par Highlander » 22 oct. 2018, 11:36
Bonjour les gourmands,
Je relaie ci-dessous un article de David Gossart pour le Messager, un journal haut-savoyard, qui traite de l'histoire mystérieuse des biscuits Chamonix :
"L'insoluble mystère du Chamonix Orange...
Le Messager votre hebdomadaire d'informations de haute-savoie chablais faucigny genevois au quotidien, - Mais pourquoi les antiques Chamonix Orange s'appellent-ils Chamonix ? Périlleux dédale d'histoires dont le fil, une fois tiré, mène à Maisons-Alfort, en Algérie, chez un ingénieur-chimiste octogénaire pour finir en impasse chez l'Alsacienne, à mille lieux d'un village de Chamonix qui ne s'était jamais, jusqu'à il y a quelques jours, soucié de déposer son prestigieux nom.
Mais pourquoi les antiques Chamonix Orange s'appellent-ils Chamonix ? Périlleux dédale d'histoires dont le fil, une fois tiré, mène à Maisons-Alfort, en Algérie, chez un ingénieur-chimiste octogénaire pour finir en impasse chez l'Alsacienne, à mille lieux d'un village de Chamonix qui ne s'était jamais, jusqu'à il y a quelques jours, soucié de déposer son prestigieux nom.
Pourtant, les paquets de Chamonix Orange arborent le discret dessin du sommet du Mont-Blanc. Le paquet prend aussi la peine de mentionner que son contenu n'est pas fabriqué à Chamonix mais en... Pologne. Délicate attention, au cas où. Mais dans les archives de la ville, nulle trace de convention avec l'entreprise. Côté Kraft Foods, l'histoire de la marque a été tellement diluée dans les rachats successifs qu'aucune mémoire n'en subsiste. Pensez-donc : la biscuiterie du Parisien Georges Chauvreau créée en 1904 est devenue l'Alsacienne avec les frères Thèves, puis Lu-Brun en 1968, Céraliment Lu Brun en 74, avant de passer dans les mains de Belges de la Général Biscuit puis de BSN en 1987, avant que Lu ne fusionne avec Belin en 1994, et que Kraft Foods ne rachète la branche biscuits de Danone en 2007. Le Chamonix Orange, lui, est toujours là. Il a juste perdu l'appellation "Orange" à une date indéterminée. Et gagné au fil des décennies le statut de "Madeleine de Proust". Il a même un groupe Facebook...
Quant à savoir pourquoi le nom Chamonix... Ne subsistent aujourd'hui que des hypothèses. « Peut-être un dirigeant est-il venu ici en vacances ? », avance le conseiller municipal Marc Peters. Après tout, les vignobles Chamonix sud-africains ont bien été baptisés de cette manière. « Ou alors c'était aussi la période des crèmes Mont-Blanc ? » Au musée de Maisons-Alfort, mémoire de l'identité biscuitière de la ville de l'Alsacienne, la moue est aussi de mise. « Peut-être parce qu'il y avait un glaçage dessus ? » - « Ça va rester un mythe, il y a des chances... », reconnaît-on chez ClioMedia, éditeur d'un ouvrage entier sur l'histoire de l'Alsacienne, témoignages d'anciens ouvriers à l'appui. Même la date de création du biscuit prête à confusion : avant 1939 pour ClioMedia, « en même temps que les boudoirs, les langues de chats, les crêpes de l'Alsacienne ».
Légère erreur selon Felix Depledt, 89 ans, ingénieur-chimiste à la création de produits chez l'Alsacienne pendant des décennies, à partir de l'après-guerre. « C'est à cette période-là, après-guerre, que nos gammes se sont diversifiées. » Soit. Et pour le nom, Félix ? « Parce qu'on le glaçait, qu'il était ovale et bombé, un peu comme une montagne ? Parce qu'il y a eu à Chamonix les JO d'hiver et que le ski était à la mode ? Je ne sais pas avec certitude. »
Déception. Impasse. Pourtant, qui de mieux placé que cet ingénieur habitant aujourd'hui dans l'immeuble-même qui a remplacé son usine ? « Mon appartement est là où se trouvait mon laboratoire ! » À l'époque, l'Alsacienne recevait la pulpe d'orange d'Algérie par conserves de 5 kg. « L'atelier avait dû créer un "ouvre-boîte" spécialement adapté... » Le fourrage de la confiture sera manuel jusque dans les années cinquante. La concurrence est féroce : trois biscuitiers se partagent le territoire de Maisons-Alfort. L'Alsacienne, les biscuits Brun pâte la Lune, et Gondolo. Chacun à un bout de la ville, comme un duel de western. Pas spaghetti. Un western Chamonix. D'ailleurs, « notre concurrent Gondolo avait appelé un biscuit "Le Megève" pour nous concurrencer ! » Au moins, on connaît l'explication du nom de baptême de celui-là...
Le Messager (12/05/2011)."
Il y a peut-être ici des spécialistes qui connaissent le fin mot de l'histoire ?
