Je suis une grande fan (même si je n'aime pas trop le mot, disons que c'est clairement une de mes oeuvres préférées) de
Mafalda et de l'univers de Quino en général. Pour moi, la série égale une autre série qui est
Peanuts.
Mafalda, je l'ai découverte assez tôt, à la bibliothèque et si je ne comprenais pas toutes les petites subtilités (au niveau de la politique, notamment), j'adorais. J'aime bien aussi l'idée d'être prise à témoin. Et je trouve paradoxalement que, même si le contexte est arrêté aux années 60/70, tout cela reste intemporel et l'humour de Quino, à la fois acerbe et pétri d'humanité, totalement indispensable.
J'aime l'ambiance - les rues argentines ne me semblaient jamais différentes des rues françaises, à ce niveau, je ne pouvais pas dire, petite, que ça se passait en Argentine et pas dans la rue d'à côté, d'où l'universalité de la BD - et le point de vue "enfantin" qui finalement, dit les choses les plus simplement du monde, avec une maturité (quand on replace les mots dans la bouche des enfants) déconcertante.
C'est fin, d'une drôlerie inouïe, franchement bien écrit, parfaitement compréhensible par les enfants, autant valable pour ces derniers que pour les adultes, ce qui est pour moi signe de réussite (je déteste quand on me dit : "
les héros sont des enfants donc c'est pour les enfants. Les héros sont des trentenaires donc pour les trentenaires, etc.". Je me dis que quand quelque chose est bon, vraiment bon, c'est lisible par tous, sans rentrer dans des cases.
Tous les gamins sont adorables et faussement caricaturaux, mais j'ai une petite préférence pour Guile et Miguelito. Je trouve Miguelito très curieux comme personnage, et ce n'est que récemment que j'ai pu dire que c'était un de mes préférés... j'aime bien sa naïveté qui confine souvent à la crédulité (et autant la naïveté me touche, autant la crédulité peut être dangereuse). Par exemple, tous ses discours sur Mussolini, on voit clairement que les grands-parents du petit sont fascites et qu'il se contente de répéter ce qu'il entend sans réellement réfléchir à tout ça... il y a une noirceur derrière tout ça que je trouve passionnante. J'aime bien son petit côté rebelle et lunaire (qu'il partage avec Felipe, mais sans la culpabilité de ce dernier concernant la rêverie) qui ne réussit jamais vraiment à se rebeller, tellement il a conscience de n'être qu'un enfant (et à cause de sa mère, aussi).
J'aime bien Guile qui est adorable et tient un peu de sa soeur. Il y a un passage qui me fait toujours rire, c'est quand il regarde par la fenêtre et voit que les nuages arrivent, qu'il va bientôt pleuvoir... et il demande à son père de ramener le soleil et son père qui l'a pris dans ses bras lui répond qu'il ne peut pas faire ce genre de choses. Et Guile, l'air franchement déçu voire triste (les mimiques sont irrésistibles) : "
tu peux pas ?", et le père le confirme à contre-coeur et Guile, la main sur le visage de son père comme s'il voulait l'éloigner de lui, de dire : "
s'il te plait monsieur, repose-moi par terre". C'est génial et dramatique, cette première fois où l'enfant se rend compte que le parent ne peut pas
tout faire !
Un peu comme dans
Peanuts, justement, j'aime bien ces enfants que l'on traite comme des enfants mais qui sont aussi le reflet de ce que nous sommes. Felipe et ses rêveries et son angoisse face à la vie, Susanita qui tombe souvent dans la théâtralité, Manolito qui a beau adorer l'argent et qui a un gros manque d'affection, la maman de Mafalda dont le visage est encore enfantin... c'est aussi l'idée que les enfants ont cette sagesse qui se perd au fil des années, idée qu'avait reprise Gabriel Garcia Marquez en disant qu'ils perdaient tout une fois qu'ils allaient à l'école.
C'est vraiment une série - je me répète - indispensable. Et je pèse mes mots !
Quant aux dessins animés, il me semble qu'il y a eu deux adaptations mais je ne me souviens que de celle qui était totalement muette... je n'ai pas mes écouteurs que l'on m'a lâchement empruntés et pas rendus alors je ne sais pas quelle version tu as postée mais ils ont l'air de parler mais même... mes souvenirs sont incroyablement flous.