompson, la mère de Marty McFly dans Retour vers le futur. Et les fans de Twin Peaks seront heureux de retrouver James Marshall un an avant qu'il n'incarne James Hurley dans la série mythique de David Lynch.
Doté de moyens suffisants pour éviter un côté cheap qui aurait fortement nuit au discours, ce néanmoins petit film est pourvu d'une mise en scène classique mais efficace et sait bien reconstituer l'Amérique des années 50. Quant aux séquences années 80, quel plaisir de retrouver un bon vieux Las Vegas old school, celui que l'on voyait dans nos séries d'antan, et qu'il est marrant de comparer au Las Vegas d'aujourd'hui. Les choses vont parfois très vite en 30 ans...
En conclusion, je dirais que ce film est d'abord destiné aux passionnés d'histoire mais, malgré des scènes parfois dures, il peut être regardé par tous, surtout grâce à un casting très sympathique et à une histoire prenante.