Bonjour les gourmands,
Je relaie ci-dessous un article de David Gossart pour le Messager, un journal haut-savoyard, qui traite de l'histoire mystérieuse des biscuits Chamonix :
"[i]L'insoluble mystère du Chamonix Orange...
Le Messager votre hebdomadaire d'informations de haute-savoie chablais faucigny genevois au quotidien, - Mais pourquoi les antiques Chamonix Orange s'appellent-ils Chamonix ? Périlleux dédale d'histoires dont le fil, une fois tiré, mène à Maisons-Alfort, en Algérie, chez un ingénieur-chimiste octogénaire pour finir en impasse chez l'Alsacienne, à mille lieux d'un village de Chamonix qui ne s'était jamais, jusqu'à il y a quelques jours, soucié de déposer son prestigieux nom.
Mais pourquoi les antiques Chamonix Orange s'appellent-ils Chamonix ? Périlleux dédale d'histoires dont le fil, une fois tiré, mène à Maisons-Alfort, en Algérie, chez un ingénieur-chimiste octogénaire pour finir en impasse chez l'Alsacienne, à mille lieux d'un village de Chamonix qui ne s'était jamais, jusqu'à il y a quelques jours, soucié de déposer son prestigieux nom.
Pourtant, les paquets de Chamonix Orange arborent le discret dessin du sommet du Mont-Blanc. Le paquet prend aussi la peine de mentionner que son contenu n'est pas fabriqué à Chamonix mais en... Pologne. Délicate attention, au cas où. Mais dans les archives de la ville, nulle trace de convention avec l'entreprise. Côté Kraft Foods, l'histoire de la marque a été tellement diluée dans les rachats successifs qu'aucune mémoire n'en subsiste. Pensez-donc : la biscuiterie du Parisien Georges Chauvreau créée en 1904 est devenue l'Alsacienne avec les frères Thèves, puis Lu-Brun en 1968, Céraliment Lu Brun en 74, avant de passer dans les mains de Belges de la Général Biscuit puis de BSN en 1987, avant que Lu ne fusionne avec Belin en 1994, et que Kraft Foods ne rachète la branche biscuits de Danone en 2007. Le Chamonix Orange, lui, est toujours là. Il a juste perdu l'appellation "Orange" à une date indéterminée. Et gagné au fil des décennies le statut de "Madeleine de Proust". Il a même un groupe Facebook...
Quant à savoir pourquoi le nom Chamonix... Ne subsistent aujourd'hui que des hypothèses. « Peut-être un dirigeant est-il venu ici en vacances ? », avance le conseiller municipal Marc Peters. Après tout, les vignobles Chamonix sud-africains ont bien été baptisés de cette manière. « Ou alors c'était aussi la période des crèmes Mont-Blanc ? » Au musée de Maisons-Alfort, mémoire de l'identité biscuitière de la ville de l'Alsacienne, la moue est aussi de mise. « Peut-être parce qu'il y avait un glaçage dessus ? » - « Ça va rester un mythe, il y a des chances... », reconnaît-on chez ClioMedia, éditeur d'un ouvrage entier sur l'histoire de l'Alsacienne, témoignages d'anciens ouvriers à l'appui. Même la date de création du biscuit prête à confusion : avant 1939 pour ClioMedia, « en même temps que les boudoirs, les langues de chats, les crêpes de l'Alsacienne ».
Légère erreur selon Felix Depledt, 89 ans, ingénieur-chimiste à la création de produits chez l'Alsacienne pendant des décennies, à partir de l'après-guerre. « C'est à cette période-là, après-guerre, que nos gammes se sont diversifiées. » Soit. Et pour le nom, Félix ? « Parce qu'on le glaçait, qu'il était ovale et bombé, un peu comme une montagne ? Parce qu'il y a eu à Chamonix les JO d'hiver et que le ski était à la mode ? Je ne sais pas avec certitude. »
Déception. Impasse. Pourtant, qui de mieux placé que cet ingénieur habitant aujourd'hui dans l'immeuble-même qui a remplacé son usine ? « Mon appartement est là où se trouvait mon laboratoire ! » À l'époque, l'Alsacienne recevait la pulpe d'orange d'Algérie par conserves de 5 kg. « L'atelier avait dû créer un "ouvre-boîte" spécialement adapté... » Le fourrage de la confiture sera manuel jusque dans les années cinquante. La concurrence est féroce : trois biscuitiers se partagent le territoire de Maisons-Alfort. L'Alsacienne, les biscuits Brun pâte la Lune, et Gondolo. Chacun à un bout de la ville, comme un duel de western. Pas spaghetti. Un western Chamonix. D'ailleurs, « notre concurrent Gondolo avait appelé un biscuit "Le Megève" pour nous concurrencer ! » Au moins, on connaît l'explication du nom de baptême de celui-là...[/i]
Le Messager (12/05/2011)."
Il y a peut-être ici des spécialistes qui connaissent le fin mot de l'histoire ?